La sacralisation à l’œuvre dans l’expérience littéraire
Cet ouvrage interroge la notion de sacralisation comme modèle d’action ou force performative de la pensée. La précipitation propre aux temps modernes défie toute possibilité de prévisibilité, esquive le passé, bouleverse l'avenir. Car la modernité vénère moins le sens du passé vécu et l’expérience des générations antérieures qu’elle ne célèbre l’affirmation du temps utile et la progression par le changement et la nouveauté coupés du passé. En restreignant le champ d’investigation sur un corpus emprunté à la littérature contemporaine (XIXe et XXe siècles) francophone ou de langue étrangère, les articles de ce volume interrogent la sacralisation du littéraire opérée par le sujet lecteur. En quoi cette sacralisation ressemble et diffère de sa consœur religieuse ? Quels sont les gestes qui la constituent ? D’où émane l’impression de sacralité inhérente aux expériences esthétiques – la lecture littéraire, en l’occurrence ? L’articulation entre sacralité et rythme temporel dans l’expérience littéraire oriente non seulement l’examen du rôle du sacré comme usage toujours distancié et vénéré de l’objet à examiner, mais également, comme expérience auratique pouvant mener vers une certaine forme de résistance ou de contre-conduite. Il s’avère, finalement, qu’aborder la sacralité, en relation avec le bouleversement de l’expérience du temps inhérente à la modernité et les fractures de notre univers postmoderne, suppose la relecture de la sacralité du littéraire à travers un prisme interdisciplinaire. Il s’agit donc pour l’ensemble des auteurs de ce volume, à partir de corpus et de points de vue théoriques divers, de voir comment la (dé)sacralisation est à l’œuvre et fait œuvre dans la littérature.


