Vient de paraître :
Linguistique du signifiant - Diachronie et synchronie de l'espagnol, Gabrielle Le Tallec-Lloret, Limoges, Lambert-Lucas, 2017.
Les dix articles réunis dans ce volume couvrent dix années d'un cheminement scientifique qui s'inscrit à la fois dans la linguistique historique (du latin parlé aux langues romanes) et dans une réflexion sur la nature du signe. A partir des textes de l'ancien castillan (XIe-XIIe siècles) jusqu'à la fin du Moyen Age (fin XVe -début XVIe), l'auteure retrace l'architecture d'une langue dans son premier état puis, siècle après siècle et comparativement avec la langue française, décrit les bouleversements qui ont conduit à l'espagnol pré-classique. Les conséquences de la déflexivité avec l'apparition de l'accusatif prépositionnel, la réorganisation des pronoms relatifs, démonstratifs et adverbes déictiques ainsi que, dans le domaine verbal, l'auxiliarisation et le "non-respect" de la prétendue "concordance des temps", accompagnent un changement majeur dans la représentation de l'espace et du temps, se traduisant par un recentrage sur la figure du locuteur, à l'aube de la Renaissance.
Adhérant à ce qu'on appelle aujourd'hui la "linguistique du signifiant", courant de pensée mettant en relation de nombreux linguistes travaillant sur la motivation du signe, l'auteure a fait connaissance de la théorie des cognèmes de Didier Bottineau. L'approche cognitiviste et la priorité accordée à l'interlocution l'ont amenée à rompre avec une conception du signe héritée du structuralisme guillaumien et de son référent extralinguistique. Du doctorat à l'HDR, son chemin va d'une "linguistique du signe" à une "linguistique du signifiant".
C'est donc l'évolution, autant que l'approfondissement d'une pensée, prise entre la période post-doctorale et la préparation de l'habilitation à diriger des recherches, qui est relatée dans la postface, et encourage les jeunes à s'engager et à croire dans la recherche.