André Fernandez (1956-2024)
Les membres du groupe de recherches Culture et histoire dans l’espace roman (CHER UR 4376, Université de Strasbourg) ont la tristesse de vous communiquer la nouvelle du décès de notre collègue André Fernandez survenu le 12 avril 2024. Né à Strasbourg en 1956, fils d’un exilé républicain espagnol établi en Alsace, notre collègue a consacré sa vie à l’enseignement de la langue et de la culture espagnoles. Professeur certifié, puis agrégé d’espagnol, il a d’abord exercé sa profession, de 1984 à 1999, au lycée de Sarrebourg. Après avoir soutenu en 1998 une thèse de doctorat intitulée Inquisition et répression sexuelle dans la couronne d'Aragon (1560-1700), sous la direction du professeur Raphaël Carrasco, il a été nommé maître de conférences en civilisation espagnole au département LEA de l’Université de Strasbourg, où il a enseigné jusqu’en 2016. André Fernandez était membre du groupe de recherches Culture et histoire dans l’espace roman (CHER) depuis la création de ce laboratoire. Il a également assuré les fonctions de vice-doyen de l'U.F.R. Langues et Sciences Humaines Appliquées de l’université.
Notre retiendrons l’image d’un enseignant passionné et enthousiaste, dont les cours étaient très appréciés de ses étudiants, mais aussi d’un collègue doté d’un grand professionnalisme, de grandes qualités humaines et d’un grand sens de l’humour. André s’est éteint après avoir affronté avec beaucoup de courage une longue maladie.
Notre collègue Daniel Vives est décédé le 22 mars 2024. Daniel Vives, après une carrière dans l’enseignement secondaire, avait soutenu sa thèse d'État en 1998 sous la direction du professeur Claude Fell et avait été nommé Professeur des universités à l’université de Rouen. Il y était membre de l’Équipe de Recherche Interdisciplinaire sur les Aires Culturelles (ERIAC) et avait obtenu l’éméritat en 2011.
Daniel Vives était resté très lié au Centre de Recherches Interuniversitaire sur les Champs Culturels en Amérique Latine (CRICCAL) de l’université de la Sorbonne-Nouvelle, depuis sa fondation. Il a beaucoup publié dans sa revue América-Cahiers du CRICCAL, en particulier, mais pas exclusivement, sur la poésie hispano-américaine, qui était son domaine de recherche de prédilection.
La thèse de Daniel Vives intitulée « Poésie et antipoésie conversationnelles en Amérique hispanique au XXe siècle » constitue une contribution majeure à l’étude de la poésie hispano-américaine. Daniel Vives avait su prouver que les racines de la poésie conversationnelle hispano-américaine remontaient à Rubén Darío. Daniel était un fin connaisseur autant du modernisme (son cours du CNED pour la question d’agrégation qui avait été consacrée au modernisme en 1994 est un modèle de clarté et d’érudition) que du post-modernisme, des avant-gardes et des courants postérieurs.
Toutes les personnes qui ont eu le privilège de le rencontrer se souviendront bien entendu de l’ampleur de ses connaissances, plus encore celles et ceux qui ont eu la chance de travailler avec lui : son enthousiasme pour la poésie était communicatif et ses références d’une aide plus que précieuse. Surtout, Daniel était quelqu’un de profondément humble et humain, toujours à l’écoute de l’autre et prêt au partage. Notre pensée va à sa famille, en particulier à sa femme et ses enfants.
Guy Mercadier a été plus qu’un chercheur : un découvreur.
Après sa thèse : Torres Villarroel. Masques et miroirs, publiée par l’Atelier de reproduction des thèses de Lille en 1976, rééditée en 1981 par les Editions Hispaniques (Université de la Sorbonne) en 1981 et traduite en espagnol en 2009 (Torres Villarroel. Máscaras y espejos, ed. Edifsa), il mit fin à la légende tenace selon laquelle les Espagnols auraient eu une véritable aversion pour l’autobiographie en organisant à la Baume-lès-Aix, dans le cadre du Centre Aixois de Recherches Hispaniques, deux colloques internationaux qui firent date : le premier en 1979 et le second en 1982, dont les actes furent publiés par les Presses de l’Université de Provence sous les titres de L’autobiographie dans le monde hispanique (1979) et L’autobiographie en Espagne (1986).
Il se signala également par sa capacité à découvrir des textes inédits en publiant en 1969, au Centre de Recherches Hispaniques de la Sorbonne, La Barca de Aqueronte de Torres Villarroel, et surtout, en 1970, aux éditions Ibérie-Recherche de l’Université de Toulouse-Le Mirail, la Defensa de la Nación española contra la Carta persiana LXXVIII de Montesquieu, texte indispensable pour saisir ce que fut la Ilustración.
Outre ces travaux fondamentaux, on lui doit également les éditions de Diego de Torres Villaroel : Textos autobiográficos (Universidad de Oviedo, Cátedra Feijóo, 1978) et Vida, ascendencia, nacimiento y aventuras (Castalia, 1980 ; réédition, 2002). Il participa également sous la direction de Jean Canavaggio à la coordination avec B. Darbord, J. Beyrie et A. Bensoussan d’une Histoire de la littérature espagnole (Fayard, 1993) qui fit date.
On n’oubliera pas non plus ses talents de traducteur qui lui valurent de participer au volume collectif sur le Théâtre espagnol du XVIIe siècle paru dans la prestigieuse Bibliothèque la Pléiade (n°452, t.II, 1998) avec la traduction de l’une des œuvres de P. Calderón de la Barca : Aimer par-delà la mort. D’ailleurs, toutes celles et ceux qui eurent le privilège de l’avoir comme enseignant, ce qui fut notre cas à l’Université de Provence, n’auraient raté pour rien au monde ses cours de version.
Avec Guy Mercadier disparaît l’un des derniers grands spécialistes du XVIIIème siècle espagnol qui ont fait la renommée de l’hispanisme français au siècle dernier.
Elisabel Larriba
La section d'espagnol de l'Université Côte d'Azur a la tristesse d’annoncer le décès d'Annie Frémaux-Crouzet, survenu le 15 décembre 2023 à La-Colle-Sur-Loup. Professeur des Universités en civilisation et littérature hispaniques, spécialiste des courants mystiques du XVIe siècle, Annie Frémaux-Crouzet avait pris sa retraite en 2000. Elle a laissé chez ceux qui l'ont connue le souvenir d'une femme de conviction, pleine de vivacité et passionnée par ses thèmes de recherche.
Nos pensées vont à son mari, Charles Frémaux, à son fils et à sa famille.