Guy Mercadier a été plus qu’un chercheur : un découvreur.
Après sa thèse : Torres Villarroel. Masques et miroirs, publiée par l’Atelier de reproduction des thèses de Lille en 1976, rééditée en 1981 par les Editions Hispaniques (Université de la Sorbonne) en 1981 et traduite en espagnol en 2009 (Torres Villarroel. Máscaras y espejos, ed. Edifsa), il mit fin à la légende tenace selon laquelle les Espagnols auraient eu une véritable aversion pour l’autobiographie en organisant à la Baume-lès-Aix, dans le cadre du Centre Aixois de Recherches Hispaniques, deux colloques internationaux qui firent date : le premier en 1979 et le second en 1982, dont les actes furent publiés par les Presses de l’Université de Provence sous les titres de L’autobiographie dans le monde hispanique (1979) et L’autobiographie en Espagne (1986).
Il se signala également par sa capacité à découvrir des textes inédits en publiant en 1969, au Centre de Recherches Hispaniques de la Sorbonne, La Barca de Aqueronte de Torres Villarroel, et surtout, en 1970, aux éditions Ibérie-Recherche de l’Université de Toulouse-Le Mirail, la Defensa de la Nación española contra la Carta persiana LXXVIII de Montesquieu, texte indispensable pour saisir ce que fut la Ilustración.
Outre ces travaux fondamentaux, on lui doit également les éditions de Diego de Torres Villaroel : Textos autobiográficos (Universidad de Oviedo, Cátedra Feijóo, 1978) et Vida, ascendencia, nacimiento y aventuras (Castalia, 1980 ; réédition, 2002). Il participa également sous la direction de Jean Canavaggio à la coordination avec B. Darbord, J. Beyrie et A. Bensoussan d’une Histoire de la littérature espagnole (Fayard, 1993) qui fit date.
On n’oubliera pas non plus ses talents de traducteur qui lui valurent de participer au volume collectif sur le Théâtre espagnol du XVIIe siècle paru dans la prestigieuse Bibliothèque la Pléiade (n°452, t.II, 1998) avec la traduction de l’une des œuvres de P. Calderón de la Barca : Aimer par-delà la mort. D’ailleurs, toutes celles et ceux qui eurent le privilège de l’avoir comme enseignant, ce qui fut notre cas à l’Université de Provence, n’auraient raté pour rien au monde ses cours de version.
Avec Guy Mercadier disparaît l’un des derniers grands spécialistes du XVIIIème siècle espagnol qui ont fait la renommée de l’hispanisme français au siècle dernier.
Elisabel Larriba