In memoriam - Renaud Cazalbou
C’est avec une immense tristesse que nous vous faisons part de la disparition subite et brutale de notre collègue et ami hispaniste Renaud Cazalbou, Maître de Conférences au Département d’Études Hispaniques et Hispano-Américaines (DEHHA).
Après avoir suivi des études secondaires au Lycée Pierre de Fermat et été élève en Classes préparatoires dans ce même établissement, Renaud quitte sa ville natale pour intégrer la prestigieuse École Normale Supérieure de Fontenay-Saint-Cloud en 1991. La même année, il est admis au concours de l’Agrégation externe d’Espagnol - option latin. Son brillant parcours se poursuit alors à l’université Paris IVSorbonne où il entreprend des travaux de recherche dans le domaine de la linguistique hispanique sous la direction de M. le Professeur Jean-Claude Chevalier. C’est donc à l’Institut d’Études Hispaniques de la rue Gay-Lussac que Renaud obtient en 1993 un DEA de Linguistique, et soutient en 1998 un Doctorat nouveau régime intitulé : Structures de répétition et mécanismes répressifs du discours démonologique (France/Espagne – XIIe-XVIIIe siècles), couronné de la plus haute mention.
Successivement ATER à l’Université Michel de Montaigne Bordeaux III puis à l’Université de Toulouse-le Mirail, Renaud est ensuite recruté comme Maître de Conférences en 1999 au DEHHA de Toulouse. Il est membre, dans un premier temps, de l'équipe de recherche LEMSO (Littérature Espagnole du Moyen-Âge et du Siècle d’Or). Dès 2005-2006, Renaud, conformément à sa personnalité, fait un choix courageux, et participe activement à la création et à l’implantation dans le paysage de la recherche d’une nouvelle équipe, l’IRIEC (Institut de Recherche Intersites en Études Culturelles). Cette équipe émergente réunit alors des collègues hispanistes, hispano-américanistes et lusistes, désireux de travailler en synergie sur le périmètre de la 14e section du CNU, dite des Langues romanes. C’est à l’époque un pari un peu fou, ce qui ne devait pas déplaire à ce vaillant défenseur de la liberté de pensée, au naturel téméraire et engagé. Renaud fait ensuite partie de toutes les aventures qui conduisent à la labellisation CEIIBA en 2015 (Centre d’Études Ibériques et Ibéro-Américaines) et assume jusqu’à une époque récente la responsabilité d’un axe du laboratoire consacré à la « romanité ». Amoureux des langues latines, il n’a de cesse de s’interroger sur leur évolution et les phénomènes qui lui sont liés, comme en témoignent ses publications sur le sujet. En 2017, il obtient conjointement avec M. le Professeur Javier Pérez Bazo et Mme Sylvie Baulo, MCF au DEHHA, le VIII Premio Juan Andrés de Ensayo e Investigación en Ciencias Humanas pour l'édition critique de l'ouvrage de Juan Andrés Histoire Générale de Sciences et de la Littérature. Ce travail a été publié par les Presses Universitaires du Midi en 2018.
Nous nous souviendrons de Renaud Cazalbou pour son engagement indéfectible en faveur de l’éducation. Il avait, chevillée au corps, la conviction que l’enseignement public pouvait offrir une chance à toutes et à tous. Enseignant de la première année de Licence jusqu'à la préparation à l’Agrégation, il mettait toute son énergie à transmettre les connaissances, à éveiller les curiosités, à bousculer les convictions. Comme linguiste, il avait l’art de rendre simple et passionnant les sujets les plus arides. De tout temps très engagé dans la préparation des concours de recrutement de l'enseignement secondaire, Renaud avait été membre du jury de l’Agrégation externe d’Espagnol de 2008 à 2012, et secrétaire général de ce même concours entre 2010 et 2012. Il était également responsable de la préparation à l’Agrégation interne d’espagnol pour le département depuis 2013. Renaud savait aussi se rendre utile chaque fois que cela était nécessaire et accomplissait avec rigueur et discrétion de multiples tâches administratives moins prestigieuses, comme l’interminable examen des dossiers de demande de Validation d’Études Supérieures ou encore, dans l’urgence, la mise en conformité des Modalités de Contrôle des Connaissances lors du confinement. Ses étudiants, très affectés par sa disparition, disent aujourd'hui de lui : « Nous garderons le souvenir d'un enseignant passionné et passionnant, et d'un homme souriant à l'humour sans faille. Nos années à ses côtés furent enrichissantes et passionnantes. Nous ne l'oublierons pas ». La mission que s’était donnée Renaud ne s’arrêtait pas aux portes de notre campus et il participait activement à la diffusion de la culture et au partage des savoirs. Entre 2010 et 2019, il avait notamment animé de nombreux cycles de conférences portant sur sa spécialité à l’Université du Temps Libre.
Renaud Cazalbou était également un collègue très impliqué dans la gestion du Département. Il en avait assuré la direction de novembre 2015 à juin 2017 dans un contexte particulièrement éprouvant. Il avait su mener à bien sa mission dans un contexte difficile. Toujours animé d'un grand sens du service public, Renaud n'avait pas hésité à prendre, en 2019, la responsabilité du Master d'Études Romanes.
C'est un collègue et un ami à la personnalité généreuse, sensible et rigoureuse qui nous quitte aujourd'hui. Un amoureux des mots qui prenait plaisir à fredonner, à l’occasion, une chanson de Boby Lapointe. Un homme de conviction, un homme de « chez nous », au caractère forgé dans le respect des valeurs du rugby : intégrité, passion, solidarité, discipline et respect. Un compagnon fidèle et aimant pour sa famille.
Nos pensées émues et amicales vont tout naturellement à Sylvie Baulo, sa compagne de toujours, collègue de longue date du DEHHA et qui en assure aujourd'hui la direction.
Nous n'oublions pas Madeleine et Sidonie, ses filles adorées, pour qui Renaud était un formidable père. La vie est cruelle, mais cette voix de stentor qui s'est éteinte résonnera encore longtemps dans nos cœurs.
À toute sa famille, nous présentons aujourd'hui nos plus sincères condoléances.
Les amis et collègues de Renaud
Un dernier hommage sera rendu à Renaud Cazalbou le mercredi 15 juin à 9h en l'église Saint François-Xavier (157 avenue de Muret, Toulouse). Son incinération aura lieu le même jour au crématorium de Cornebarrieu à 14h30 (Route de Colomiers 31700 Toulouse).