Adélaïde de Chatellus (1968-2014) est décédée le 1er août dans sa maison familiale du Champ de la Pierre (Orne). Elle avait suivi un cursus de Lettres Modernes jusqu'à la Maîtrise, après avoir été admissible à l’Ecole Normale Supérieure de Fontenay-St Cloud. Elle est reçue à l’Agrégation d’Espagnol, puis obtient son DEA à Paris IV. En 1994 elle inscrit, sous la direction de Milagros Ezquerro, une thèse de Doctorat sur l’œuvre d’Agusto Roa Bastos postérieure à Yo el Supremo, qu’elle soutient brillamment en 2000. Après avoir été ATER à l’Université de Caen, puis PRAG à Lille 3, elle est recrutée Maîtresse de Conférences à l’Université de Rouen en 2000, puis en 2005 à Paris-Sorbonne Paris IV. Depuis trois ans elle préparait une HDR qu’elle devait soutenir à la rentrée 2014.
En marge de ses recherches sur la littérature hispano-américaine contemporaine, Adélaïde avait une passion pour la traduction de la poésie: non seulement elle a publié de nombreuses traductions, mais en outre elle avait organisé et dirigé un atelier de traduction poétique, ouvert aux étudiants et aux collègues, avec l’appui actif de Claude Couffon, d’abord à Rouen puis à Paris IV, dans le cadre du Printemps des poètes. Elle a également traduit et publié des nouvelles de Fernando Iwasaki, d’Andrés Neuman et de Juan Carlos Méndez Guédez.
Elle avait établi des relations institutionnelles et personnelles avec les Universités de Salamanca, Madrid, Sevilla et Granada, ainsi que Brown University.
Depuis une dizaine d’années, son domaine de recherche était la nouvelle et le récit bref très contemporains, écrits en espagnol et en anglais par des écrivains originaires d’Amérique Latine mais résidant à l’étranger (Espagne, USA, en particulier): c’est à ce phénomène qu’elle a consacré son essai d’HDR, qui sera prochainement publié. En 2008 elle avait organisé en Sorbonne un Colloque international El cuento hispanoamericano contemporáneo. Vivir del cuento, publié en 2009, qui avait réuni de nombreux auteurs et critiques d’Europe et des Amériques. En 2012, pour le quarantième anniversaire de la mort de la poète argentine Alejandra Pizarnik, elle avait organisé en Sorbonne un Colloque international qui avait réuni les meilleurs spécialistes (Argentine, Espagne, USA, Québec, Mexique, Israël, France) et donné lieu a un remarquable volume: Alejandra Pizarnik: el lugar donde todo sucede (L’Harmattan, 2013).
L’hispanisme français perd une jeune et brillante ambassadrice.
Nous sommes nombreux à perdre une amie délicate et attentionnée.
Milagos Ezquerro