Description:
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L’idée de cette communication a surgi à la suite de l’écoute d’une conférence de Cécile Bertin-Elisabeth qui est spécialiste de la picaresca . L’objet de ses recherches est d’interroger la production de textes seconds américains à partir des textes premiers espagnols. Comment des textes comme le Buscón de Francisco de Quevedo ou le Lazarillo de Tormes (auteur anonyme) ont été reçus et réécris par des auteurs américains ? Elle se basait pour cela sur les réflexions apportées par ce qu’il est commun de nommer « l’école de Constance » . « École » qui prétendait réinterroger le texte à l’aune d’une théorie de la réception en l’insérant dans une relation dynamique entre l’auteur et le récepteur. Vu sous cet angle, le texte cessait d’être considéré comme une entité autonome pour participer d’une relation de corrélation entre l’auteur, le texte et le récepteur. Les textes seconds ou textes bis, élaborés à partir des textes premiers, seraient ainsi une sorte d’actualisation de ces derniers. Actualisations opérées à partir des différents positionnements adoptés par les auteurs « bis ».
Suite à l’écoute de cette conférence, il nous a semblé opportun de voir dans quelle mesure cette idée de texte second pourrait s’appliquer à notre objet de recherche. Nous travaillons sur l’identité des populations afro-latino-américaines et en particulier afro-mexicaines. Les dites populations souffrent d’une sorte « d’invisibilisation » nationale, c’est-à-dire que malgré leur présence physique sur le territoire mexicain, elles ne bénéficient pas d’une reconnaissance constitutionnelle, contrairement aux populations indigènes depuis 2001, dans le cas mexicain. Cette notion de texte second va nous servir à interroger certaines productions orales (une chanson et un mythe oral) qui traitent de l’histoire afro-mexicaine. Ces productions, en tant qu’actualisation des textes historiques nationaux mexicains, entrent dans le cadre de ce que l’on pourrait appeler des « marronnages discursifs ».
Dans un premier temps, nous présenterons ce que l’on entend par marronnage, afin de déterminer à quel type de marronnage peuvent se rapporter les textes seconds afro-mexicains ; dans un deuxième temps, nous confronterons notre corpus au texte premier ontologique de la nation mexicaine pour souligner qu’il n’en fait pas partie. Puis nous verrons s’il est effectivement possible de parler d’une réactualisation. Dans ce but, une explicitation plus détaillée d’un mythe oral afro-mexicain sera opérée. Enfin, en conclusion, nous soulignerons en quoi ces discours peuvent être mais surtout doivent être vus sous l’angle des stratégies de résistance, stratégies de résistance partagées par l’ensemble de l’afro-diaspora. |