Description:
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L’étude porte sur Carlota Fainberg, un roman court par lequel, en 1999, et dans un recours au fantastique, le célèbre romancier espagnol Antonio Muñoz Molina (Úbeda, Andalousie, 1956) poursuivait cette interrogation sur soi, et plus largement sur l’identité du sujet contemporain, qui est au fondement de l’ensemble de son Œuvre. La priorité est d’analyser le traitement du temps dans ce récit, ne serait-ce qu’en raison de la complexe architecture temporelle sur laquelle il repose, du jeu avec le Temps qui s’ensuit et des tensions qui se créent entre différents types de temporalités. En l’occurrence, on s’attache à mettre en évidence celles qui se jouent entre temps objectif et temps subjectif, entre temps des horloges et hors temps. L'analyse de l’échafaudage temporel du récit permet de mettre en lumière les représentations spatiales du temps dont le texte est porteur. On commente, en particulier, la valeur métaphorique de cet impressionnant hôtel Town Hall de Buenos Aires, où l’un des personnages vécut d’incroyables amours avec la splendide - mais défunte - Carlota Fainberg… La seconde partie de l’étude est donc principalement consacrée au temps de ces amours vampiresques qui, relatées en termes d’échappée dans le hors temps, se prêtent de plus en plus au fil du récit à être interprétées comme une incursion dans l’éternité de la mort, qui peut aussi être celle de la Littérature…
On s'emploie ensuite à montrer que l’expérience qu’il relate a suscité chez le narrateur de Carlota Fainberg un véritable retour sur soi, qui se traduit par une série de renvois à son propre passé, sous forme de réminiscences de son enfance/adolescence dans l’Espagne des années soixante, et incluant une récupération de la figure du père disparu. A l’évidence, Muñoz Molina questionne à travers cette œuvre les fondements temporels, si ce n’est de sa propre identité, assurément ceux de la génération d’Espagnols qui est la sienne, dont l’imaginaire culturel est alimenté de stéréotypes et de clichés comme celui de la femme fatale, tellement présent dans cette œuvre. Plus largement, c’est l’identité du sujet contemporain que le romancier espagnol interroge ici, cherchant visiblement à nous rappeler combien notre accomplissement se fonde sur la mémoire de notre passé, sur notre attachement aux êtres, vivants ou morts, réels ou fictifs, qui peuplent notre esprit et hantent l’imaginaire collectif. |