Antonio Fernández Pérez était un de nos collègues très apprécié dans le département d’espagnol. Pour son sourire, son humour irrésistible, mais aussi pour ses qualités humaines et professionnelles, mises au service des étudiants de tant de générations.
C’était un linguiste remarquable, passionné par les langues, les mots, l’origine des mots, les noms des lieux, la toponymie. Il parlait le galicien, l’occitan, le portugais, le catalan, le castillan et le français, il reconnaissait les mots espagnols d’origine arabe. Il maîtrisait la LSF, la langue des signes française… Pour Antonio Fernández Pérez, les frontières n’existaient pas. Pour lui, les Pyrénées étaient juste un lieu de passage. Dans les Pyrénées orientales ne parle-t-on pas catalan en France comme en Espagne ? Au milieu des Pyrénées, dans le Val d’Aran espagnol c’est l’Occitan comme ici en France. Et dans les Pyrénées Atlantiques « l’euskera », le basque, des deux côtés de la frontière. Son amour des langues n’a rien à voir avec les « nationalismes » catalan, basque ou autre… Lui préférait la « révolution internationale », sans aucun doute.
Antonio Fernández Pérez, enseignant remarquable, adoré par ses étudiants, a été novateur dans la didactique de langues, mettant en pratique les méthodes audio-visuelles de l’école du professeur Paul Rivenc. En plus de ses cours, sa passion pour l’enseignement l’a conduit à enregistrer des cassettes, faire la voix « off », doubler des films et prêter encore sa remarquable voix pour les dictées, la lecture à voix haute, les cours de l’enseignement à distance, les émissions de radio. Les techniciens, les personnels de l’université le savaient très bien. Ils pouvaient toujours compter sur Antonio Fernández, un enseignant très respectueux avec tout le personnel non enseignant : un camarade comme les autres plein de bonne humeur.
C’était un acteur remarquable, il a joué dans des films de didactique, en particulier « El acento de intensidad » où il joue le rôle d’ un vieux professeur et celui d’un chef d’une bande de gangsters. Mais il y avait une activité qui le passionnait plus que toutes les autres : faire du théâtre avec les étudiants et c’est ainsi qu’est née la troupe les Anachroniques, bien connue dans notre université et même au-delà. En 1989, Antonio entre en scène dans un amphithéâtre, jouant le rôle du Roi dans La farsa infantil de la Cabeza del Dragón, de Valle-Inclán, entouré de la première troupe des Anachroniques. Sa voix magnifique, sa présence scénique, son talent pour interpréter de nombreux personnages ont accompagné pendant de longues années la troupe universitaire dans la Salle des Cordeliers, dans les théâtres de La Digue et Sorano. Los Figurantes, Sangre lunar, Notas de cocina, Crónicas del Sochantre, tous ces spectacles devaient beaucoup au jeu d’acteur d’Antonio. Mais s’il était indispensable sur le plateau, il l’était aussi pour bien d’autres missions. Celles qui consistaient à travailler la prononciation de la langue espagnole, à donner vie aux textes, avec une persévérance et une bonne humeur, inépuisables. Il racontait des blagues, chantait, racontait des histoires qui quelquefois n’en finissaient jamais.
Antonio Fernández Pérez nous a quittés le 27 avril 2023, à l'âge de 77 ans. Ses yeux clairs, son regard espiègle, débordant de bonté et d’affection resteront à jamais dans les mémoires. Toutes nos pensées vont à Sara, Fayçal, Julien, Tiago, Léonard, Rosalie, à qui nous adressons notre soutien et notre amitié.
Enrique Fraga et Monique Martinez