Pierre Thiollière, professeur émérite de littérature espagnole, publie chez L'Harmattan, collection "théâtres", Saint Ginès, bouffon et martyr, ISBN 978-2-343-03891-9. 11,50€. 82 pages.
Ginès est un parent lointain de saint Genest, patron des comédiens, réinventé au XVIIe siècle par Rotrou, Ã la suite de Lo fingido verdadero de Lope de Vega. Il est aussi un cousin de Miguel Cara de Angel, le favori de Monsieur le Président, le dictateur romancé par Miguel Angel Asturias, qui inaugure la série des despotes recréés par les auteurs latino-américains. Mais qu'a-t-il de commun avec le Genet qui a fasciné Sartre, à part l'affirmation finale de sa liberté morale?
Comme Saint Genest, comme Miguel Cara de Angel, Ginès retourne sa veste, trahit le dictateur pour se ranger aux côtés du peuple. Pour l'amour d'une femme ? Par idéal ? Bien que tragique, le monde où évoluent Ginès Orotrou et Fenny Garret est aussi une société grotesque qui rappelle parfois l'expressionisme de Valle-Inclán. Les évêques, les mineurs de cuivre, les yankees entrent aussi dans cette danse infernale où se débat la petite République de Llantofuerte. L'amour, l'argent, la répression, les luttes sociales s'enflamment autour d'un premier martyr, le prêtre métis Urumac Tapia.
Aux marges de l'Occident, un monde nouveau est-il en train de naître dans la douleur ?