Francisco AROCA et Elisabeth DELRUE (coord.), Paris, Indigo, 2013
Parce que la littérature se sert de mots et que ceux-ci renvoient nécessairement à une réalité qui leur est extérieure, la question s’est très vite posée du rapport du texte littéraire au « réel ». Mais, la prise en compte du hors-texte dans une vision globale de l’acte d’écriture qui embrasse les déterminations historiques, culturelles et psychologiques de la création littéraire s’est elle aussi imposée.
Les auteurs de cet ouvrage collectif, ont alimenté la réflexion dans le cadre du Centre d’Etudes Hispaniques d’Amiens-CEHA, en la circonscrivant à la période contemporaine, majoritairement à l’espace ibérique, et à deux modalités d’écriture spécifiques, le roman (1906-1923) et la poésie (1920-2012) qui constituent, respectivement les deux parties du volume.
D’ après leurs travaux, les représentations de la réalité en prose sont conditionnées par le marché éditorial qui impose des pratiques d’écritures en conformité avec les attentes du lecteur et par la prise en compte des enjeux politiques et esthétiques des temps modernes. En poésie, elles diffèrent également en fonction des époques et des sensibilités, des techniques ou de l’« artifice » qui conforment leur style. Mais par son caractère minoritaire la poésie contemporaine, voire la plus récente, jouit d’une certaine liberté par rapport au marché et aux idéologies. Les principaux dangers sont l’excès d’intellectualisation et la reproduction d’une langue utilitaire et abstraite.