Vient de paraitre Baltasar Gracián, Art et figures du succès (Oracle manuel), traduit par Benito Pelegrín, Paris, Seuil, collection Points, août 2012.
QUATRIÈME DE COUVERTURE
Le jésuite espagnol Baltasar Gracián (1601-1658) semble avoir pressenti la société d’aujourd’hui.
La transparence du politique :
« Notable doublement qui note qu'on le note et qu'on l'annotera. Il sait que les murs ont des oreilles et que la noire action aspire à voir le jour » (297) ; « N'est pas fautif qui fait la faute mais celui qui, une fois faite, ne la sait pas farder. […] Le crédit réside plus dans le secret que dans le fait et si vous êtes lubrique, ne soyez pas rubrique « (126) ;
le délit de faciès : « De rien ne sert d’avoir raison avec un visage qui a tort » (99) ;
l’esbroufe médiatique :
« c'est une grande adresse du savoir-vivre que de savoir vendre du vent. » (267)
Même le patronat avisé y trouvera son compte en évitant des grèves :
« Donner d'avance comme un cadeau ce que l'on devra donner ensuite comme un salaire. » (236)
Les 300 conseils D’art et figures du succès (Oracle manuel), classés ici en ces figures chères à l’auteur d’Art et Figures de l’Esprit, loin d’être confinés à l’homme de cour, s’adressent à l’homme tout court désireux de réussir en ce monde, qui sait demander, refuser, simuler, dissimuler. Cet art d’agréer pour agresser, de séduire pour réduire, est aussi un art de vivre, un manuel de civilité dans la guerre civile de la société.
Rendant à l’écriture de Gracián ses jeux de sens et de sons baroques, le texte de Benito Pelegrín, « lu à haute voix, soutient, par son mordant, son souffle, sa sonorité, la comparaison avec l’original. » (Mercedès Blanco, Critique)
Benito Pelegrín, écrivain, dramaturge, critique musical, spécialiste de Baltasar Gracián, lui a consacré son Doctorat d’État, nombre d’articles et d’ouvrages, quelque 6000 pages.