Sonia Kerfa, Pierre Géal et Anne Cayuela (éd.)
Aborder le « continent Picasso » à travers le « hors cadre », c’est d’abord interroger les rapports que son œuvre artistique entretient avec les autres arts (arts visuels, musique), et cela implique d’envisager également la création littéraire de Picasso. C’est aussi éclairer les rapports de son œuvre avec le temps long de la tradition, dont plusieurs lectures sont possibles, non exclusives : volonté de se mesurer aux autres « monstres » de l’histoire de l’art, désir de s’inscrire dans une culture, dans une identité (hispanique ou française), voire de contribuer à modeler cette identité et son imaginaire. Le rapport au temps court de la trajectoire vitale, lui aussi, s’écarte de la linéarité attendue au profit de la métamorphose, qui s’articule avec l’obsession pour l’accumulation et l’archive. Il s’agit enfin d’appréhender la réflexion de Picasso sur les frontières de l’art (photographie, dessin d’enfant…) et sur les processus d’institutionnalisation de l’œuvre d’art (cadre, exposition, musée). Enfin, la focalisation sur le « hors cadre » conduit à s’interroger sur les appropriations et interrogations qu’a suscitées jusqu’à aujourd’hui l’œuvre de Picasso, notamment dans le champ artistique.