Christine OROBITG, Le sang en Espagne Trésor de vie, vecteur de l'être (XVe-XVIIIe siècles), Aix-Marseille, PUP (Presses Universitaires de Provence), 2018, 417 pages.
Le sang fascine. Encore aujourd’hui, il renferme une charge d’émotion et de mystère, qui trouve ses racines dans les anciens systèmes de représentation, de la fin du Moyen Age au XVIIIe siècle. L’ancienne médecine inscrit le sang dans le système des quatre humeurs et en fait un véritable «trésor de vie». Elle l’associe aux «esprits» -qui constituent l’interface entre l’âme et le corps-, au cœur, aux émotions. Le sang est également relié aux questions de genre et d’identité sexuelle. Le sang féminin ne vaut pas le sang masculin. Le sang menstruel, objet d’une véritable mythologie, est associé la souillure, au déchet et au poison. Mais le sang est aussi à la base d’un aliment aussi essentiel que symbolique, le lait, évoqué dans les discours dédiés à l’allaitement et au choix des nourrices. Le sang ne relève pas uniquement du domaine sanitaire : sa représentation convoque des notions-clés comme l’articulation entre le corps et l’âme, la définition et la transmission de l’identité. Il intervient dans la construction d’un véritable « déterminisme hématologique » -dans lequel les caractéristiques physiques et morales se transmettent par le sang-, dans des pratiques d’exclusion, mais aussi dans des discours de tolérance et de la solidarité. Cette rapide évocation des perceptions et des enjeux du sang révèle la densité et la complexité des représentations qui y sont associées. C’est cet héritage ancien, mais jamais oublié, que cet ouvrage se propose d’explorer.
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