L’Argentine depuis la crise de 2001 : réflexions croisées |
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Journée d’Etudes « L’Argentine depuis la crise de 2001 : réflexions croisées »
Université Charles-de-Gaulle- Lille III/CECILLE, mercredi 19 mars 2013, Maison de la Recherche Organisatrice : Michèle Guillemont
Au terme de l’application à la lettre des mesures dictées par le FMI dans les années 90, l’Argentine explose en décembre 2001. La crise sociale et politique que traverse alors ce pays est d’une ampleur inouïe, et les images de chaos diffusées à l’époque marquent profondément les esprits. Depuis 2007, elle est régulièrement évoquée en Europe, avec des motivations très diverses, comme un scénario catastrophe possible.
Depuis l’élection à la présidence de Néstor Kirchner de 2003, et jusqu’à aujourd’hui, où Cristina Fernández de Kirchner exerce son deuxième mandat présidentiel, l’Argentine a considérablement changé. L’endettement en dollars est passé de 92 % du produit intérieur brut en 2001 à 8,4 % en 2012, le taux de chômage de 20% à moins de 7 % (avec un sous-emploi à 8,7%, et un taux encore important d’emplois non déclarés), l’indigence, la pauvreté et le travail des enfants ont reculé drastiquement tandis que le taux de scolarisation augmentait très fortement, les budgets alloués à l’éducation supérieure et à la recherche représentent plus de 6% du PBI. Malgré les nombreuses « crises » qui agitent régulièrement ce pays - lockout des producteurs agraires, grèves et manifestations policières, populations excédées par les problèmes d’approvisionnement énergétique, etc. -, le bilan reste celui d’une franche récupération par rapport au « chaos » d’il y a dix ans.
Lors de la rencontre que nous organisons à Lille III le 19 mars 2013, le débat que nous poserons sur l’Argentine actuelle est, bien évidemment, politique. Mais nous l’aborderons à partir de la perspective culturelle.
Qu’est-ce qui a changé dans la culture collective argentine depuis la crise de 2002 ? Quelles ruptures se sont produites ? Quelles continuités sont remarquables par rapport aux années néolibérales ? Quelles formes nouvelles sont apparues ? Quels défis s’imposent désormais ? Dans quelle mesure l’Etat, en reconstruction, intervient, par rapport au secteur privé, dans l’élan des arts argentins, connus et reconnus dans nombre de domaines ? En quelques mots : quel a été, quel est le rôle de la culture face à « la crise » et dans le dépassement de celle-ci ?
Ces questions, nous les poserons à quelques intellectuels et créateurs argentins, présents en France à l’occasion de leur invitation au Salon du livre à Paris où leur pays est à l’honneur cette année. Au-delà de la diversité de leurs itinéraires, de leurs œuvres, de leurs activités et de leurs engagements, ils portent tous une inquiétude aiguë de l’histoire et de l’actualité de leur pays.
Programme de la journée :
Modérateurs : Christophe Giudicelli (Université de Rennes) et Michèle Guillemont (Université de Lille 3)
9h30-10h : Introduction : L’Argentine depuis la crise de décembre 2001 : quelques repères.
10h-11h : Horacio González (Sociologue, Université de Buenos Aires, Directeur de la Bibliothèque Nationale d’Argentine) : « La Biblioteca Nacional de Argentina : au coeur des crises et des débats ».
11h-12h : Luis Chitarroni (écrivain, éditeur) : L’édition argentine actuelle.
12h-13h : Pause déjeuner
13h 15-15h30 : Fernanda García Lao (comédienne, dramaturge, romancière), Rep (dessinateur, presse et art), Guillermo Saccomanno (romancier) : « La création argentine actuelle dans tous ses états ».
15h30-16h : Table ronde. Crises et créations dans les Suds (avec la participation de Constantin Bobas et Luca Salza)
- Luis CHITARRONI (1958)
Il est à la fois éditeur littéraire (longtemps pour la prestigieuse maison d’édition Sudamericana, puis La Bestia Equilatera, une des nombreuses maisons d’édition indépendantes apparues après la crise de 2001), critique (il appartenait à la revue littéraire Babel entre 1988 et 1991, une des plus importantes après la récupération de la démocratie), écrivain (Siluetas, 1992, El carapálida, 1997, Peripecias del no, 2007, Mil tazas de té, 2008), essayiste (La muerte de los filósofos. En manos de los escritores, 2010), auteur d’anthologies, en collaboration : La Hora de Todos (1999), Del cuento breve y oculto (2001), Textículos literarios (2004).
Il est membre du Fondo Nacional de las Artes pour les Lettres. A partir de cette responsabilité, il peut apprécier une partie importante de la création littéraire dans l’ensemble des provinces du pays et sa capitale. En effet, cet organisme, qui dépend de la Secretaría de Cultura de la Nación, attribue bourses, subventions, et crédits aux artistes dans tous les domaines et pour l’ensemble du territoire national.
- Fernanda GARCÍA LAO (1966)
Née à Mendoza, exilée en Espagne à partir de 1976 où elle s’est formée, elle rentre en Argentine en 1993. Comédienne et dramaturge, elle est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre, dont La Faim de María Bernabé. Présentée à la Foire du Livre de Guadalajara (2011) comme un « des secrets les mieux gardés de la littérature latino-américaine », ses romans sont Muerta de hambre (El Cuenco de Plata, 2005- 1er Prix du Fondo Nacional de las Artes), La perfecta otra cosa (El Cuenco de Plata, 2007), La piel dura (El Cuenco de Plata, 2011), Vagabundas (El Ateno, 2011), Cómo usar un cuchillo (Entropía, 2013). Trois de ses textes sont traduits en français et publiés par la maison d’édition La dernière goutte : La Peau dure, La Faim de María Bernabé et La Parfaite Autre Chose.
- Horacio GONZÁLEZ (1944)
Sociologue, professeur à la UBA (Université de Buenos Aires), Directeur de la Bibliothèque Nationale d’Argentine depuis 2005, membre très actif de l’ « Espace Carta Abierta » (créé en 2008 par un groupe d’intellectuels, lorsque le lockout des producteurs provoquait la première « crise » importante du premier gouvernement de Cristina Fernández de Kirchner).
Parmi ses publications d’Horacio González, nous relevons La ética picaresca (1992), La realidad satírica. Doce hipótesis sobre Página/12, Buenos Aires (1992), El filósofo cesante (1995), Arlt: política y locura (1996), La Nación Subrepticia: Lo Monstruoso Y Lo Maldito en La Cultura Argentina (con Eduardo Rinesi y Facundo Martínez, 1998), Restos pampeanos. Ciencia, ensayo y politica en la cultura argentina del siglo XX (1999), Cóncavo y convexo. Escritos sobre Spinoza (1999), La crisálida. Metamorfosis y dialéctica (2001), Retórica y locura. Para una teoría de la cultura argentina (2003), Filosofía de la conspiración. Marxistas, peronistas y carbonarios (2004), Los asaltantes del cielo. Política y emancipación (2006), Escritos en carbonilla. Figuraciones, destinos, relatos (2006), Perón: reflejos de una vida (2007), Paul Groussac : La lengua emigrada (2007), Las hojas de la memoria. Un siglo y medio de periodismo obrero y social (2007), El arte de viajar en taxi. Aguafuertes pasajeras (2009), El acorazado Potemkin en los mares argentinos (2010), Kirchnerismo, una controversia cultural (2011), Genealogías. Violencia y trabajo en la historia argentina (2011), Lengua del ultraje. De la generación del 37 a David Viñas (2012).
Un ouvrage commun, un dialogue entre José Pablo Feinmann et Horacio González, est à signaler : Historia y pasión. La voluntad de pensarlo todo, (Buenos Aires, Planeta, Espejo de la Argentina, février 2013).
- REP (1961).
Dessinateur, il a publié dans de très nombreuses revues depuis son adolescence. Il appartient au journal Página 12 depuis la création de ce quotidien qui a toujours affiché son engagement politique, notamment sur la question des Droits de l’Homme. Les publications de Rep sont innombrables. En Europe, il est connu pour sa superbe édition du Don Quichotte de Cervantès (Madrid, Castalia, 2010). Il travaille actuellement à partir de la Divine Comédie de Dante.
- Guillermo SACCOMANNO (1948)
Scénariste de bandes dessinées, romancier. Ce Porteño a fui la capitale il y a une vingtaine d’années pour s’installer dans la province de Buenos Aires, sur la côte atlantique. Sa réflexion sur l’histoire récente n’apparaît pas seulement dans nombre de ses choix romanesques, mais aussi dans un livre particulier, Un maestro. Una historia de lucha, una lección de vida (2012, Prix Rodolfo Walsh) qui offre la chronique de la lutte incessante d’un instituteur, Nano Balbo, depuis l’engagement militant des années 70 jusqu’aux procès pour violations des Droits de l’Homme actuellement en cours en Argentine.
Citons, parmi sa bibliographie romanesque : Prohibido escupir sangre (1984), Situación de peligro (1986), Roberto y Eva. Historias de un amor argentino (1989, rééditée en 2004 sous le titre El amor argentino), Bajo bandera (1991), Animales domésticos (1994), La indiferencia del mundo (1997), El buen dolor (1999, Premio Nacional de Literatura 2000), La lengua del malón (2003), El Pibe (2006), 77 (2008, Prix Hammett 2009, Espagne), El oficinista (2010, Prix Biblioteca Breve de Novela, Seix Barral, 2010, Espagne), Cámara Gesell (2012, Prix Hammett 2013, Espagne).
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Lieu Université de Lille-3 | ||||||
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