Violence, journalisme et libertés fondamentales en Amérique Latine (XX-XXIe)
Chambéry, campus Jacob - France
Jeudi 26 septembre 2019
Dans le cadre du projet « Manifestations et expressions de la violence en Amérique Latine (XX-XXIe) », organisé par les universités Sorbonne Nouvelle Paris 3, Avignon, Paris-Est Créteil et Savoie Mont Blanc, nous lançons le présent appel à communications pour participer à la Journée d’Études « Violence, journalisme et libertés fondamentales en Amérique Latine (XX-XXIe siècles) » qui se tiendra le jeudi 26 septembre 2019 à Chambéry (France), sur le campus Jacob de l’Université Savoie Mont Blanc, avec le soutien du laboratoire LLSETI.
Dans le contexte latino-américain (XXe et XXIe siècles), l’omniprésence des actes violents, commis aussi bien par des régimes autoritaires ou dictatoriaux que par différents groupes armés ou organisations criminelles, a soulevé de nombreux questionnements en matière de sécurité publique et de respect des libertés fondamentales. Parmi ces dernières figure la liberté d’opinion et d’expression, qui constitue par ailleurs l’un des droits essentiels pour le bon fonctionnement de la société, et se trouve inscrite dans l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Il convient de souligner que la liberté d’expression se trouve indissociable d’autres droits fondamentaux, tels que les libertés de réunion, de manifestation ou de circulation ; qui revendiquent à la fois le droit à la sécurité et à informer ou s’informer.
La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) établit que « le journalisme, dans le cadre d’une société démocratique, représente l’une des manifestations les plus importantes de la liberté d’expression et d’information. » Elle ajoute que l’existence d’une presse libre et critique est fondamentale pour assurer et veiller au bon fonctionnement des autres libertés ; raison pour laquelle la violence exercée contre les journalistes nuit non seulement à ces derniers mais aussi à la société dans son ensemble, en lui empêchant l’accès à l’information et en limitant la possibilité de participer au débat public sur les sujets d’intérêt qui concernent chaque pays. Pour cette raison, la CIDH considère que l’assassinat des journalistes et des professionnels de la communication pour des raisons liées à leur activité « constitue la plus grave violation du droit à la liberté d’expression ».
Le journaliste, dont la fonction consiste à « faire surgir le conflit » (Muhlmann), se trouve souvent en première ligne face à la violence ; néanmoins, les menaces et les pressions exercées à son encontre touchent également la société puisque ces attaques propagent, selon la CIDH, un effet généralisé d’autocensure. Une illustration parlante de cette violence en Amérique latine est le Mexique, deuxième pays au monde comptant le plus d’assassinats de journalistes en 2017, juste derrière la Syrie (douze meurtres), selon l’organisation Reporters sans Frontières (RSF). Avec un total de onze victimes mortelles, le Mexique est ainsi devenu « le pays en paix le plus dangereux au monde pour les journalistes ».
Outre la censure, la torture, les disparitions et l’exil, qui ont visé le journalisme dans les différents pays latino-américains dans la seconde moitié du XXe siècle par le biais du terrorisme d’État ou de l’insurrection des groupes armés, on observe ces dernières années une indéniable recrudescence et même une multiplication des actions répressives ou violentes envers les journalistes. On pourra citer, à titre d’exemple, les assassinats au Mexique, mais aussi le déplacement forcé de journalistes au Honduras, la répression de la presse lors des récentes manifestations au Nicaragua ou au Venezuela, les pressions du gouvernement équatorien sur les médias, les difficultés à exercer un journalisme indépendant à Cuba ou l’enlèvement de journalistes nationaux ou internationaux en Colombie.
L’intérêt principal de cette première Journée d’Études est de se pencher, dans une perspective pluridisciplinaire, sur la question de la liberté d’expression face à la violence exercée contre les journalistes ces dernières décennies en Amérique latine. On pourra également s’intéresser aux progrès, aux reculs ou aux perspectives d’évolution de l’exercice des libertés individuelles dans les différents pays de la région. Les derniers changements de gouvernements, l’absence d’alternance démocratique, les crises politiques et économiques, l’influence du crime organisé ; sont autant de facteurs qui déterminent l’évolution de l’exercice des libertés, dont la sauvegarde est fondamentale dans une région marquée par une instabilité politique, économique et sociale chronique. L’ensemble des canaux, supports et moyens d’information et de communication – presse écrite ou graphique (caricature), radio, télévision et réseaux sociaux – dont les journalistes et/ou collaborateur des médias ont pu connaître une situation de violence peuvent faire l’objet d’une analyse dans le cadre de nos travaux et débats.
Nous proposons d’articuler les travaux de cette journée d’étude autour de trois axes :
1. Libertés en péril : acteurs, intérêts en jeu et conséquences
Le dernier rapport de Reporters sans Frontières (RSF) sur la violence contre les journalistes désigne trois acteurs mettant à mal, voire en péril, le travail de la presse : certains gouvernements hostiles aux critiques, le crime organisé, les entreprises ou groupes de pouvoir dont les intérêts seraient compromis par la diffusion de certaines informations. Ce premier axe cherchera à identifier ces acteurs à partir de l’étude de cas dans lesquels la presse et la population auraient été la cible d’attaques ayant pour intention de limiter ou d’interdire le droit d’exercer la liberté d’expression ou d’autres libertés fondamentales en Amérique Latine. Il conviendra d’établir dans quel contexte et selon quels mécanismes se produisent ces attaques, afin de mieux étudier leur impact sur la société et sur les journalistes, tous deux entravés dans l’exercice de leurs droits.
2. Censure et autocensure
Cet axe se concentrera sur les expressions de la censure et des différents moyens de contrôle de l’information diffusée dans la presse en Amérique Latine. On pourra aussi réfléchir à l’autocensure, qui met le journaliste face au dilemme de limiter la diffusion de certaines informations ou d’éviter d’enquêter sur certains sujets afin d’éviter de mettre sa vie en péril. Il en va de même pour certaines organisations (ONG, groupes militants) et plus largement pour les populations qui, afin d’éviter des représailles, se trouvent dans l’impossibilité d’exprimer leurs opinions et griefs dans l’espace public autour de différents sujets politiques ou sociaux a fortiori lorsqu’ils touchent les pouvoirs établis.
3. Espaces et formes de la résistance au XXIe siècle
Le troisième axe découle logiquement des deux axes précédemment développés, à travers l’étude des différentes formes et manifestations de résistance de la société et des journalistes face à la violence et à la censure. Nous verrons comment s’organisent les sociétés latino-américaines pour garder leur capacité à manifester, à exprimer leurs désaccords ou à diffuser des informations en dépit des pressions et menaces subies, et par quels biais les journalistes et les médias exercent leur profession lorsque les circuits traditionnels sont bloqués par des lois coercitives ou quand des groupes ou individus en connivence avec le pouvoir ou la délinquance organisée agissent pour imposer le silence. Le rôle des nouvelles technologies dans la diffusion de l’information sera une piste à privilégier, non seulement en raison de l’alternative qu’elles représentent dans la lutte pour la liberté d’expression, mais aussi du fait des risques qu’elles impliquent et des différents types de violence auxquels elles peuvent être liées, les réseaux sociaux pouvant à leur tour être mis au service de volontés de s’opposer à l’exercice des libertés fondamentales.
Pour participer à cette journée, nous vous demandons d’envoyer les informations suivantes à cette adresse électronique :
1) Titre de la communication
2) Axe de travail
3) Résumé (10 lignes)
4) Mots clés (5)
5) Nom et Prénom de l’auteur
6) Grade et université de rattachement
7) Fiche académique de l’auteur (5-10 lignes)
- Date limite d’envoi de propositions de participation : 15 juin 2019.
-Évaluation des propositions et réponse du Comité organisateur : 30 juin 2019.
* Langues de communication : français et espagnol.
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