Ce séminaire intitulé Penser la traduction, qui devrait permettre d’aborder la traduction dans des espaces géographiques et linguistiques différents ainsi qu’à des époques diverses, est une réflexion ouverte aux apports de l’interdisciplinarité. La traduction en tant qu’activité complexe et multiforme suscite l’intérêt de chercheurs et de spécialistes dans des domaines aussi divers que la linguistique textuelle, la psycholinguistique, l’analyse du discours, la littérature, l’histoire des idées et de la culture. Au cours des dernières décennies, les études sur la traduction en tant qu’activité (la traduction est une médiation), en tant que résultat (critique des traductions) mais aussi en tant que réflexion sur les discours qu’elle génère, occupent une position de moins en moins marginale et circonscrivent un champ d’étude à part entière. Dans ce champ de recherche, il s’agit de penser la traduction non pas en fonction de critères préétablis par une autre discipline mais en fonction de la spécificité qui est la sienne.
Cette spécificité c’est d’abord l’histoire de la traduction afin de mettre à jour le réseau culturel infiniment complexe dans lequel, à chaque époque et dans des espaces différents, elle se trouve prise. Cette perspective a été considérablement enrichie par l’apport d’études récentes comme Histoire des traductions en langue française. XIXe siècle (2012) ,ouvrage coordonné par Y. Chevrel et J-Y Masson ,The Oxford History of Literary Translation in English, Volume 4 : 1790-1900 (2006) dont les auteurs sont P. France et S. Gillespie, sans oublier le Diccionario histórico de la traducción en España (2009), publié par F. Lafarga et L. Pegenaute. Par ailleurs l’histoire de la traduction est indissociable de l’historiographie qui, au-delà des manifestations et « produits » du traduire, interroge les discours et les conceptions qui l’organisent.
Histoire et historiographie éclairent d’autres aspects de la médiation et de l’histoire culturelle en révélant le rôle des passeurs, des médiateurs que sont les traducteurs. Il apparaît essentiel aujourd’hui de s’intéresser aux figures de ces traducteurs, plus ou moins connus, professionnels, écrivains et philosophes, parfois même éditeurs qui ont contribué de façon parfois peu visible à la circulation des idées, des imaginaires et des œuvres. En outre, ces intermédiaires font partie d’une chaîne d’acteurs dans un système où s’exercent différentes formes de régulation (relations entre maisons d’édition, auteurs et traducteurs, droits de la propriété).et où les choix et les décisions ne répondent pas seulement à des critères esthétiques, culturels et politiques. Ces traducteurs alimentent aussi l’imaginaire collectif et leurs représentations dans le monde de la littérature (roman et théâtre), du cinéma, se retrouvent dans la culture populaire.
La spécificité de la traduction est d’être devenue sujet et objet d’un savoir propre qui soulève nombre de questions épistémologiques. Elle est de moins en moins considérée dans un simple rapport de hiérarchie avec l’écriture, elle est devenue un lieu de réflexion sur l’écriture elle-même. La réflexion traductologique doit être en mesure de rendre compte de la complexité du continuum qui lie le traduire à l’écriture. Il est légitime de s’interroger sur la valeur de la traduction comme lieu d’expérimentation et d’exploration de l’écriture, sur les liens qui unissent traduction et création chez certains écrivains au sens large du terme, sur l’auto-traduction comme dédoublement qui produit sa propre esthétique de réception. C’est dans cette perspective que peuvent être analysées certaines pratiques comme l’adaptation, la réécriture, ou la « tradadaptation » ou la « transcréation » pour reprendre certaines métaphores hybrides à l’image de ce processus. La traduction peut ainsi devenir un espace d’expérimentation qui interroge l’absolu de l’écriture et relativise les notions d’autorité et de canon. Elle est aussi un espace de « trans-gression » favorisant des stratégies de résistance face aux normes et aux règles de l’environnement social et politique dominant. C’est le cas dans la constitution d’affirmations identitaires liées au genre et aussi dans le cas d’une traduction à visée émancipatrice Dans certains contextes nationaux particuliers de domination, l’appropriation linguistique et culturelle par la traduction peut donner naissance à de nouveaux textes .
Ce séminaire sera l’occasion de rencontres et de dialogue entre auteurs (res), traducteurs et traductrices, chercheurs (ses) et tous ceux qui s’intéressent à l’inhérence essentielle de la traduction au langage et à la pensée.
Pensar la traducción
Este seminario, que enfoca la traducción desde distintos ámbitos geográficos y lingüísticos y en diferentes momentos de la historia, es una reflexión abierta a las aportaciones interdisciplinarias. La traducción como actividad compleja y multiforme despierta el interés de especialistas de distintos campos como la lingüística textual, la sociolingüística, el análisis discursivo, la literatura, la historia cultural. En las últimas décadas, los estudios sobre la traducción como actividad (la traducción es una mediación), como resultado (crítica de las traducciones) y también como reflexión sobre los discursos, han dejado de ser marginales para instalarse en una centralidad crítica. Se trata de una reflexión que no se ciñe a criterios pre-establecidos o impuestos por otra especialidad y que considera la traducción como un campo plenamente autónomo y legítimo.
Dentro de la traductología, la historia de la traducción es un aspecto clave ya que revela el complejo y diversificado entramado cultural en el que se sitúan las prácticas traductoras Esta perspectiva se ha enriquecido considerablemente con estudios recientes como Histoire des traductions en langue française. XIXe siècle. 1815-1914, obra editada por Y. Chevrel y J-Y Masson, The Oxford History of Literary Translation in English, Volume 4 : 1790-1900 (2006) cuyos autores son P. France y S. Gillespie, sin olvidar el Diccionario histórico de la traducción en España, publicado por F. Lafarga y L. Pegenaute. Asismismo la historia de la traducción no puede disociarse de la historiografía que, más allá de las manifestaciones y de los textos traducidos, confiere especial relevancia a los conceptos de traductología y a los discursos que genera.
La confluencia entre historia e historiografía esclarece otros aspectos de la mediación y de la historia cultural ya que permite recuperar la figura y el papel de los traductores. Es imprescindible rescatar del olvido a estos mediadores, a veces desconocidos, que fueron escritores, filósofos, editores y, a veces, verdaderos profesionales de la traducción ya que contribuyeron a la circulación de las obras y ideas, de los imaginarios colectivos. Además estos actores constituyen un eslabón más en la cadena de un sistema regulado por normas distintas (relaciones entre editoriales, autores y traductores, derechos de la propiedad) y en el que la selección y las decisiones no siempre responden a criterios estéticos, culturales y políticos. Estos mediadores también alimentan el imaginario colectivo, y sus representaciones en el mundo de la prosa de ficción (novela, teatro) y del cine están muy presentes en la cultura popular.
La traducción se ha convertido en sujeto y objeto de un conocimiento específico que nos proyecta en otros horizontes epistemológicos. Los estudios que se dedican a ella, son un camino privilegiado para reflexionar sobre la complejidad de los vínculos que unen la creación, la escritura y la traducción. La traducción, las traducciones han dejado de ser textos « secundarios » y constituyen un espacio privilegiado de experimentación y de exploración como por ejemplo en el caso de la autotraducción que conlleva su propia estética de recepción. También pueden constituirse en fuerza creadora de primer orden para reforzar la propia tradición literaria. Desde esta perspectiva, la adaptación, la re-escritura, la « tradadaptación » o la « transcreación » que representan un auténtico proceso híbrido, merecen un estudio especial.
El potencial transgresor de la traducción se manifiesta cuando ésta subvierte el lenguaje dominante y propicia estrategias de resistencia frente a espacios de subordinación codificado socialmente por la política y el género En algunos contextos nacionales , sometidos a determinados modelos de dominación, la apropiación lingüística y cultural mediante la traducción puede fomentar la emergencia de nuevos textos, de nuevas identidades.
Este seminario propiciará encuentros y diálogos entre autores, traductores, investigadores y todos aquellos que se interesan por la esencial relación entre el lenguaje y el pensamiento.
Programme :
Il s’agit d’un cycle de quatre séances qui auront lieu les vendredis24 janvier, 21 février, 28 mars et 25 avril 2014 à Madrid. Les langues de travail seront le français et le castillan. Les interventions des chercheurs ou des étudiants de doctorat et de postdoctorat inscrits seront les bienvenues.
Les quatre séances portent sur des thématiques différentes de la traduction ; elles sont animées chaque fois par plusieurs conférenciers invités, traductologues, chercheurs, traducteurs et auteurs venant de pays différents et appartenant à des équipes de recherche européennes (Belgique, Italie, Royaume-Uni, Espagne, France).
1) Histoire et historiographie de la traduction (Séance du 24 janvier 2014)
Participants : Yves CHEVREL (Université Paris IV) Luis PEGENAUTE et Francisco LAFARGA (Universitat de Barcelona) et Peter FRANCE (University of Edimburg). Les quatre conférenciers de cette séance sont les auteurs d’ouvrages sur l’histoire de la traduction.
2) L’invention du médiateur : représentations du traducteur en littérature, à l’écran et au théâtre (Séance du 21 février 2014)
Adriana SERBAN (Université de Montpellier), Reine MEYLARTS (Université de Louvain, directrice du Center for Translation Studies), Antonio LAVIERI (Università di Palermo).
3) Langues nationales et traduction (Séance du 28 mars 2014)
Elena TANQUEIRO (Universitat de Barcelona, responsable du Centre de recherche AUTOTRAD), Francesc PARCERISAS (Universitat de Barcelona, Facultat de Traducció e Interpretació), Fabrice CORRONS (Université Toulouse II), Gérard GUIX, auteur et auto-traducteur, Josep Maria MIRÓ COROMINA, dramaturge et metteur en scène.
4) Traduction-création, traduction écrivante (Séance du 25 avril 2014)
Jean-Yves MASSON (Université Paris IV), Laurence BREYSSE-CHANET (Université Paris IV), Clara JANÉS, traductrice et écrivain, Jenaro TALENS, auteur, essayiste et traducteur.
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