L’exil espagnol républicain et le champ littéraire francophone
Colloque international Université Paris Nanterre, 4 et 5 octobre 2019
Projet UPL Les non-lus de la contestation en péninsule ibérique (1926-2011) EA-369, CRIIA
Le poème « Diptyque espagnol » de Luis Cernuda exprime le lien indissoluble entre le poète et sa langue, sa véritable patrie : « Je n’ai pas changé de terre / car cela est impossible à celui que la langue unit/, jusqu’à la mort, au métier de poète ». Les retrouvailles de Cernuda avec la langue espagnole au Mexique après plusieurs années aux Etats-Unis donnèrent lieu à une des époques les plus fécondes de sa création poétique. L’usage quotidien de la langue est, probablement, une des explications de l’intense créativité des exilés espagnols républicains installés en Amérique latine. La langue commune a atténué ce qu’en 1948, Francisco Ayala considérait, dans son essai Pour qui nous écrivons comme un problème majeur : la perte d’influence des écrivains et intellectuels républicains. Dans les pays où l’espagnol était une langue étrangère, leur visibilité fut encore plus réduite : à l’exil du pays s’ajouta l’exil de la langue.
Dans les pays francophones comme la France, la Belgique ou la Suisse, l’arrivée massive des exilés fut une circonstance aggravante pour la reconnaissance des écrivains et la diffusion de leurs œuvres. L’hiver 1939, près d’un demi million d’Espagnols traversèrent les Pyrénées pour fuir les troupes de Franco. La France répondit à la première grande migration antifasciste européenne par la création de camps d’internement. Depuis les années 90, des hispanistes et des historiens français comme Geneviève Dreyfus Armand ont mieux fait connaître les circonstances de l’accueil des républicains espagnols en France. Dix ans après le colloque organisé à Nanterre par Bernard Sicot sous l’égide du congrès du GEXEL « 70 ans après », sous le titre « La littérature espagnole et les camps français d’internement (1939-1945) », la présente manifestation rend hommage aux passeurs et aux institutions culturelles qui ont rendu accessible les œuvres des exilés. L’objectif est double : il s’agit d’étudier comment le champ littéraire francophone réagit face à l’exil espagnol républicain, et comment l’exil républicain influence le champ littéraire francophone.
Les communications pourront porter sur les aspects suivants, mais d’autres sujets peuvent être abordés :
1- Qui sont les passeurs privilégies de cette littérature, et agissent-ils pour la diffusion d’une œuvre singulière ou dans le cadre d’une action militante? Des acteurs individuels (écrivains, éditeurs, traducteurs, hispanistes, enseignants, journalistes, comédiens) ainsi que des institutions ont contribué à faire connaître cette littérature. Quelles actions ont-ils entrepris, à quelles difficultés ont-ils été confrontés, quels discours ont-il tenu, et quels résultats ont-ils obtenus ? Quels ont été les facteurs propices et les freins à la diffusion des œuvres ? S’auto-traduire ou écrire en français, comme l’a fait Jorge Semprun, est-il indispensable pour devenir une figure publique ? Quel accueil est fait aux traductions et quel est leur écho ? Comment sont accueillies les œuvres des exilés qui résident dans l’Amérique de langue espagnole ?
2- Comme le montre le roman Pas pleurer de Lydie Salvayre, lauréat du prix Goncourt en 2014, la guerre d’Espagne est toujours une source d’inspiration quatre-vingts ans après le conflit. Quelles sont les représentations de l’exil républicain espagnol véhiculées par les œuvres et par l’institution littéraire depuis la fin de la guerre? L’exil est-il un enjeu intergénérationnel ? Quel rôle joue l’imaginaire antifasciste dans la recréation littéraire de l’exil, et comment évolue la signification politique donnée au phénomène ? Quel lien entretient la représentation de l’exil républicain avec celle d’autres diasporas du vingtième et du vingt-et-unième siècle, et comment prend-elle place dans une littérature mémorielle qui cherche son inspiration dans des espaces culturels et linguistiques autres? Comment l’œuvre des auteurs exilés a-t-elle pu dialoguer avec la littérature d´accueil et trouver un nouveau public ? Dans quelle mesure les études postcoloniales et le contexte critique marqué par la globalisation reconfigurent la place de l’exil littéraire républicain dans les lettres francophones ?
3- Les archives non lues, une fois découvertes, constituent le point de départ d’investigations qui remettent en cause notre interprétation du passé et des textes. Quelles œuvres inédites ou insuffisamment connues doivent être préservées pour de futurs chercheurs en littérature, et comment contribuer à leur sauvegarde et à leur diffusion?
El exilio republicano español y el campo literario francófono
Congreso internacional Universidad Paris Nanterre, 4 y 5 de octubre 2019
Proyecto UPL Les non-lus de la contestation en péninsule ibérique (1926-2011) EA-369, CRIIA
El poema « Díptico español » de Luis Cernuda expresa la relación indisoluble entre el poeta y la lengua, su verdadera patria : « No he cambiado de tierra, /Porque no es posible a quien su lengua une, / Hasta la muerte, al menester de poesía ». El reencuentro de Cernuda con la lengua española en México tras varios años en Estados Unidos dio lugar a uno de los periodos mas fructíferos de su creación poética. El uso diario de la lengua tuvo seguramente que ver con la intensa creatividad de los escritores cuyo exilio transcurrió en la América hispana. El idioma común atenuaba lo que en su ensayo a menudo citado de 1948, Para quién escribimos nosotros, Francisco Ayala entendió como un problema acuciante: la pérdida de influencia de los escritores e intelectuales republicanos. La visibilidad de la literatura del exilio fue aún más escasa en los países donde el español era una lengua extranjera. Quienes permanecieron en Europa o en Estados Unidos tuvieron que aprender un idioma que a menudo desconocían antes de verse obligados a fijar allí su residencia. Exiliados de su tierra, fueron también exiliados de su lengua.
En los países francófonos como Francia, Bélgica y Suiza, la llegada masiva de los exiliados supuso una circunstancia agravante para el reconocimiento de los escritores y la difusión de sus obras literarias. La retirada fue la primera gran migración antifascista de Europa, y Francia respondió con la creación de campos de internamiento. Desde los años 90, historiadores e hispanistas franceses entre los que destaca Geneviève Dreyfus-Armand han dado a conocer las circunstancias de acogida de los Españoles en Francia. Diez años después del congreso plural del GEXEL « 70 años después », que dio lugar en Nanterre a un encuentro organizado por Bernard Sicot y titulado « La littérature espagnole et les camps français d’internement (1939-1945) », las presentes jornadas están dedicadas a los puentes existentes entre los escritores del exilio y las letras francófonas. El objetivo es estudiar de qué forma el campo literario francófono reacciona frente al exilio español republicano, y de qué forma el exilio republicano influencia el campo literario francófono. Entre otros temas, podrán tratarse las cuestiones siguientes:
1-¿Quiénes son los mediadores privilegiados de la literatura española del exilio en el ámbito francófono? ¿Quieren dar a conocer una obra individual o tienen proyecto político ? Determinadas figuras (escritores, editores, traductores, hispanistas, profesores, periodistas, actores) e instituciones han contribuido a divulgar la literatura de los exiliados. ¿Con qué medios han contado, qué obstáculos han superado, qué han escrito sobre los exiliados y qué han conseguido?¿Qué factores propiciaron y frenaron la difusión de los escritores exiliados? Fue un paso obligado autotraducirse o escribir en francés, como lo hizo Jorge Semprún, para convertirse en una figura pública? ¿Qué acogida reciben y qué trascendencia tienen las traducciones en las literaturas francófonas? ¿Cómo son recibidas las obras de los exiliados residentes en la América hispana?
2-Como lo indica la novela Pas pleurer de Lydie Salvayre, recompensada con el premio Goncourt en el 2014, la guerra española sigue siendo una fuente de inspiración ochenta años después de los acontecimientos. ¿Qué representaciones del exilio republicano español vehiculan la literatura y la institución literaria desde el fin de la guerra? ¿Qué significa el exilio para la segunda generación de escritores? ¿Qué papel desempeña el imaginario antifascista en la recreación literaria del exilio, y cómo evoluciona el significado político dado a este fenómeno? ¿De qué forma la obra de los autores exiliados dialoga con la literatura de acogida, y halla acaso un nuevo público? ¿Cómo afecta al lugar de la literatura del exilio en las letras francófonas un momento crítico marcado por la globalización y los estudios postcoloniales?
3- Los archivos no leídos, una vez descubiertos, son el punto de partida de investigaciones que cuestionan nuestra interpretación del pasado y de los textos. ¿Qué obras inéditas o insuficientemente conocidas han de ser preservadas para futuros estudiosos de la literatura, y de qué forma es posible contribuir a su salvaguarda y a su difusión ?
Las propuestas de comunicación se enviarán a con una presentación de los autores y un breve resumen (max. 1000 signos) antes del 1 de junio de 2019.
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