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L’interculturel en éducation. Approches comparatives entre la France, son aire d’influence et l’Amérique latine Télécharger au format iCal
 
Date indicative : Vendredi 19 avril 2019
Si la cohabitation de cultures diverses sur un même territoire n’est pas une réalité nouvelle, le modèle de l’État-nation a imposé une vision unitaire de l’« identité nationale ». Dès le XIXesiècle, l’instrument privilégié pour « instituer » cette nation unifiée a été l’éducation scolaire.En France, le « hussard noir » de la IIIe République promeut l’adhésion aux valeurs de lanation, sentiment censé conditionner la jouissance des droits politiques du citoyen – en vertud’une vision contractualiste de la société qui s’applique au seul territoire métropolitain, car les habitants de l’empire colonial restent exclus de l’accès à la pleine citoyenneté française. Dans les pays d’Amérique latine qui conquièrent leur indépendance au cours du XIXe siècle, l’école se voit assigner un rôle similaire, les élites créoles s’inspirant souvent directement dumodèle français.
En France comme en Amérique latine, l’accès à la citoyenneté repose donc sur l’assimilationà une culture nationale unitaire. La dévalorisation des langues et cultures locales, etl’invisibilisation des rapports de domination à l’œuvre dans cet universalisme supposé, sontsources de conflits. En Amérique latine, les mouvements indiens, soutenus par des partis politiques de gauche, l’église et la coopération internationale, prennent leur essor dans laseconde moitié du XXe siècle. Sur les territoires français, la contestation del’homogénéisation culturelle s’exprime dans les mouvements anticoloniaux de libérationnationale, mais aussi en métropole, par la persistance de formes de régionalisme culturel,puis sous les effets de la migration massive après l’indépendance des anciennes colonies. Dans le domaine éducatif, la recherche d’alternatives vient souvent des acteurs locaux,soutenus par des partenaires extérieurs à l’État ; c’est particulièrement le cas en Amériquelatine, où la faiblesse des institutions tend à être comblée par les liens sociaux (Martuccelli, 2010).
Or, dans les dernières décennies, les États ont commencé à reprendre à leur compte lanotion d’« éducation interculturelle », selon laquelle l’école devrait assumer la diversité culturelle des populations. En effet, d’après O. Meunier (2007), il existe trois approches de« l’interculturel en éducation » : l’éducation multiculturelle, l’éducation à la diversité et l’éducation interculturelle. Toutes trois sont fondées sur la reconnaissance de la diversité,mais leurs méthodes diffèrent : la première cherche à surpasser le racisme en développant les compétences individuelles, la deuxième vise à résoudre le dilemme entre lareconnaissance des différences identitaires et le principe de l’égalité citoyenne, tandis que la troisième propose « l’apprentissage de l’égalité » en contextes interactifs et intersubjectifs,par le biais de la « transmission d’un savoir pluriel et critique », dans le but de « différencier sans discriminer, de reconnaître la diversité culturelle sans jugement inégalitaire, del’appréhender sur le mode de la réciprocité des perspectives, de lutter contre l’ethnocentrisme, de structurer [la] personnalité [des individus] en termes pluralistes » (O. Meunier, 2007, pp. 11-12).
Selon les travaux sur l’éducation dans les Andes de P. Ames (2000), C. Walsh (2009), auMexique de E. Rockwell & E. González (2012) et en France de M. Abdallah-Pretceille (1995), les expériences scolaires correspondant à cette dernière catégorie semblent bienplus développées en Amérique latine, depuis les années 1970, qu’en France et dans son aire d’influence.
Nous engageons les participants à réfléchir sur la portée de la notion d’« éducation interculturelle », employée dans des contextes si différents que ceux de l’Amérique latine,de la France et de ses anciennes colonies. À quel degré a-t-elle été adoptée par les États, et dans quels buts ? Comment l’expérience de l’interculturalité éducative se développe-t-elle au prisme de la socio-histoire particulière de chaque territoire ? Et finalement, quels sont lesprincipaux effets sociaux de la mise en place ou de l’absence d’une politique d’éducation interculturelle chez les différents acteurs de l’éducation ?
Les différentes communications exposeront surtout des cas particuliers, à partir desquels nous chercherons ensemble à concevoir des critères de comparaison, afind’établir dans quelle mesure l’interculturel en éducation renvoie ou non à des significationscommunes d’un pays et d’une aire géographique à l’autre. Grâce à une transdisciplinarité essentielle pour aborder tant l’interculturalité que l’éducation, nous espérons que cettejournée de doctorants permettra d’apporter un éclairage nouveau tant sur les singularitésque sur les dynamiques communes des territoires étudiés, qui partagent une histoire longuede domination d’une culture sur les autres. L’interculturel en éducation constituera ainsi lemarqueur comparatif des formes de l’expérience démocratique entre la France, son ancien empire colonial et l’Amérique latine.
Les présentations retenues pourront faire l’objet d’une publication, au sein d’une revue française de jeunes chercheur.e.s en sciences humaines et sociales.
Lieu Campus Condorcet
Contact  ;
Les propositions de communication (en français ou en anglais, 500 mots maximum) sont à envoyer pour évaluation avant le 11 janvier 2019. Les coordinatrices feront part de leurs retours au cours du mois de janvier.
LIEN: https://www.campus-condorcet.fr/La-recherche-et-la-formation/Les-appels-a-projets/Les-journees-des-docrtorants-Campus-Condorcet-2018-2019

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