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Appel à communication
Colloque International « La fabrique du patrimoine immatériel en Europe et en Amérique »
Université de Bretagne Occidentale (Brest), 15-17 mai 2019
 
Le texte de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel approuvé en 2003 par l’UNESCO définit celui-ci comme « les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire - ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés - que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine ». Ce même texte précise que ce patrimoine culturel immatériel « se manifeste notamment dans les domaines suivants : (a) les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel ; (b) les arts du spectacle ; (c) les pratiques sociales, rituels et événements festifs ; (d) les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ; (e) les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel ».

Sans chercher à questionner ni la pertinence de cette définition ni les frontières parfois diffuses entre patrimoine matériel et immatériel, ce colloque a pour objectif de réfléchir aux processus de construction de ce patrimoine immatériel, à ses tenants et aboutissants, aux acteurs impliqués, aux buts poursuivis ainsi qu’aux risques et dangers liés à cette forme de patrimonialisation. 
Force est de constater que nous assistons depuis quelques années à une « mise en mémoire » de pratiques culturelles de plus en plus courante dont le but est la sauvegarde mais aussi une plus grande visibilité sociale dans des contextes (modernisation, urbanisation, globalisation, etc.) où celles-ci sont menacées ou du moins perçues comme étant en danger. Cette inflation mémorielle et patrimoniale à laquelle nous assistons serait en quelque sorte le résultat d’un combat pour préserver ces pratiques culturelles.
Ce colloque cherche à inscrire l’analyse du patrimoine immatériel dans un continuum qui intègre les processus de construction identitaire, la volonté de « mise en mémoire » de certaines pratiques et éléments culturels avec lesquels un groupe s’identifie en tant que groupe (ce qui implique la sélection de certains éléments et la mise à l’écart d’autres), puis le recours à la patrimonialisation de cet « héritage culturel » considéré comme une richesse commune à préserver ainsi qu’un élément central de l’identité.
D’entre tous les acteurs concernés par des processus de patrimonialisation, le colloque propose un recentrage sur trois groupes, à savoir : les populations immigrées (voire émigrées), les populations autochtones (amérindiens répartis sur tout le continent) et les habitants de régions où les revendications identitaires sont particulièrement fortes (Québec, Bretagne, Pays Basque, etc.). Le choix de ces trois groupes nous permettra de réaliser une mise en perspective sur les processus et les mécanismes adoptés au sein de chaque groupe, afin de dégager des particularités ou des points de rencontre. Il s’agira de comprendre la place que ces pratiques « patrimonialisatrices » occupent dans la construction de l’identité mais aussi dans leur besoin de reconnaissance et/ou légitimité en tant que collectif. La patrimonialisation du tango né des populations immigrantes installées à Buenos Aires, de la capoeira issue des populations afro-brésiliennes, de la pirekua des communautés autochtones de l’état mexicain de Michoacán pour le continent américain, et du fest-noz breton, des polyphonies corses (cantù in paghjhella) où du flamenco andalou pour le continent européen sont autant d’exemples de l’importance que ces différents groupes octroient aux processus de patrimonialisation.
Dans cette perspective qui allie les notions d’identité, mémoire et patrimoine, un premier angle d’approche privilégié est celui de la « fabrique » du patrimoine immatériel, c’est-à-dire, l’analyse des processus à partir desquels certains collectifs sélectionnent ou font émerger des objets, des savoirs ou savoir-faire et/ou pratiques culturelles dans un but de patrimonialisation ou d’institutionnalisation : quels sont les critères retenus ? Quel est le moment choisi pour cette demande ? Quels sont les acteurs impliqués ? Quels sont les formes choisies pour cette patrimonialisation (musée, demande de reconnaissance auprès d’organismes publiques nationaux et/ou supranationaux, expériences informelles hors circuits UNESCO, etc.) ?
Le colloque s’intéressera aussi bien aux initiatives conçues et menées par les populations qu’à celles envisagées et déployées par les instances publiques (régionales, nationales, ou supra voire trans – nationales), comme c’est par exemple le cas des différents musées des migrations ou ceux concernant les populations autochtones. Quelle est le but de cette transformation du patrimoine d’un groupe minoritaire en patrimoine « national » puis patrimoine de l’humanité ? Quels sont les usages publics de ces pratiques « patrimonialisées » ? Comment cette « mise en patrimoine » est perçue par les groupes concernés ?
Un dernier angle d’approche privilégié sera l’analyse du rôle de la notion de danger dans les processus de patrimonialisation et ses conséquences. Quelles sont les stratégies déployées pour faire face à la très forte vulnérabilité de ces cultures immatérielles, orales pour la plupart d’entre elles ? Quelles sont les actions mises en place par l’ensemble des acteurs concernés pour les « protéger » des « dangers » liés à la globalisation, l’urbanisation, le tourisme, les transformations de la vie contemporaine, la technologie, etc. ? Comment se positionnent-ils quand le patrimoine immatériel devient une simple attraction touristique ou un produit commercial ? Est-il possible de faire en sorte que ce même patrimoine garde son dynamisme et sa capacité à évoluer et éviter de le « fossiliser » ou de le considérer comme un élément exotique du passé ?
D’un point de vue méthodologique, l’approche proposée par le colloque sera avant tout pluri et interdisciplinaire ; tous les points de vue seront les bienvenus, qu’ils aient trait avec l’histoire, la sociologie, l’anthropologie, la géographie, l’urbanisme, l’architecture, l’histoire de l’art, les sciences de la nature et de l’environnement, le droit, la narratologie, etc. Les analyses pourront adopter une perspective diachronique aussi bien que synchronique et également miser sur la comparaison entre plusieurs processus de patrimonialisation.
Les propositions (en anglais, en français, en portugais ou en espagnol) devront comporter le nom et le prénom, le titre, un résumé de la communication d’environ 300-500 mots et une brève notice biographique. Elles devront être envoyées avant le 15 décembre 2018.
Elles seront à adresser conjointement aux organisatrices du colloque :
  • Edna Hernández González:
  • María José Fernández Vicente:
 
La réponse du comité scientifique sera envoyée aux intervenant.e.s avant le 15 janvier 2019.
 
Comité scientifique: Catherine Conan (Université de Bretagne Occidentale), Eliane Elmaleh (Le Mans Université), María José Fernández Vicente (Université de Bretagne Occidentale), Edna Hernández González (Université de Bretagne Occidentale), Marcelo Carlos Huernos (Universidad Nacional de Buenos Aires), Daniel Le Couédic (Université de Bretagne Occidentale), Anne Le Guellec (Université de Bretagne Occidentale), María Estela Mansur (Universidad Nacional de Tierra del Fuego), Guy Mercier (Université Laval), Marie-Christine Michaud (Université Bretagne Sud), Silvia Nemer (Fundação Casa de Rui Barbosa), Jimena Obregon (Université de Rennes 2),  Miguel Olmos Aguilera (Colegio de la Frontera Norte), Marie Laure Poulot (Université de Cergy Pontoise), Sylvie Pédron-Colombani (Université Paris Nanterre), Lionel Prigent (Université de Bretagne Occidentale), Aurelio Sánchez Suárez (Universidad de Yucatán), Jean-Marc Serme (Université de Bretagne Occidentale), Sheri Shuck-Hall (Christopher Newport University).
 
Lieu Brest
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