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Diabolus in littera (2) : le vertige herméneutique 
Lors d’une première journée d’études qui s’est tenue le 5 mai 2017, médiévistes, spécialistes de littérature française, d’histoire de l’art (iconographie), historiens de l’Espagne et spécialistes de littérature espagnole moderne se sont retrouvés pour réfléchir ensemble, selon une pluralité d’approches thématiques et méthodologiques, sur les manifestations de la parole démoniaque dans le champ narratif. Tout en dégageant les spécificités de diverses aires géographiques (France, Espagne, Italie et Allemagne) et en inscrivant la réflexion dans une chronologie significative (du Moyen Âge au XVIIesiècle) faisant apparaître éléments de continuité et points de rupture, les réflexions proposées ont exploré les spécificités de cette parole en tant qu’élément dialogique, qu’opérateur narratif, et que procédé ou dispositif rhétoriques. 
Les communications présentées dans ce cadre ont remis au centre de la réflexion la nature profondément ambivalente d’un personnage caractérisé par une malignité synonyme de duplicité, conformément à la signification néo-testamentaire du nom du démon, le diviseur (Muchembled, Une histoire du diable, 10). Traduction stylistique des effets de son discours, la figure du paradoxe, dans sa récurrence, a mis en évidence la profondeur herméneutique des apparitions du diable. Par définition, la parole du tentateur ne saurait être une, pas plus que son interprétation n’est unilatérale. Terrifiant ou grotesque selon les époques et les lieux où il se manifeste, le diable possède donc une parole frappée au coin de la subtilité et de la versatilité. Que ces qualités se donnent à voir directement dans la rutilance et l’ambivalence inhérentes au verbe démoniaque ou dans son inscription au cœur de décors et de dispositifs textuels complexes et subtils, le discours du diable pousse à la quête herméneutique. De ce fait, cette parole, ou celle de ses substituts divers, devient un vecteur de choix pour tout discours oblique de disciplinement des âmes et des esprits, tout discours ne pouvant s’épanouir librement – dans une perspective inspirée des théories de Leo Strauss dans La persécution ou l’art d’écrire –, ou tout discours ayant encore intérêt à s’exprimer sous un voile opportun pour ne s’adresser qu’aux seuls initiés, à une élite. La démultiplication et/ou diffraction du sens, l’apparition de la discordance, préludes à l’affleurement du détour, conduisent à l’épanouissement d’un ou de plusieurs autres discours
Il paraît donc intéressant, pour ce second volet de Diabolus in littera, de renverser la perspective. Il s’agit à présent de considérer le/les point(s) d’articulation entre les stratégies rhétoriques à l’œuvre au cœur de la parole démoniaque et les discours variés qui leur sont associés. L’approche retenue ici ne se réduit pas au simple recensement des interactions entre fond et forme. Il s’agit en réalité de chercher des lignes de faîte et des points de rencontre particuliers entre une parole démoniaque qui possède une physionomie propre et un propos suffisamment plastique pour s’y couler. Pour ce faire, il conviendra :
- de mettre au jour des/les discours confiés de façon récurrente à la parole du diable ;
- d’identifier des contextes particuliers favorisant cette rencontre (temps de controverses intellectuelles ou religieuses, d’oppositions idéologiques, etc.) à travers les époques ;
- de rechercher si certains procédés rhétoriques peuvent être associés à des développements thématiques particuliers, notamment par la comparaison entre des œuvres d’une même période. 
D’autres voies pourront être explorées pour entreprendre d’ébaucher une cartographie multiple sur laquelle placer des apparitions de la parole démoniaque 
- selon des aires géographiques et des périodes significatives
- selon des préoccupations idéologiques délimitant autant de champs thématiques
- selon des traditions rhétoriques et poétiques propres à ces espaces et à ces périodes, à une communauté ou à une aire géographique, ou encore à une époque donnée.
Cette journée d’études intitulée Diabolus in littera (2) : le vertige herméneutiquese déroulera à l’Université Paul Valéry-Montpellier 3 le 5 octobre 2018. Les propositions de communications sont à envoyer à Catherine Nicolas ()et Fabrice Quero ()avant le 25 juin 2018.
Lieu Université Paul Valéry-Montpellier 3
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