La Nature à l’écran: enjeux culturels, sociaux et politiques
Journée organisée par la section française de la Asociación de Historia Actual
13 mars 2026 – Collège d’Espagne (Paris)
Le XXe siècle aura fait accéder l’humanité à une perception de la nature comme une réalité non plus strictement locale, comme elle l’était autrefois pour les sociétés rurales (telle rivière, forêt ou espèce animale…), mais comme un système global dont chaque élément entre en interaction avec les autres. Plus récemment, on assiste à une remise en cause du postulat naturaliste né en Europe au Siècle des Lumières, et qui se voulait universaliste, d’une rupture entre les œuvres humaines – la culture – et la nature – vue comme une réalité physique – : le continent américain en particulier est le lieu de résurgence de cosmovisions basées sur un système holistique de relations et où le concept même de nature est inopérant (Descola, 2005 ; Latour, 2015).
Cette double transformation de la perception de la nature entraîne un renouvellement de l’esthétique environnementale (Morizot et Zhong Mengual, 2018) ; elle accompagne l’avènement de l’omnipotence et l’omniprésence des écrans dans nos sociétés contemporaines – cinéma, télévision, appareils numériques – qui diffusent des flots d’images venues des quatre coins du monde, rendant l’exotique presque familier.
Encore peu étudié dans le domaine hispanophone, ce phénomène soulève pourtant de nombreuses questions d’ordre aussi bien culturelles et médiatiques qu’anthropologiques, sociales, politiques et évidemment éthiques. Comment, et depuis quand, les formats audiovisuels se font-ils le miroir des relations complexes des sociétés à la nature, en lien avec les transformations politiques, sociales et économiques que connaissent ces sociétés ? Quels rôles jouent ces représentations ? Comment la dimension « spectaculaire » des représentations de l’environnement peut-elle influencer voire reconfigurer les relations entre « humain » et « non-humain » ? Que disent ces présentations du rapport de ces sociétés à leur environnement et au reste du monde ? Voici quelques-unes des interrogations auxquelles cette journée d’étude essaiera d’apporter des réponses à travers les axes suivants :
- La représentation des catastrophes dites « naturelles » à l’écran et la fragilité de l’homme face à ces « menaces ».
- La démonstration de la maîtrise des éléments naturels par l’homme : progrès technologique, modernité triomphante… voire outil de propagande politique.
- Patrimoine naturel et identités collectives.
- La nature comme paradis (perdu ?) : contemplation et idéalisation.
- Nature, science et formats documentaires : vulgarisation et lanceurs d’alerte sur la crise environnementale.
- La nature comme objet de consommation, de loisir et de divertissement.
- La perception de la nature « écranique » et ses effets sur les imaginaires collectifs.
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BIBLIOGRAPHIE
CASADO DE OTAOLA, Santos, Naturaleza patria. Ciencia y sentimiento de la naturaleza en la España del regeneracionismo, Madrid, Marcial Pons Historia, 2010.
COELHO, Salomé Lopes ; CUNHA, Mariana ; PRYSTHON, Angela, “Nature/Ch’ixi/Culture and the Cinemas of Latin America: An Introduction”, La Furia Umana, 46, 2025, p.1-7.
DEPETRIS CHAUVIN, Irene ; GATTAS VARGAS, Maia ; ESCOBAR PESANO, Paz, dossier “Posnaturaleza y crisis ecológica en el audiovisual latinoamericano contemporáneo”, En la otra isla. Revista de Audiovisual Latinoamericano, n°11, 2024.
DESCOLA, Philippe, Par-delà nature et culture, Paris, Folio Gallimard, 2005.
DIEGUES, Antonio Carlos, El mito moderno de la naturaleza intocada, Ed. Abya-Yala, Quito, 1999 (1a edición en portugués 1996).
LATOUR, Bruno, Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique, Paris, La Découverte, 2015.
MARIS, Virginie, La part sauvage du monde. Penser la nature dans l'Anthropocène, Paris, Seuil, coll. « Anthropocène », 2018.
MORIZOT, Baptiste et ZHONG MENGUAL, Estelle, « L’illisibilité du paysage. Enquête sur la crise écologique comme crise de la sensibilité », Nouvelle Revue d’Esthétique, 2018/2, n°22, p. 87-96.
TABERNERO, Carlos, « ‘La libertad de todos los seres vivos’. Naturaleza, ciencias naturales y la imagen de España en la obra de Félix Rodríguez de la Fuente », Arbor, 192 (781), 2016.
COORDINATION
Jean-Stéphane Durán-Froix, Université Paris-Nanterre, .
Virginie Gautier N’Dah-Sékou, Université Paris-Est Créteil,
COMITÉ ORGANISATEUR
Géraldine Galeote (Université de Pau Pays de l’Adour)
Pierre-Paul Gregorio (Université de Bourgogne)
Maitane Ostolaza (Université de Perpignan Via Domitia)
Alejandro Román Antequera (Université Paris-Est Créteil)
Envoi par mail des propositions de communications contenant un titre, un résumé de 100 à 200 mots, et une brève bio-bibliographie, au plus tard le 17 décembre 2025 aux adresses : et .
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