Colloque "A vrai dire". Economies du témoignage dans les mondes hispanique et latino-américain (Moyen-Âge-XXIème siècle) |
![]() |
|||||
|
||||||
« A vrai dire ». Économies du témoignage dans les mondes hispanique et latino-américain (Moyen Âge - XXIe siècle) Aix-Marseille Université, Faculté ALLSH, Centre Aixois d’Études Romanes (CAER) 3, 4 et 5 juin 2025, Aix-en-Provence Si, à l’origine, le témoignage est circonscrit au cadre judiciaire et religieux on observe aujourd’hui une extension de ses acceptions et de ses formes, ainsi qu’une expansion de ses pratiques. Récits d’une expérience spirituelle, récits des opprimés et des minorités, des auteurs ou symétriquement, des porteurs d’une offense, récits, encore, d’une réalité extra-ordinaire (explorateurs, voyageurs) ou d’une intimité singulière, l’éventail du témoignage est vaste et protéiforme. Il dépasse largement le prétoire et l’Église, pour s’inscrire, alors, au cœur de la démarche historienne et de nombreuses sciences sociales aux yeux desquelles il est à la fois source et objet d’étude. Il alimente également les arts, la littérature et les discours des médias, au point que certains y voient un phénomène de mode développé autour du « marché de la confession »[1]. Le témoignage peut être défini dans sa relation avec la croyance, en tant qu’acte persuasif chargé d’accréditer la vérité, d’en fournir une preuve permettant de doter la croyance d’un régime d’objectivité. D’ailleurs, l’étymologie du terme, qui lie historiquement la notion de témoignage au champ judiciaire, l’associe étroitement à celle de vérité. Le radical testis est issu de la forme tristis qui signifiait « qui se tient en tiers » dans un procès –renvoie au troisième intervenant qui, dans le règlement ancien de la justice, officiait comme soutien de chacune des partie[2]. L’acte de témoignage constitue fondamentalement un acte de langage par sa capacité, son autorisation –le témoignage est un argument d’autorité– à dire où est le vrai, à objectiver la croyance, avec toutes les conséquences, notamment concrètes, que cette objectivation peut avoir. Cet acte persuasif tire son pouvoir d’objectivation de l’expérience que le témoin a eu du fait, de l’événement révolu. Une expérience du sensible dont il a gardé trace et qu’il prétend transmettre. Témoigner consiste donc à rendre présente une vérité qui n’est pas ou plus accessible. Le témoin est celui qui porte la trace de la vérité qu’il énonce puisqu’il entretient un rapport charnel avec cette dernière. Le témoignage serait donc, par-delà la diversité de ses figurations et des champs auxquels il se rapporte, l’enregistrement de cette trace laissée sur le corps du témoin –qui a vu, entendu, perçu ou vécu– et que ce dernier transmet en engageant sa parole par une énonciation à la première personne. Aujourd’hui, l’essor du genre discursif du témoignage relève de la culture mémorielle qui s’est développée à l’échelle mondiale, au cours des dernières décennies, au point de devenir omniprésente comme enjeu éthique et politique dans le débat public, à la suite des différentes vagues de justice transitionnelle, et comme bien culturel des sociétés de consommation. Aussi, l’Espagne comme nombre de pays latino-américains, confrontés à la nécessité d’interroger une histoire récente conflictuelle, ont progressivement basculé dans « l’ère du témoin »[3]. Entre passé et présent, du Moyen Âge à nos jours, c’est à une analyse diachronique des usages du témoignage et des sens qu’il revêt dans les sociétés hispanophones que ce colloque sera consacré afin de percevoir toute l’épaisseur et les évolutions qui caractérisent cette pratique discursive. Les axes du colloque et les modalités de propositions sont consultables ici Comité organisateur : Dante Barrientos Tecún (CAER, AMU) Eve Fourmont (TELEMMe, AMU) Michel Jonin (CAER, AMU) Julie Marchio (CAER, AMU) Sophie-Bérangère Singlard (CAER, AMU)
Comité scientifique : Luis Fernando Arévalo (CUYNACO, UIS, Bucaramanga, Colombie) Dante Barrientos Tecún (CAER, AMU) Eve Fourmont (TELEMMe, AMU) Valeria Grinberg Pla (Bowling Green State University, Ohio, USA) Michel Jonin (CAER, AMU) Emanuela Jossa (Università della Calabria, Italie) Werner Mackenbach (CIHAC, Universidad de Costa Rica) Julie Marchio (CAER, AMU) Ana Cecilia Ojeda (CUYNACO, UIS, Bucaramanga, Colombie) Sophie-Bérangère Singlard (CAER, AMU) María Jesús Zamora Calvo (Universidad Autónoma de Madrid)
[1] Nelly RICHARD, “No-revelaciones, confesiones y transacciones de género”, in Crítica de la memoria, Chile, Universidad Diego Portales, 2010, p. 80-97. [2] Alain REY, Dictionnaire historique de la langue française, article « témoin », Dictionnaires LE ROBERT, Paris, 1992. [3] Annette WIEVIORKA, L’Ere du témoin, Paris, Plon, 1998. |
||||||
Lieu Aix-Marseille Université, ALLSH, CAER (Aix-en-Pce) | ||||||
Contact | ||||||
Aucun évènement |
Aucun évènement |