« Confidence » et « confiance » ont la même racine étymologique. Lorsque, dans sa vie privée, on fait une confidence à quelqu’un, c’est que l’on place sa confiance dans cette personne, que l’on croit en sa fidélité. Les confidences faites à un médecin ou un psychanalyste sont destinées à son seul usage pour qu’il aide le patient sur la voie de la guérison. Les confidences destinées à un(e) ou plusieurs ami (e)s n’ont pas vocation à être diffusées à autrui. Mettre dans la confidence équivaut à construire un espace fermé, réservé, qui n’est accessible qu’à un petit cercle de personnes choisies. Mais ce qui est dit « entre nous » se limite-t-il vraiment à des interlocuteurs privilégiés ?
Au-delà des confidences révélées dans l’espace privé, il y a celles divulguées dans l’espace public. Les autobiographies, les mémoires, l’exposition d’un projet politique, les interviews données dans des journaux, les confessions sur le divan d’un plateau télé et plus récemment encore les blogs, se présentent comme des confidences : la personne qui écrit ou parle semble se dévoiler en partie à son auditeur ou son lecteur, mais le prétendu sceau du secret est rompu par le nombre de ses bénéficiaires.
Bien des auteurs, à commencer par Saint-Augustin puis Jean-Jacques Rousseau, pour ne citer que les plus célèbres, nous ont conté leur parcours et fait profiter de leurs réflexions. Plus récemment, le goût pour la mise en scène de l’intime a fait fleurir les confidences, que ce soit en musique, dans le cinéma ou dans la presse, comme si la confidence avait valeur de vérité, anticipant dès le début du 20ème siècle les émissions de télé-réalité actuelles.
La confidence peut être un soulagement et créer un lien plus fort entre deux êtres. Lorsqu’on reçoit une confidence, ne se sent-on pas obligé d’en faire une en retour pour établir une relation de confiance réciproque? Ne représente-t-elle pas aussi une mise en danger, une possibilité de trahison et de vengeance ultérieure si la relation de confiance s’altère par la suite ? Elle peut mener sur une pente glissante par un jeu de questions-réponses qui entraîne toujours plus loin dans les confidences et par suite dans le risque. Dans ces circonstances, la confidence peut avoir plusieurs statuts : révélation intime, exhibition masquée, ou tout bonnement manipulation d’un destinataire crédule. Comment déceler la confidence sincère des « fausses confidences » destinées à manipuler le récepteur du message ?
L’ouvrage se propose d’étudier les différents aspects de la confidence, la nature du lien entre l’émetteur et le récepteur de confidences et/ou les implications de ces confidences. On pourra se demander en quoi la notion de confidence peut affecter le statut et le rôle du destinataire du message confié. On pourra également étudier le lien avec les aveux, extériorisation d’une faute, d’un crime ou d’un amour, ainsi qu’avec la confession, qui est à la fois confidence et aveu. Les contributions pourront toucher aux domaines de la littérature, de la sociologie, de la psychologie, des sciences du langage et des études filmiques.
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