Nous avons initié, en septembre 2015, un travail de recherche sur la construction des identités nationales en Espagne/Europe (XIXe-XXIe siècles), au sein de l’axe IBERHIS – Histoire et Culture des Mondes Ibériques – du laboratoire du CRIMIC, en collaboration avec des chercheurs d’autres universités françaises et espagnoles afin d’apporter de nouvelles analyses sur cette question qui fait débat. La perspective d’un nouveau regard nous a amenés à nous intéresser à la question des stéréotypes depuis une perspective transnationale. Il s’agit d’analyser les processus de construction et d’élaboration des stéréotypes, mais également les processus de réappropriation de ceux-ci (réception, incorporation et/ou instrumentalisation). Cette approche va nous permettre d’analyser l’articulation entre les identités nationales au sein de l’Europe, entre ces dernières et les identités régionales mais aussi, d’une manière plus recentrée, entre des groupes à une échelle plus réduite. De même, nous interrogerons la notion de fracture au sein de ces identités nationales. Le caractère global que nous souhaitons donner à nos recherches a pour objectif de mieux appréhender la question des stéréotypes dans son ensemble et depuis ses diverses manifestations puisqu’il s’agira, in fine, de participer à la théorisation de ce concept multiforme, ainsi qu’à l’étude de ses implications sur la construction des identités nationales. Les chercheurs ayant travaillé sur les stéréotypes s’accordent à dire qu’il s’agit d’une notion difficile à appréhender, aux contours flous et avec des fonctions diverses. Cliché, poncif, idée reçue, lieu commun, opinion, image, représentation, croyance, doxa, autant de termes qui lui sont associés, voire utilisés indistinctement pour y faire référence. Roland Barthes écrit, dans son ouvrage Roland Barthes par Roland Barthes : « La vérité est dans la consistance, dit Poe (Eurêka). Donc, celui qui ne supporte pas la consistance se ferme à une éthique de la vérité ; il lâche le mot, la proposition, l’idée, dès qu’ils prennent et passent à l’état de solide, de stéréotype (stéréos veut dire solide) ». Le stéréotype est-il alors une solidification de la pensée, dans le sens d’immobilisation, tel que l’affirme Roland Barthes ? N’est-il finalement qu’un élément de confort identitaire pour les membres du groupe ou de la communauté qui l’utilisent ? Peut-il devenir un symbole identitaire et/ou participer à la construction d’une « communauté imaginée », pour reprendre la formule de Benedict Anderson ? Quelle est l’articulation entre stéréotypes et identité nationale ? Tous ces questionnements seront au cœur du colloque international que nous organisons les 16 et 17 mars 2017 et qui fait suite à la journée d’études que nous avions organisée, à l’Université de Paris-Sorbonne, le 19 février 2016, sur « Les stéréotypes dans la construction des identités nationales : nouveaux regards ».
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