Silence(s) et pouvoir(s) (Journée doctorale du laboratoire REMELICE, Orléans) |
|
|||||
|
||||||
Appel à communications pour la Journée doctorale du laboratoire REMELICE,
ouverte aux doctorant(e)s et jeunes chercheur(se)s “Silence(s) et pouvoir(s)”
Orléans, le 21 mai 2024
Les propositions de communication (300 à 500 mots) devront être envoyées avant le 28 février à l’adresse mail : ] Conçue initialement comme une absence de bruit, la notion de silence est intrinsèquement liée à celles d’expression, de parole(s) et de langage(s). Depuis quelques décennies, ladite notion s’est construite comme objet d’étude à part entière (Corbin, 2016), et la journée doctorale à venir s’intéressera à ses relations avec le concept polysémique de pouvoir, et ce, dans une perspective interdisciplinaire.
Le silence est d’abord concevable comme la matérialisation d’un pouvoir qui rend impossible, refuse et/ou (dé)nie la parole. Se taire peut être une attitude révélatrice d’un effroi, d’une souffrance, renvoyant à une volonté de taire un événement indicible. Le thème de la journée sera donc en lien avec les Trauma Studies et avec des questions tant politiques que psychologiques, inhérentes au travail de verbalisation et de mise en mots. Une telle problématique est en relation avec des enjeux historiographiques et épistémologiques, dans la mesure où nombre de champs académiques contemporains se construisent autour d’une visibilisation des catégories de la population qui se voyaient auparavant refuser le droit à la parole, en particulier depuis des approches intersectionnelles (Crenshaw, 1989) nourries par les études féministes (Woolf, 1929 ; Beauvoir, 1949), postcoloniales (Spivak, 1985), et queer ou LGBT+ (Eribon, 1999). On s’intéressera donc aux manières dont le(s) pouvoir(s) imposent le silence, qu’il soit collectif ou individuel. Des notions comme celles de censure et d’autocensure peuvent être mobilisées, tant depuis les sciences politiques que depuis la psychologie ou la psychanalyse.
Comment et pourquoi sortir du silence ? Comment traduire ce qui ne pouvait être exprimé, ce qui semblait indicible et, de ce fait, invisible ? De telles questions renvoient à des enjeux multiples, auxquels les arts et la littérature répondent sur le mode de la traduction et/ou de la transposition. Il peut s’agir de mettre en mots ou en images une expérience jusqu’alors indicible ou irreprésentable, tout aussi bien que de passer d’une langue à une autre. Échapper au(x) pouvoir(s) qui imposent le silence est donc une entreprise qui engage les notions plurielles de transfert, de transposition et de traduction, pour la création autant que pour la critique universitaire. En témoignent le néologisme “silenciation” (Paveau, 2014 ; Dotson, 2011) et l’expression “sortir du silence”, récurrents dans les discours médiatiques contemporains.
À l’ère de la communication omniprésente, il importe enfin de se pencher sur le(s) pouvoir(s) du silence, puisque le refus de parler et de s’exprimer peut résulter d’une décision individuelle ou collective, comme en témoignent le vœu de silence réalisé dans certaines communautés et la minute de silence instituée en mémoire d’un événement tragique. Silence et empowerment ne sont donc pas des notions forcément antithétiques et, en ce sens, les artistes qui passent sous silence certains épisodes ou thématiques invitent à convoquer les notions d’implicite, de non-dit et de tabou. En musique également, le silence fait partie intégrante de l'œuvre, de sorte qu’il importe de ne pas concevoir de manière univoque les termes de silence et de pouvoir.
Suit une liste non-exhaustive des sujets sur lesquels des propositions de communication seront bienvenues :
censure et autocensure
tabou, non-dit, implicite verbalisation, visibilisation et réappropriation mise en mots, mise en images Traduction et transfert indicible, imprononçable et irreprésentable silenciation et sortie du silence espaces de parole et de visibilité —
Les propositions de communication (300 à 500 mots) devront être envoyées avant le 28 février à l’adresse mail :
La journée se tiendra en présentiel à l’Université d’Orléans le 21 mai 2024.
Le déjeuner sera offert aux intervenant(e)s.
Comité d’organisation : CRÉMOUX-LE ROUX Marguerite ; CROWELL Michelle ; DERRIEN Stanislas ; FERREIRA Agathe ; GITHONGO Susan ; JEANGIRARD Thomas ; MARTY Sophie ; Dean Liathine MCDONALD ; MAZÉ Megane ; MCDONALD Dean ; SCHRAMM Elise ; SARRE Caroline Bibliographie : BHABHA Homi K, The Location of Culture, London, Routledge, 1994. CORBIN Alain, Histoire du silence, Paris, Albin Michel, 2016. CRENSHAW Kimberlé, “Demarginalizing the Intersection of Race and Sex: A Black Feminist Critique of Antidiscrimination Doctrine”, in Feminist Theory and Antiracist Politics, Chicago, University of Chicago, 1989. DE BEAUVOIR Simone, Le Deuxième sexe, Paris, Gallimard, 1949. DIET, Emmanuel, “Dire pour taire et faire taire. L’empêchement de penser et le cryptôme”, in Connexions, 109(1), 2018, 55-70. DOTSON Kristie, “Tracking Epistemic Violence, Tracking Practices of Silencing”, Hypatia, 26(2), 236–257. ERIBON Didier, Réflexions sur la question gay, Paris, Fayard, 1999. OLSEN Tillie Silences, New York, Delacorte Press/Seymour Lawrence, 1978. GENETTE Gérard, Figures III, Éditions du Seuil, Paris, 1972. JOUVE Vincent, Poétique du roman, Armand Colin, Paris, 2014. MORRIS, Rosalind, ed., Can the Subaltern Speak? Reflections on the History of an Idea, Colombia University Press, New York, 2010. MORRISON Toni, Mouth of Blood: Essays, Speeches, Meditations, London, Penguin Random House UK, 2019. MORRISON Toni, Playing in the Dark: Whiteness and the Literary Imagination, Cambridge, Massachussetts, Harvard University Press, 1992. PAVEAU Marie-Anne, “Politique du silence. Les femmes et les jeunes gens ne parlent pas à la table du pouvoir” [2014], La pensée du discours [Carnet de recherche], http://penseedudiscours.hypotheses.org/?p=13373, consulté le 13 décembre 2023. SALMON Christian, L’art du silence, Paris, Les liens qui libèrent, 2022 SPIVAK Gayatri, “Can the Subaltern Speak ?” [1985], in Cary Nelson et Lawrence Grossberg (dir.), Marxism and the Interprétation of Culture, Champaign, University of Illinois Press, 1988. VALERY Paul, Tel quel, Paris, Editions Gallimard, 2003. WOOLF Virginia, A Room of One’s Own, Londres, Hogarth Press, 1929. |
||||||
Lieu Université d'Orléans | ||||||
Contact | ||||||
Aucun évènement |
Aucun évènement |