LA GUERRE ET LA PAIX DANS LES SOCIETES DES SUDS
Journées d’études doctorales
Université Paul-Valéry– LLACS
30 septembre et 1er octobre 2016
Pour la quatrième année consécutive, les doctorants du laboratoire de recherche LLACS (Langues, Littératures, Arts et Cultures des Suds) ont le plaisir de vous convier à de nouvelles journées de rencontre entre doctorants de diverses disciplines.
Alors qu'il semble impossible d'évoquer le XXe siècle sans citer les guerres – totales, civiles ou génocides – et les violences qui ravagèrent les continents, à l'aube du XXIe, des frontières de l'Europe nous parviennent des images – chaque fois nouvelles mais qu'il nous emble revoir – de fosses communes, d'enfants affamés ou assassinés, de corps décharnés, de camps de réfugiés fuyant une violence que l'on croyait d'un autre temps. Cette violence génère une cascade de questionnements et une recherche de certitudes dans la profusion éditoriale disponible – témoignages, analyses politiques, sociologie de la guerre, psychologie sociale – comme autant de réponses aux inquiétudes de l'Homme moderne.
Bien qu'héritiers d'une civilisation qui a, depuis ses origines, conçu les conflits en termes de son dépassement, nous sommes censés repenser les pratiques sociales et culturelles au-delà de la logique des moyens et des fins. Ceci est d’autant plus vrai que la nature des conflits s’inscrit, par définition, sur le long terme, et que l’archéologie du savoir peut aujourd’hui fournir une approche du conflit qui nous révèle sa nature originaire et sa cohérence dans le tourbillon de l’histoire. L'enjeu de cette rencontre est également de revenir au πόλεμος, au Pólemos d'Héraclite, qui ne désigne pas seulement l'affrontement physique, armé, mais qui renvoie également à l'idée de conflit, de querelle, de discorde. C'est pourquoi nous souhaitons que les arts, la littérature et la philosophie aient toute leur place aux côtés de l'Histoire et de l'étude des civilisations. Parmi les types de conflits nous incluons ceux s'inscrivant dans la sphère publique, notamment entre le peuple et les élites, jusqu'à celle plus intime des conflits intérieurs.
Quand vient la fin de la confrontation, les processus de reconstruction – matérielle et psychologique –, la création de bases nouvelles et saines sur lesquelles fonder la paix son précédés d'une phase de transition, comprise comme un espace de négociation et d'incertitudes. Le franchissement de cette étape, dont les frontières restent floues, ne signifie pas pour autant l'établissement d'une paix que Victor Hugo définissait lui-même comme étant "la guerre des idées".
En effet, peut-on s'en tenir au legs testamentaire d'Alfred Nobel définissant la paix comme un
"rapprochement des peuples" qui conduirait à "la suppression des armées permanentes"? Les
remises en questions successives des récents lauréats montrent toute la difficulté à s'accorder sur cette notion. Toute paix entendue non seulement comme absence de guerre mais de toute forme de violence ne serait-elle pas une utopie? Quoiqu'il en soit, la paix ne s'obtiendrait pas passivement, mais par un engagement et des sacrifices qui participeraient à la construction d'un avenir fondé sur de nouveaux langages et des équilibres précaires passant par l'entente, réelle ou imposée, entre deux groupes antagonistes.
Nous souhaitons ainsi repenser l'histoire des sociétés confrontées à la guerre afin de déterminer dans quelle mesure elles ont forgé les sociétés des Suds en termes culturels, politiques et économiques.
Afin d'illustrer la complexité de ces notions de guerre et de paix, cette journée d'étude souhaite s'inscrire dans une perspective large, de l'Antiquité à nos jours. De même, parce que notre histoire et notre culture sont étroitement liées, nous souhaitons étendre la réflexion menée par l'équipe du LLACS aux autres « Suds » méditerranéens, et notamment aux pays du Maghreb. Cette perspective requiert également un dialogue transdisciplinaire, au sein duquel l'histoire, la géographie, la littérature, la sociologie, la psychologie, ou l'anthropologie proposent des réflexions différentes, qui pourront s'articuler autour de trois axes essentiels:
1. Dans un premier temps nous privilégierons les différentes formes et manifestations de la guerre, à la fois machination d'une élite et expérience de masse mûes par la peur de l'autre ou d'elles-mêmes, modifiant les équilibres géopolitiques et les rapports sociaux. L'étude de ces manifestations devrait permettre de mettre en lumière les invariants d'un conflit à l'autre et de s'interroger sur la notion de brutalité originelle. L'axe embrasse aussi les nouvelles définitions de la paix pouvant être tirées de différentes lectures du conflit, celle imposée par le pouvoir établi à travers la propagande, comme celle revendiquée ou négociée par l'ensemble.
2. Ensuite nous nous pencherons sur les enjeux et les conséquences du conflit et de sa résolution. Sur les vaincus, les victimes, les oubliés, les générations sacrifiées, les exilés, autant que sur les vainqueurs et les oppresseurs. L'objet dans cet axe est de rendre visibles les clivages au coeur des rapports de domination ainsi que de suivre l'évolution des rôles assumés par les hommes et les femmes dans ce contexte. Enfin, si l'analyse de témoignages présentés à travers des supports variés (romans, articles, films) permet de dessiner les contours d'une certaine "culture de guerre", qu'en est-il en temps de paix? A ce stade nous pourrons nous interroger sur la place de la création artistique, sous toutes ses formes, pour résister à la fois à l'ennemi et à l'oubli.
3. Un dernier axe de réflexion nous permettrait d'amorcer une réflexion autour de l'évolution
du conflit et des processus de paix. Qu'il s'agisse aussi bien de redessiner des frontières, de fonder une nouvelle union nationale et un Etat de droit pour maintenir la paix, de reconstruire ne économie dans un milieu dévasté, que de se reconstruire soi-même après le traumatisme.
Retour des propositions:
Les propositions, rédigées en français, devront être envoyées avant le 8 mai avec les informations suivantes : nom et prénom du doctorant, adresse électronique, affiliation institutionnelle, sujet de la thèse en cours, titre et résumé de la communication de 300 mots environ.
Les propositions devront être envoyées à l'adresse suivante:
La langue de travail sera le français, chaque participant disposera de 20 minutes pour sa présentation.
Il n'y a pas de frais d'inscription ni de participation.
Publication:
Les actes de ces journées d'études seront publiées après révision par le comité scientifique constitué par les enseignants-chercheurs du LLACS. Nous demanderons aux participants souhaitant publier leur article de nous faire parvenir la version définitive avant le 10 octobre 2016.
Dans l'attente enthousiaste de vos réponses nous vous adressons nos cordiales salutations.
Le comité organisateur : Laura Gonzalez, Evelina Leone, Marina Lesouef, Laureano Lopez, Virginie Sudre.
http://www.univ-montp3.fr/llacs/category/chantiers/appels-communication/
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