Le Groupe de Réflexion sur l'Image dans le Monde Hispanique organisera son 10e Congrès International du 17 au 19 novembre 2016. Il se tiendra à l'Université Lumière Lyon 2 et portera sur la thématique "Image et sport". Vous trouverez toute l'information pratique concernant la manifestation et pourrez proposer une communication avant le 30 avril 2016 sur le site Internet : www.grimh.org
Appel à communication
(une version en espagnol est disponible sur le site Internet) :
Qu’il s’agisse d’immortaliser en peinture les loisirs d’une société, d’immobiliser photographiquement les corps dans l’effort, de filmer la tension dramatique d’une rencontre internationale ou d’une partie amicale improvisée, tous les arts et médias ont continuellement produit des portraits de joueurs et d’athlètes, professionnels et amateurs. Le prochain congrès du Groupe de Réflexion sur l’Image dans le Monde Hispanique portera sur cette alliance entre l’image et le sport envisagé comme activité physique codifiée et partagée. Sa finalité sera d’interroger les représentations du sport, sans exclure de le considérer dans sa dimension artistique et traditionnelle à travers une pratique-frontière comme la danse.
Pourquoi crée-t-on une image du fait sportif ? La presse le montre pour en recenser les actualités. L’artiste prend comme sujet de son œuvre le geste ou la rencontre. La mise en scène, plus ou moins consciente et ritualisée, est intrinsèque à toute pratique. Cette dramatisation qui confine parfois au lyrisme offre un matériau rêvé pour les faiseurs d’images.
Ces représentations imprègnent l’imaginaire collectif de toutes les sociétés. Le rapport au sport et à l’imaginaire visuel qu’il suppose est-il spécifique dans les sociétés hispanophones ? Pensons par exemple à l’exercice hollywoodien classique du film de boxe revisité par Mario Camus dans Young Sánchez. Nous invitons les chercheurs de divers horizons à explorer le large spectre qui va du jeu de l’enfant dans la rue au sport érigé en spectacle et qui induit une massification, un encadrement institutionnel voire une starisation.
Axe 1. Plan serré : au plus près du corps et de l’individu
Le sport n’existe que dans une corporéité. Les photographes de presse, les peintres, les cinéastes se font souvent l’écho du geste sportif et du corps en mouvement capté dans sa dimension physiologique, en souffrance ou en état de grâce. Depardon photographe des Jeux Olympiques insistait par exemple sur l’importance de capter « la solitude des athlètes avant un départ ». Comme une extension du corps se trouvent aussi les indissociables objets -accessoires, vêtements-, les machines et les animaux, de course ou de combat, liés à la pratique. Le dispositif mis en œuvre en 2006 dans le long-métrage Zidane. Un portrait du 21e siècle, pour ausculter le footballeur est une manifestation paradigmatique de ces études de cas.
La plastique des sportifs véhicule depuis l’Antiquité un idéal de beauté et de force. Ce peut être celle d’un sportif anonyme ou bien d’un individu érigé en héros. L’image participe de la glorification de l’athlète. En 1967, Georges Magnane rapprochait ce dernier du créateur : « L’exploit exceptionnel : record, victoire dans un match international ou aux Jeux Olympiques, est pour l’athlète l’équivalent du chef-d’œuvre pour l’artiste. » (Jeux et Sports, 1967)
Axe 2. Plan moyen : avec le groupe
Aussi individuel soit-il, le sport s’inscrit dans un microcosme (l’équipe, la fédération, une communauté, etc.) et implique une parcelle variable de la société qui le regarde et le reconnaît.
Un premier groupe englobe ceux qui pratiquent l’activité. Selon les termes choisis, « rencontre » ou « affrontement », l’idée de collectif suppose à la fois communion et solidarité mais aussi adversité. « Ensemble ils font, ils construisent leur match, leur partie, leur course. Ils donnent l’existence, et mènent à son achèvement, une œuvre commune fondée sur un lien social authentique et contribuant à le fonder » (Michel Bouet, 1968, Signification du sport).
Autour des enceintes sportives, espaces codifiés et bornés que sont les pistes, les terrains, les rings, s’installe un second groupe qui prend sa pleine place dans le décor, celui des spectateurs. Aux mouvements et sons produits sur le terrain se mêlent les actions des observateurs et supporters. Le public n’est pas le hors-champ du spectacle, il en est le contrechamp indispensable.
Tous ont connaissance du rituel dont ils écrivent ensemble la narration. Le déroulement de l’événement sportif, son rythme, ses cassures, ses emportements sont propices à la captation fixe ou en mouvement. Les victoires et défaites célèbres du sport ont été immortalisées et gravées dans le patrimoine commun.
Axe 3. Plan large : au-delà du jeu
Lorsqu’on s’éloigne du corps en mouvement et de la partie en elle-même avec sa durée et ses règles, l’étude du sport acquiert une autre dimension. Les conséquences funestes d’une partie de Tlachtli précolombien, le retentissement d’un match entre Boca Juniors et River Plate, l’attitude d’une équipe pendant l’hymne national, les manifestations de Mexico 68, nous propulsent clairement dans des problématiques qui dépassent le jeu.
Quelles valeurs portent les innombrables pratiques ? De quelles manières les médias mais aussi l’art reflètent-ils les fonctions et les pouvoirs du sport et comment, à l’inverse, le sport alimente-t-il la fabrication et la massification des images ? Comment le sport gomme-t-il -même temporairement- les classes sociales ou comment à l’inverse en est-il un marqueur ? À quelles fins les représentations de jeux sont-elles instrumentalisées ?
L’histoire du sport croise celle des nations. Des matchs locaux aux grandes rencontres internationales, le patriotisme ressurgit, l’identité s’affirme, l’unité peut être détruite ou induite, les conflits sont contenus dans les limites du fair-play ou, au contraire, exacerbés et incontrôlés. Les arts et les médias inscrivent tout cela dans la mémoire commune.
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