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L’Informe. Origine et horizon de création Télécharger au format iCal
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APPEL A COMMUNICATIONS

Journée d’étude - 30 septembre 2016

 

Université de Bourgogne (Dijon, France)

Centre Interlangues : Texte, Image, Langage (EA 4182)

 

 

 L’Informe

Origine et horizon de création

 

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, l’art dit « informel » s’impose avec des artistes comme Jackson Pollock (« action painting »), Hans Hartung, Wols, Jean Fautrier ou Jean Dubuffet. Prônant la spontanéité du geste, le hasard, la maladresse, l’importance de la matière et le corps à corps avec les matériaux, ce dernier érige ainsi l’informe en point de départ de toute œuvre : « Le point de départ est la surface à animer – toile ou feuille de papier – et la première tache de couleur ou d’encre qu’on y jette : l’effet qui en résulte, l’aventure qui en résulte. C’est cette tache, à mesure qu’on l’enrichit et qu’on l’oriente, qui doit conduire le travail ».[1] Parallèlement, en littérature et au théâtre, on compte aussi de nombreuses tentatives de s’affranchir de la forme, de la tordre et de la faire voler en éclats : Ponge, Michaux, Queneau, Artaud, e.e. Cummings, etc.

La journée d’étude du 30 septembre 2016, organisée par le Centre Interlangues TIL (EA4182), sera consacrée à ces pratiques artistiques pour qui l’informe est à la fois origine et horizon de création. Cette journée couvrira toutes les aires géographiques (francophones, anglophones, hispanophones, etc.), tous les champs de l’activité artistique (les arts visuels traditionnels – peinture, photographie, cinéma, bande dessinée, sculpture, architecture, illustration, etc. – mais aussi les arts du spectacle et la musique), à toutes les époques. Nous nous appuierons sur la « définition » que Georges Bataille donne de l’informe dans son « Dictionnaire critique » :

Un dictionnaire commencerait à partir du moment où il donnerait non plus le sens mais les besognes des mots. Ainsi informe n’est pas seulement un adjectif ayant tel sens mais un terme servant à déclasser, exigeant généralement que chaque chose ait sa forme. Ce qu’il désigne n’a ses droits dans aucun sens et se fait écraser partout comme une araignée ou un ver de terre. Il faudrait en effet, pour que les hommes académiques soient contents, que l’univers prenne forme. La philosophie entière n’a pas d'autre but: il s’agit de donner une redingote à ce qui est, une redingote mathématique. Par contre affirmer que l’univers ne ressemble à rien et n’est qu’informe revient à dire que l’univers est quelque chose comme une araignée ou un crachat.[2]

            Ainsi, nous nous attacherons moins à définir l’informe qu’à étudier la manière dont les différents arts et les différents médias l’intègrent et le représentent. On s’interrogera sur les enjeux de cette intégration et de cette représentation, notamment sur le paradoxe ou l’aporie qu’elle constitue. Comment en effet ne pas trahir l’informe en le représentant, c’est-à-dire en lui donnant une forme ? Dans cette perspective, on verra si l’informe est le refus de toute forme, si forme et informe s’excluent totalement.

On étudiera l’esthétique propre à l’informe, une esthétique qui ne repose pas sur la dissemblance ou la ressemblance, sur l’altération ou la perversion de la forme, comme c’est le cas pour le déformé, le difforme ou le monstrueux. En effet, l’informe – ce « quelque chose » « qui ne ressemble à rien » pour reprendre les mots de Bataille – bouleverse tous les codes, ne réfère qu’à lui-même, représente l’altérité même, existant selon une dynamique et une esthétique « autre ».

On s’interrogera également sur la valeur de l’informe pour les différents arts. La définition de Bataille pointe le déclassement et la dégradation instaurés par l’informe qu’il associe tout à tour à l’araignée, au ver de terre et au crachat. L’informe est-il considéré comme une forme qui a perdu sa forme, comme une forme dégénérée ? Au contraire, est-il valorisé pour sa dimension dynamique : l’informe comme forme en devenir, comme forme inachevée ? Parce qu’il est intimement lié à la matière, y compris la plus vile et la moins travaillée ; parce qu’il intègre l’accident et l’aléatoire dans la pratique artistique, comment l’informe affecte-t-il le statut et la valeur de l’œuvre ? Dans cette perspective, on examinera aussi le caractère transgressif ou subversif de l’informe.

On s’interrogera également sur la fonction de l’informe dans les différents arts. Dans la définition de Georges Bataille, l’accent est en effet mis sur la « besogne » des mots. Quelle « besogne » l’informe accomplit-il dans l’art ? quel objectif artistique sert-il ? Par son indétermination absolue, sa plasticité ouverte, figure-t-il l’infigurable, rend-il visible l’invisible ? Parce qu’il ne s’arrête pas à un état de chose, parce qu’il est toujours malléable et toujours en devenir, l’informe « ouvre-t-il » l’œuvre ? la met-il en perpétuel mouvement ?

Enfin, on se penchera sur la réception de l’informe et sur les effets qu’il suscite sur le spectateur ou le lecteur ? Comment perçoit-on l’informe, comment l’interprète-t-on ? L’informe est-il dérangeant ? En quoi est-il dérangeant ?

La journée d’étude aura lieu le vendredi 30 septembre 2016 à la MSH de Dijon (Campus de l’Université de Bourgogne). La date limite pour l’envoi des propositions de communication (en français ou dans une autre langue représentée dans le Centre Interlangues) est fixée au 31 janvier 2016. Les propositions de communication comprendront le nom et l’affiliation scientifique de l’auteur, une courte notice biographique, le titre de la communication ainsi qu’un résumé de 200 mots environ. Elles seront envoyées par voie électronique (document Word) à , avant fin janvier 2016. Le programme de la journée sera établi fin mai 2016.

 

Organisation :             Marie-Odile Bernez (Études anglaises)

                                   Benoit Mitaine (Études hispaniques)

                                   Christelle Serée-Chaussinand (Études irlandaises)

 

  

 

[1] Jean Dubuffet, « Notes pour les fins-lettrés », Prospectus aux amateurs de tout genre, Paris, Gallimard, 1946. Repris dans Phénomènes, Prospectus et tous écrits suivants (1967), t. II, Paris, Gallimard, 1986, p. 54.

[2] Georges Bataille, Documents (1929), Paris, Mercure de France, 1968, p. 382.

Lieu Université de Bourgogne
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