Atlante. Revue d'études romanes. Appel à contribution : "La dynamique de l’identité basque : polyphonie sociale, réalignement politique et recréation artistique (2009-2020)" |
|
|||||
|
||||||
Appel à contribution pour le numéro 19 (Automne 2023)
La dynamique de l’identité basque : polyphonie sociale, réalignement politique et recréation artistique (2009-2020)
Coordinateurs : Javier Jurado (Université de Lille) et Marina Ruiz Cano (Le Mans Université)
La relation problématique entre le Pays basque et l’État espagnol se cristallise en 1895 avec la création du Parti Nationaliste Basque. Elle se complexifie en 1958 avec la création de l’ETA, puis s’accentue en 1968 suite au premier attentat meurtrier, et sa violence a un impact direct sur le sentiment identitaire.
Selon les dernières données de l’Euskobarómetro[1], la société basque est de moins en moins indépendantiste mais de plus en plus nationaliste. Sa tolérance envers la Constitution espagnole et le Statut d’autonomie du Pays basque de 1979 est à la hausse, malgré un niveau d’autogouvernement encore insuffisant. Ce paradoxe apparent révèle la concomitance de plusieurs sensibilités identitaires (basque, espagnole, basquiste, espagnoliste, basque-espagnole) et politiques (autonomiste, fédéraliste, indépendantiste), en pleine restructuration. L’élection de Patxi López (PSOE) comme lehendakari en 2009[2] est symptomatique du bouleversement socio-politique car, pour la première (et dernière) fois depuis 1979, le président du Gouvernement basque n’est pas membre du PNB. C’est pourquoi 2009 marque le début de la réflexion portée par ce numéro, pour interroger la construction d’une nouvelle représentation de l’identité basque dans un contexte de changement politique.
La trêve de l’ETA en 2011 aboutit à l’annonce de la fin de son activité le 3 mai 2018. L’entrée du parti Euskal Herria Bildu (fondé en 2012) comme groupe parlementaire au Congrès, le 3 décembre 2019, marque le début d’une toute nouvelle relation politique entre le Pays basque et l’État espagnol. Ces faits - les résultats des élections et les mots de l’ETA dans son dernier communiqué : « ETA herritik sortu zen eta orain herrian urtuko da »[3] - indiquent un changement de sensibilité parmi les Basques.
La prépondérance de EH Bildu incite à parler d’une réarticulation de la gauche indépendantiste basque qui se développe de pair avec l’éclosion des mouvements nés dans la nouvelle gauche pour faire face à la puissance du néolibéralisme, dont les luttes féministes, antiracistes ou écologistes.
C’est au sein de cette nouvelle dynamique que ce numéro de la revue Atlante se propose d’analyser les productions culturelles qui en sont issues. En effet, les aléas historiques du conflit basque ont trouvé leur écho dans la production littéraire, théâtrale, cinématographique ou musicale (rock radical basque), comme le démontrent de nombreux travaux[4]. Les dernières années ont connu un essor des représentations artistiques destinées à un nouveau public et qui n’aurait pas été possible sans la fin de la violence de l’ETA : des séries – La línea invisible (2020), Patria (2020) – ou des documentaires – ETA, el final del silencio (2019), El instante decisivo (2020), El desafío: ETA (2020) – connaissent un grand succès, envahissant les conversations informelles et les discours médiatiques. Jusque-là, le Pays basque n’aurait jamais ri de sa propre tragédie[5], et personne avant Fernando Aramburu n’aurait osé écrire « le récit »[6] de l’histoire récente du Pays basque. Mais peut-on considérer ces discours plus légitimes ou plus impartiaux que les précédents ?
Si la profusion actuelle peut laisser croire à une libération de la parole, il ne faut pas oublier que les représentations artistiques problématisant la relation entre le sujet et la Nation (basque et/ou espagnole) se succèdent depuis des décennies. Les pièces de théâtre d’Ignacio Amestoy depuis Ederra en 1983, les spectacles de Karraka aux années 1980-1990, l’émission de la télévision basque Vaya Semanita (à l’antenne depuis 2003) ou le roman Soinujolearen semea de Bernardo Atxaga (publié en 2004, traduit en espagnol en 2016, puis adapté au cinéma en 2019) attestent la préexistence d’un récit polyphonique.
Quelques-unes de ces productions sont méconnues, d’autres font l’objet d’une censure voilée[7], tandis que la diffusion de certaines est entravée en l’absence d’une traduction en espagnol ou en français[8]. Alors pourquoi une telle éclosion maintenant ? Quelles différences entres les nouvelles productions et les précédentes ?
C’est à partir de ces représentations artistiques (depuis 2009) que nous nous proposons d’analyser les mouvements internes à la société basque et son dialogue avec la société espagnole afin d’appréhender les nouvelles relations entre les Basques, la/les Nation(s) et l’État.
Informations pratiques :
La date limite pour l’envoi des propositions d’article est fixée au vendredi 30 septembre 2022 et devront être envoyées à et
Les décisions d’acceptation seront communiquées en novembre 2022.
15 mai 2023 : fin du délai de réception de la première version des articles.
31 juillet 2023 : retour des avis des évaluations.
15 septembre 2023 : réception des textes définitifs.
Langues acceptées : français et castillan
[1] Francisco J. LLERA RAMO (dir.), Euskobarómetro: estudio periódico de la opinión pública vasca, Universidad del País Vasco/Euskal Herriko Unibertistatea, juin 2019. Disponible en ligne sur : https://www.ehu.eus/documents/1457190/1525260/EB_int_Junio19.pdf/25ff5c39-0988-d46e-a028-d5b688693cf1?t=1563537212000. [Consulté le 28/12/2020].
[2] Le PNV demeurait le parti rassemblant le plus de votes (38,14% face au 30,36% du PSE-EE) mais la candidature de Patxi López à l’investiture fut approuvée grâce au soutien du PSE-EE, du PP et de l’UPyD.
[3] « ETA est née du peuple et, à présent, elle se dissout en lui ».
[4] Santiago DE PABLO, Creadores de sombras. ETA y el nacionalismo vasco a través el cine, Madrid, Tecnos, 2017 ; Manuela FOX, « Teatro español y dramatización del terrorismo: estado de la cuestión », Signa, nº 20, 2011, p. 13-37 ; Edurne PORTELA, El eco de los disparos. Cultura y memoria de la violencia, Barcelona, Galaxia Gutenberg, 2017 ; Ion Andoni DEL AMO, Party & Borroka. Jóvenes, músicas y conflictos en Euskal Herria, Tafalla, Txalaparta, 2016 ; Aritz SÁENZ DEL CASTILLO, « El Rock Radical Vasco y las identidades nacionales presentes en el País Vasco durante la Transición y primeros años de democracia » in Carlos COLLADO SEIDEL (coord.), Himnos y canciones. Imaginarios colectivos, símbolos e identidades fragmentadas en la España del siglo XX, Granada, Comares, 2016, p. 297-312 ou Gorka ROMÁN ETXEBARRIETA, « El Rock Radical Vasco. La constitución de los sujetos políticos a través de la música », Inguruak: Soziologia eta zientzia politikoaren euskal aldizkaria = Revista vasca de sociología y ciencia política, nº 64, 2018, p. 24-40.
[5] Luis MARTÍNEZ, « Por fin unas risas con el cine vasco », El Mundo, 23/03/2014. Disponible en ligne sur http://www.elmundo.es/cronica/2014/03/23/532d537722601d57208b4570.html [Consulté le 29/12/2020] ou Javier OCAÑA, « La risa doliente », El País, 13/03/2015. Disponible en ligne sur https://elpais.com/cultura/2015/03/12/actualidad/1426183200_507357.html [Consulté le 29/12/2020].
[6] Cf. Ander ZURIMENDI, « Desmontando Patria, o cómo ganar la batalla del relato », El salto diario, 20/10/2017. Disponible en ligne sur https://www.elsaltodiario.com/conflicto-vasco/desmontando-patria-o-como-ganar-la-batalla-del-relato [Consulté le 29/12/2020].
[7] Nous pensons, par exemple, au manque de financement de l’adaptation théâtrale de Los Justos de Javier HERNÁNDEZ-SIMÓN, qui avait mis dix ans pour pourvoir monter le spectacle en 2014 ; ou à l’interdiction de la mise en scène de La mirada del otro en 2016 par la mairie de Cartaya (Huelva).
[8] Nous citerons, à titre d’exemple, Atzerri de Mikel ANTZA, rédigé en 2012 et traduit en 2019, ou Hamaika pauso de Ramon SAIZARBITORIA, publié en 1995 et traduit en 2018.
|
||||||
Lieu Atlante. Revue d'études romanes (Université de Lille) | ||||||
Contact | ||||||
Aucun évènement |
Aucun évènement |