"Mi vagina clama una venganza" : fureur et désir féminins dans les littératures contemporaines de langues romanes |
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Affiche et informations complètes de la journée d'études sur http://lisaa.u-pem.fr/actualites/
9h30 : Accueil—Ouverture
10h : Francesco Ardolino (Universitat de Barcelona) et Anne-Cécile Druet (UPEM)
L’Urlo. De la fureur destructrice à l’affirmation de soi
11h : Débat—Pause
11h45 : Marta Segarra (Universitat de Barcelona)
Le plaisir de la vengeance : Biopolitiques du viol
12h15 : Daniele Maira (Université de Göttingen)
Sexplosion—corps armés chez Virginie Despentes
12h45 : Débat—Déjeuner
15h : Claire Laguian (UPEM)
Déconstruction du genre/des genres et amours cannibales en poésie
15h30 : Caroline Lepage (Université de Poitiers)
Hypersexualisation discursive chez Isabel Franc
16h : Débat-Pause
16h45 : Las niñas enfadadas declaman poesía. Lecture de textes poétiques de la poète María Castrejón, éclairés par des textes d’Ana Maria Moix et Esther Tusquets.
17h15 : Débat—Clôture
Présentation :
Fureur et désir sont deux passions qui, depuis toujours, s’associent, se mêlent ou sont même si intimement liées qu’elles ne forment parfois qu’une. Le vers de Diana J. Torres (Pornoterrorismo, 2011) « Mi vagina clama una venganza » les conjugue au féminin d’une façon implacable et introduit parfaitement la problématique que nous voudrions poser dans le cadre de cette journée d’études : comment désir et fureur s’incarnent-ils dans les voix poétiques ou les personnages féminins des littératures contemporaines de langues romanes ? Notre propos est de rapprocher ces deux concepts qui, bien qu’articulés depuis l’Antiquité, semblent s’imposer avec toujours davantage d’actualité des années 1970 à l’extrême contemporain pour interroger une littérature qui les associe de façon récurrente. Pourrait-on dégager un courant, un mouvement, une tendance dans le roman et la poésie de langues romanes qui se constituerait autour de cette alliance de fureur et désir féminins ? Qu’elle soit entendue comme une colère intense dont les manifestations peuvent aller jusqu’à des actes d’une grande violence, ou comme une passion, une ardeur extrêmes, la fureur est démesure. Non loin d’elle guette la folie, au point là aussi de parfois ne plus faire qu’une avec elle. Du terme latin furor (folie) à l’anglais actuel des Etats-Unis qui emploie le même adjectif, mad, pour désigner les états de colère et de déraison, le langage reflète cette proximité. Ira furor brevis est (la colère est une courte folie) – disait Horace. À notre tour de nous interroger sur l’articulation de ces concepts dans les œuvres littéraires que nous aborderons. Quelle est, tout d’abord, la nature de cette fureur ? Y aurait-il une idée de vengeance chez nos personnages féminins, comme le suggère le vers de Diana J. Torres ? S’agit-il plutôt de provoquer, de revendiquer la libération d’une pudeur, d’une passivité dans lesquelles ces personnages ont si souvent été cantonnés ? Cette fureur est-elle (aussi) de nature éthique et politique ? Aristote (Ethique à Nicomaque, 255-256 ; 197) liait colère et perception de l’injustice, et soulignait en outre la nécessité de s’irriter. À l’heure où certains, dans nos sociétés, se disent « indignés », la colère de nos personnages naît-elle, elle aussi, comme une révolte légitime et nécessaire face à une iniquité, de quelque nature qu’elle soit ? Contre qui, contre quoi est dirigée leur fureur ? Et d’où vient-elle ? Cette dernière question est également à prendre dans son sens historique. Certes, il y eut Hercule et Roland, mais nos personnages féminins, de qui sont-elles les héritières ? Des grandes héroïnes tragiques, telles Didon ou Médée ? Et n’est-ce pas une femme en colère, connue sous le pseudonyme d’Anna O et devenue personnage de roman elle-même (Freeman, 1972), qui fut à l’origine de l’invention d’une méthode thérapeutique plus tard appelée psychanalyse parce que quelqu’un, un jour, écouta sa fureur (Freud et Breuer, 1895 ; Gherovici, 2011) ? De façon plus générale, dans quelle mesure ce mouvement de fureur que nous percevons chez nos personnages s’apparente-t-il à l’épidémie d’hystérie de la fin du XIXème siècle ? Sommes-nous face à la résurgence d’une figure féminine apparue sous différentes appellations au fil des siècles, ou assistons-nous au contraire au dépassement d’un cliché ? Cette interrogation nous amène également à nous demander quelle lumière nouvelle la critique récente, et en particulier les études de genre, peut jeter sur cette généalogie. La raison d’être de cette journée d’études tient également à l’approche conjointe de cette idée de fureur et de la question de l’écriture du désir. Qu’il s’agisse des thématiques abordées – notamment l’homoérotisme – ou du style, tantôt tout en délicatesse et en retenue, tantôt obscène, trash, destroy – pour reprendre un titre d’Isabella Santacroce –, peut-on identifier des traits communs à ces « politiques du désir » comme les appelle Marta Segarra (Segarra, 2007) ? Comment les rapports entre sujet, désir et langage s’y articulent-ils ou s’y actualisent-ils ? Comment s’y jouent les tensions charnelles, verbales, les contradictions inhérentes au désir, pris dans son acception la plus large ? Vers quel(les) autre(s) ce désir tend-il ? N’est-il que destructeur, ou faut-il y voir aussi un moteur de l’écriture, quand bien même elle le nierait ? Comment l’alliance de désir et de fureur, notamment dans la fureur amoureuse qui a connu tant de déclinaisons dans l’histoire – la fameuse « fureur utérine » par exemple – s’incarne-t-elle chez des personnages pour qui les mots cèdent parfois la place aux actes ou aux comportements les plus extrêmes ? La réflexion ouverte autour de ces axes a pour objet principal les voix et les personnages féminins de la poésie et du roman de langues romanes des vingt dernières années. L’on peut citer – la liste n’est pas exhaustive – les œuvres de Virginie Despentes, Nina Bouraoui, Isabella Santacroce, María Castrejón, Txus García, Miriam Reyes, Mireia Calafell, Isabel Franc, ou Lucía Etxebarría. La question des antécédents littéraires de ces personnages pourrait également trouver place dans notre réflexion – comment ne pas penser ici à Esther Tusquets, Maria Mercè Marçal, Carme Riera, Melania Mazzucco ? Enfin, pour en revenir à notre extrême contemporain, comment envisager la diffusion et la réception des textes que nous aborderons à l’heure où non seulement les lecteurs, mais aussi les auteurs, jouent des nouvelles technologies, diversifiant les supports, brouillant le rapport au mot, mêlant les genres ? Bibliographie citée : - Aristote, Ethique à Nicomaque, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 1984. - Freeman, L., The History of Anna O., New York, Walker, 1972. - Freud, S., et J. Breuer, Etudes sur l’hystérie, Paris, PUF, [1895]1994. - Gherovici, P., « La furia justiciera » dans El síndrome puertorriqueño, México, Siglo XXI, 2011, pp. 165-196. - Santacroce, I., Destroy, Milan, Feltrinelli, 1996. - Segarra, M. (coord..), Políticas del deseo. Literatura y cine, Barcelone, Icaria, 2007. - Torres, D. J., Pornoterrorismo, Txalaparta, 2011.
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Lieu UNIVERSITE PARIS-EST MARNE-LA-VALLEE / BATIMENT COPERNIC – 3EME ETAGE SALLE 3B013 Station RER A : Noisy-Champs | ||||||
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