Congrès, colloques et journées

L’institution littéraire s’est constituée, à partir du XIX^e siècle, un canon selon des critères de sensibilité esthétique et des aspirations idéologiques qu’elle a très souvent substituées aux motivations de l’écriture des auteurs des périodes précédentes. Ce faisant, trois espaces au territoire instable ont émergé au sein de la prose : un champ littéraire, un domaine qui se définit par la négative à l’égard de celui-ci, et un espace frontalier, à cheval sur les précédents, dont les objets sont donc susceptibles de croiser parfois la barrière qui les sépare « du littéraire » et de ce qui ne l’est pas. À l’exclusion de la prose purement fictionnelle, l’historiographie, les textes spirituels (du traité à la prédication sous sa forme publiée), les récits de vie (autobiographiques ou non), les textes destinés à exposer des savoirs techniques, etc., sont rarement étrangers à un maniement du langage consciemment et ouvertement démarqué de l’usage ordinaire.

À travers le recours, voire la surexposition de certains procédés ou de certaines thématiques, ou encore un méta-discours plus ou moins apparent, ils témoignent de ce que les formalistes russes ont désigné sous le nom de littérarité ou que Jakobson appelle plus sobrement poétique. 

Quelles sont les manifestations de la préoccupation esthétique ? Comment s’introduisent-elles dans un espace textuel qui ne s’en réclame pas au premier chef ? À quelles inflexions soumettent-elles la production du sens ou, en d’autres termes, quelle place leur revient-elle dans la démarche herméneutique ? Toutes ces questions, insignifiantes, voire naïves en apparence, dans l’approche des textes littéraires canoniques, acquièrent une pertinence accrue dans l’étude des textes où l’ornatus – partie intégrante de leur singularité –, n’est pas considéré comme élément pertinent ou se trouve relégué au second plan.