Congrès, colloques et journées

Les faiseurs de saints: métiers et fabricants de sainteté en Europe (XVIe-XVIIIe siècle). Organisateurs: Pierre Civil et Cécile Vincent-Cassy

IDEX SPC Métiers, LECEMO, Université Paris III-Sorbonne Nouvelle, Laboratoire Pléiade (Université Paris 13-SPC)

L'époque moderne, et singulièrement celle qui suivit le Concile de Trente (1545-1563), fut sans conteste celle du triomphe des saints dans le monde catholique. Attaqués par l'Église réformée, leur culte fut réaffirmé, et réorganisé, avec la création en 1588 de la Congrégation des Rites de Rome, chargée d'examiner les candidatures des aspirants à la sainteté selon des formes redéfinies. On peut néanmoins se demander si les modèles de sainteté contenus dans ces procès furent renouvelés. En particulier, on s'interrogera sur le lien entre le culte des saints et la dévotion des laïcs, peuplé de femmes et d'hommes exerçant des "métiers" et des professions dans la société de l'époque. On se questionnera aussi sur la pérennité des cultes des saints anciens. Si l'on songe aux paysans demandant l'intercession de sainte Barbe ou de saint Barthelémy pour protéger leurs récoltes, ou aux artisans, organisés en corporations placées sous le patronage de tel ou tel saint, on peut peut-être observer aussi le surgissement de nouveaux modèles, correspondant à des métiers en pleine transformation, ou à des activités nouvelles. 

On peut observer les modes d'organisation corporative surtout lors des fêtes de saints, qui furent pléthore. Il conviendra néanmoins d'en préciser la forme dans les différents territoires catholiques. On distinguera aussi le fonctionnement des confréries de celles des congrégations. En outre, on pourra se demander si les métiers des saints furent encore mis en avant dans leurs différentes représentations, et sous quelle forme.

Les peintres et sculpteurs, pour ne parler que d'eux, devenaient alors davantage que des artisans. Leur "spécialité", revendiquaient-ils, se trouvait "ailleurs" que dans la vie réglée des ateliers. Mais on constate que le besoin et la production d'images de saints étant extrêmement forts, demeurait pour eux une dépendance vis-à-vis des commandes, en particulier de celles, très nombreuses, exigeant ces images dont l'Église contrôlait et redéfinissait la forme et le contenu. De ce point de vue les peintres et sculpteurs étaient toujours des exécutants. Mais de quel type ? 

Enfin, on n'oubliera pas que les saints furent aussi la matière des représentations littéraires, dans leur pluralité. Des spécialistes de la plume, hagiographes, prédicateurs, dramaturges et autres chroniqueurs "professionnels" s'imposèrent alors comme des figures nécessaires à la diffusion et à la vie des cultes des saints. Leurs activités ne furent-elles pas de plus en plus spécialisées? En d'autres termes, n'ont-ils pas eux aussi mis au point des techniques de représentation ? 

Pour débattre de toutes ces questions renouvelant l'approche de la fabrique et du culte des saints à l'époque moderne, nous accueillerons pendant deux jours et demi des spécialistes internationaux à la Maison de la Recherche de l'université Paris III-Sorbonne Nouvelle, 4, rue des Irlandais, 75005 Paris (les 8 et 10 octobre) et au Colegio de España, 7 E Bd Jourdan, 75014 Paris (le 9 octobre)