Statuaires, mémoires et représentations au tournant décolonial Télécharger au format iCal
 
APPEL A CONTRIBUTIONS
NaKaN
Revue d’études culturelles
Numéro 1
« statuaires, mémoires et représentations au tournant décolonial »
Dans la Caraïbe, en Afrique, en Europe, aux États-Unis, et en d’autres points du globe, les statues de certains personnages historiquement liés à l’esclavage, ou à la colonisation, sont prises pour cibles, comme pour signifier une volonté collective de censure ou d’exclusion de symboles relayant l’apologie de crimes contre l’humanité. Destruction méthodique de deux statues de Victor Schœlcher en Martinique, dégradation artistique de celle de Léopold II en Belgique et de celle du Général Lee en Virginie, sans oublier le déboulonnage et la projection spectaculaire de la statue du négrier Edward Colston dans une rivière à Bristol : autant d’événements de l’actualité récente qui interrogent fortement la symbolique sculpturale du biopouvoir.
Les grands médias et réseaux sociaux transnationaux (par exemple, les mouvements #mustfall, #Blacklivesmatter) ont tôt fait de s’emparer du dossier, répercutant au passage l’écho d’une grande diversité de réactions, allant de l’approbation totale aux critiques les plus acerbes. Quelles peuvent être les motivations profondes à l’origine de tels agissements ? Faut-il voir en ces mouvements le renouvellement des luttes anticoloniales des décennies précédentes ? La résurgence ou la réappropriation de mémoires étouffées par une mémoire officielle, promue par les États et célébrée à l’occasion des commémorations publiques ? Que faire des symboles de domination occidentale tels que les statues, monuments ou enseignes glorifiant l’œuvre dite « civilisatrice » de colons ou d’abolitionnistes ? Que faire des héritages d’une histoire « glorieuse » pour les uns et « douloureuse » pour les autres ? 
Pour répondre à ces questions, parmi tant d’autres, nous proposons de structurer ce numéro inaugural de NaKaN, revue de Mélanges Caraïbes, association internationale de chercheurs et acteurs culturels des Amériques et du monde diasporique, autour de trois axes thématiques principaux et complémentaires :
1)    Statuaire, discours et colonialités
La rémanence d’actes de contre-violence symbolique à l’égard des reliques du colonialisme et des statues de figures du colonialisme et de l’esclavagisme met sur le devant de la scène la question du rapport à la colonialité du savoir et du pouvoir (Quijano, 2012). L’histoire n’est pas, selon Ramón Grosfoguel, une science absolument neutre ou exempte de préjugés. Le sociologue portoricain livre dans ses réflexions sur la décolonisation épistémique des clés d’analyse pour saisir la portée symbolique et politique du mouvement transnational conduisant des individus d’âge ou d’ethnicité différents à attaquer frontalement la légitimité de tels symboles institutionnalisés (Grosfoguel 2002, 2007). De même que les pays occidentaux, le contexte hispanophone, de représentations historiques coloniales et d'un passé politique dictatorial, trouve un espace légitime à ce questionnement des statuaires dans les modes de vie, les mentalités, les politiques, les valeurs liés intrinsèquement à cet héritage historique dominant.
2)   Mémoires et patrimonialisation
Sont également invoqués par cette mise en perspective : le poids des mémoires et héritages postcoloniaux (Stannard 1992 ; Blanchard & Bancel, dirs. 2006), le passif douloureux des relations interethniques dans un contexte socioéconomique précaire, exacerbé par les tensions identitaires et communautaires, la lancinante question des réparations, et en dernier lieu, celles de la représentation et de la reconstruction des identités culturelles subalternisées (Lefrançois & Kirchner-Blanchard 2018).
Questionner la légitimité des statuaires dans l’espace public revient à sonder la profondeur des représentations et de la mémoire collective partagée par un groupe. Dans cette perspective, les travaux de Halbwachs amènent à distinguer le souvenir, la version forte, et la version distribuée, interprétation d’une représentation du passé. En parallèle, Paul Ricœur nous renvoie à trois notions – la mémoire, l’histoire, l’oubli – en prenant l’éthique comme axe principal de sa réflexion. A partir de ces travaux, il convient d’étudier les représentations mémorielles à l’aune de leur évolution historique afin de comprendre les changements de paradigme. Quel est l'intérêt de l'histoire, de la mémoire, de l’ancien, dans un nouveau paradigme ? Quid de l’héroïsation de certaines figures dans la conscience nationale des peuples ?
Si le désir de justice transparaît comme l’une des pistes d’analyse les plus évidentes, d’autres facteurs sont à prendre en compte pour interpréter l’ampleur et l’orientation d’un phénomène dont le caractère statistique n’a rien de discret. Un discours sous-jacent visant la décolonisation des arts dans l’espace public et institutionnel remet profondément en question la validité du relativisme culturel (Verges & Dambury 2018) et écorne au passage la thèse d’une résilience assumée et valorisée chez les populations ont connu des traumatismes majeurs tels que l’esclavage (Charles-Nicolas & Bowser 2019). Les facteurs psychologiques et politiques se recoupent ainsi dans le champ interdisciplinaire de l’ethnique, de l’esthétique et de l’éthique pour créer une synergie d’un genre singulier. Dès lors, il devient urgent d’en saisir la dynamique fondamentale.
3)   Héros et mythes
Si la statuaire s’identifie avec l'art de créer des œuvres sculpturales distinctives pour rendre hommage à certaines personnalités, elle ne se dissocie pas du champ croisé de l’esthétique, de l’éthique et du politique, car ces trois domaines se conjuguent pour redéfinir les critères du beau, du bien et du vrai en matière d’art et de bon goût. De ce point de vue, force est de constater la hiérarchisation qui s’opère souvent, dans les sociétés diasporiques de la Caraïbe et des Amériques, entre une statuaire désignée comme digne légataire d’une conscience nationale, fondée sur la place des héros dans les mythes et grands récits nationaux (Lyotard 1974, 1977, 1991), et une statuaire native émanant de la modernité des nouveaux mondes créoles.
L'ensemble de ces figures historiques, géoculturels, artistiques et génériques reflètent, en fin de compte, des idéologies, des représentations ou des imaginaires antagonistes. Dans la doxa occidentale (la vision des élites européennes, par exemple), elle fait partie de l’environnement public et est l’émanation, plus souvent que rarement, de choix politiques intentionnels. Elle se veut la représentation consensuelle et admise d’une lecture de l’Histoire - l’objectif originel étant de faire peuple, d’unir, d’homogénéiser et faire admettre, par le plus grand nombre, une certaine vision de l’histoire, d’ailleurs subjective.
Mais lorsque l’histoire d’un pays est traversée par des convulsions singulières, comme celles qui ont bousculé les sociétés postcoloniales caribéennes (esclavage, commerce des hommes ou colonisation) peut-on alors, de cette verticalité imposée de l’Histoire ailleurs, construire ici, un imaginaire collectif, dans toute sa « diversalité » ? En d’autres termes, ne risque- t-on pas, en occultant cette part sombre de l’histoire, d’obérer à la fois, la paix d’une nation, quelle qu’elle soit et la sérénité entre les diverses communautés qui la composent ? Pour preuve, les récents évènements sociaux et scandales sanitaires qui font resurgir les brisures d’un passé douloureux. Est-il possible, par conséquent, de conjuguer Histoire et Transhistoire – selon l’acception glissantienne (Glissant 1997 : 113) invoquant les concepts de « réseau » ou « d’archipel » – dans des communautés encore subalternisées, happées dans la spirale infernale de la domination des peuples, du colonialisme et de l’impérialisme ?
Consignes aux contributeurs
Pour entrer en résonance avec ce questionnement, les contributions pourront prendre la forme d’articles originaux, d’études de cas, d’analyses, de synthèses, d’entrevues ou de recensions dans ces champs disciplinaires connexes dont une liste non exhaustive suit :
-         cultural studies et culturologie
-         arts visuels et vivants
-         littératures nationales, diasporiques et comparées
-         philosophie : esthétique, ontologie, épistémologie
-         sciences humaines et sociales : histoire, sociologie, anthropologie, ethnologie, sciences politiques et une diversité de champs connexes.
Processus de sélection et calendrier
La sélection des propositions se fera en deux temps.
- Du 5 septembre au 30 octobre 2020 : envoi des abstracts et notices biobibliographiques
Les propositions de contribution devront comporter un titre et un résumé d’environ 400 mots maximum dans la langue habituelle de l’auteur. Elles devront être assorties d’une brève notice biobibliographique, n’excédant pas 150 mots.
- Du 1er novembre au 30 novembre 2020 : sélection des propositions.
Les propositions retenues feront l’objet d’un article de 35 000 signes maximum, espaces comprises. Une notification parviendra aux auteurs au 30 novembre 2020.
Comité de rédaction
Frédéric Lefrançois, Malissa Conseil, Gérald Désert, Cheikh Nguirane
Comité scientifique
Dominique Berthet, Université des Antilles
Virginie de la Cruz, Université de Lorraine
Anny Dominique Curtius, University of Iowa
Christelle Lozère, Université des Antilles
Buata Malela, Centre Universitaire de Mayotte
Nestor Ponce, Université de Rennes 2
Ibra Sene, College of Wooster, Ohio
Calendrier
30 octobre 2020 : envoi des propositions (abstracts et notices biobibliographiques)
30 novembre 2020 : notification d’acceptation ou de refus des propositions aux auteurs
30 mars 2021 : date limite de réception du texte intégral des articles
30 mai 2021 : retour des expertises en double aveugle
30 juin 2021 : Parution du numéro 1 de NaKaN
Contact
Les propositions d’articles, assorties d’une courte notice biobibliographique, sont à envoyer au 30 octobre 2020 à . Pour toute information nécessaire, merci d’adresser un email à .
Bibliographie indicative
Achille, Etienne, Charles Forsdick et Lydie Moudileno, 2020, Postcolonial Realms of Memory : Sites and Symbols in Modern France, Liverpool: Liverpool University Press.
AtwoodMargaret1998 [1981], Bodily HarmNew YorkPenguin.
Bernardino-Costa, Joaze, Nelson Madonado-Torres et Ramon Grosfoguel, 2018, Decolonialidade e pensamento afrodiaspórico, Belo Horizonte: Aútentica.
Benitez-Rojo1996 [1992], Repeating Island: The Caribbean and the Postmodern Perspective, trans. James Maraniss, 2nd edn, Durham, NC and London: Duke University Press.
Bancel, Pascal et Pascal Blanchard (dirs.), 2011, Culture postcoloniale 1961-2006, Paris : Autrement.
Boidin, Capucine et Fátima Hurtado López, 2009, « La philosophie de la libération et le courant décolonial », Cahiers des Amériques latines [En ligne], n° 62 | 2009, mis en ligne le 31 janvier 2013. URL : http://journals.openedition.org/cal/1506
BongieChris1998Islands and Exiles: The Creole Identities of Post/Colonial Literature, Stanford: Stanford University Press.
Charles-Nicolas, Aimé J. et Benjamin Paul Bowser (dirs.), 2018, L'esclavage: quel impact sur la psychologie des populations ?, Paris : Campus.
FabelRobin F. A.2000Colonial Challenges: Britons, Native Americans, and Caribs: 1759–1775, Gainesville, University Press of Florida.
Glissant, Edouard, 1997, Traité du tout-monde. Poétique IV., Paris: Gallimard.
GonsalvesRalph E.2001The Politics of Our Caribbean Civilisation: Essays and Speeches, Kingstown: Great Works Depot.
Grosfoguel, Ramón, 2003, "Cambios conceptuales desde la perspectiva del sistema-mundo", Nueva Sociedad, n° 183: 151-166.
Grosfoguel, Ramón, 2002, "Colonial Difference, Geopolitics of Knowledge, and Global Coloniality in the Modern". Review. Vol. 25, n° 3: 203-224.
Grosfoguel, Ramón, 2006, « Les implications des altérités épistémiques dans la redéfinition du capitalisme global. Transmodernité, pensée frontalière et colonialité globale », Multitudes, n° 26, 2006/3 : 51-74.
Grosfoguel, Ramón, 2007, "Latinos(as) y la descolonización del imperio estadounidense en el siglo XXI". Tabula Rasa. Vol. 6: 115-135, https://paperity.org/p/226099725/latinos-as-y-la-descolonizacion-del-imperio-estadounidense-en-el-siglo-xxi.
Halbwachs, Maurice, et Jeanne Alexandre, 1950, La mémoire collective. Paris: Presses Universitaires de France.
Lefrançois, Frédéric & Catherine Kirchner-Blanchard, 2018, « Décoloniser l’imaginaire esthétique : vers une écriture de nouveaux paradigmes caribéens », Revue d’études décoloniales, n° 1, http://reseaudecolonial.org/2018/03/08/decoloniser-limaginaire-esthetique-vers-une-ecriture-de-nouveaux-paradigmes-caribeens/
LewisLinden2003Exploring the Intersections of Gender, Sexuality and Culture in the Caribbean, Gainesville: University of Florida Press.
Lyotard, Jean François, 1974, Économie libidinale, Paris: Éditions de minuit.
Lyotard, Jean-François, 1977, "Sur la position de l'objet pictural" » Actes Du VIIe Congrès International D'esthétique, vol. 2: 569-571.
Lyotard, Jean-Francois, 1991, Inhuman: reflections on time, Cambridge: Polity Press.
MignoloWalter D.2000Local Histories/Global Designs: Coloniality, Subaltern Knowledges and Border Thinking, Princeton: Princeton University Press.
MitchellJames F.1996Guiding Change in the Islands, Waitsfield: Concepts Publishing.
MitchellJames F., 1989Caribbean Crusade, Waitsfield: Concepts Publishing.
Stannard, David E., 1992, American Holocaust: Columbus and the conquest of the New World,  Oxford: Oxford University Press.
Vergès, Françoise et Getty Dambury (dirs.), 2018, Décolonisons les arts ! Paris : L’Arche
 
LLAMADA  A CONTRIBUCIONES
NaKaN
Revistas de estudios culturales
Número 1
«Estatuarias, memorias y representaciones en el giro decolonial»
En el Caribe, en África, en Europa, en Estados Unidos, y en otros lugares del globo, las estatuas de algunas figuras históricamente vinculadas a la esclavitud, o a la colonización, son tomadas como blanco, demostrando así una voluntad colectiva de censura o de exclusión de símbolos difundidores de la apología de crímenes de lesa humanidad. Destrucción metódica de dos estatuas de Víctor Schoelcher en Martinica, degradación artística de la de Leopold II en Bélgica y la del general Lee en Virginia, sin olvidarse del desmontaje y el derribo espectacular de la estatua del negrero Colston arrancada y tirada al río en Bristol: cuantos acontecimientos de la actualidad reciente que cuestionan con fuerza la simbólica escultural del biopoder.
Los medios más conocidos y las redes sociales transnacionales (por ejemplo, los movimientos #mustfall, #Blacklivesmatter) pronto se apoderaron del expediente, reflejando en el acto el eco de una gran diversidad de reacciones, del consentimiento total a las críticas más mordaz. ¿Cuáles pueden ser las motivaciones profundas que originan tales acciones? ¿Habrá que ver en estos movimientos la renovación de las luchas anticoloniales de los decenios precedentes? ¿La resurgencia o la reapropiación de las memorias sofocadas por una memoria oficial, promovida por los Estados y celebrada con motivo de las conmemoraciones públicas? ¿Qué hacer de los símbolos de dominación occidental tales como las estatuas, edificios o anuncios que glorifican la obra llamada «civilizadora» de colonos o abolicionistas? ¿Qué hacer de las herencias de una historia «gloriosa» para unos y «dolorosa» para otros?
Para contestar estas preguntas, entre otras, proponemos estructurar este número inaugural de NaKan, revista de Mélanges Caraïbes, asociación internacional de investigadores y actores culturales de las Américas y del mundo diaspórico, alrededor de tres ejes temáticos principales y complementarios:
 1. Estatuaria, discurso y colonialidad
 La remanencia de actos de contra-violencia simbólica para con las reliquias del colonialismo y de las estatuas de figuras del colonialismo y del esclavismo, proyecta la luz sobre la cuestión de la relación a la colonialidad del saber y del poder. La historia no es, según Ramón Grosfoguel, una ciencia absolutamente neutra o sin prejuicios. El sociólogo puertorriqueño nos somete en sus reflexiones sobre la descolonización epistémica, pistas de lectura para comprender el alcance simbólico y político del movimiento transnacional que motiva a individuos de edad o etnicidad distintos a que se enfrenten con la legitimidad de tales símbolos institucionalizados. Como en los países occidentales, el contexto hispanohablante, de representaciones históricas coloniales y de un pasado político dictatorial, encuentra un espacio legítimo a este cuestionamiento sobre las estatuarias en los modos de vida, las mentalidades, las políticas, los valores estrechamente vinculados a la herencia histórica dominante.
2. Memoria y patrimonialización
También se destacan esta puesta en perspectiva: el peso de las memorias y las herencias post coloniales, el pasivo doloroso de las relaciones interétnicas en un contexto socioeconómico precario, agravado por las tensiones identitarias y comunitarias, la pregunta punzante sobre las reparaciones, y en último lugar, las de la representación y de la reconstrucción de las identidades culturales subalternizadas. Cuestionar la legitimidad de las estatuarias en el espacio público equivale a volver a investigar las profundidades de las representaciones y de la memoria colectiva compartida por un grupo. En esta perspectiva, las investigaciones de Halbwachs llevan a distinguir el recuerdo, la versión fuerte, y la versión distribuida, interpretación de una representación del pasado. En paralelo, Paul Ricoeur nos remite a tres nociones  la memoria, la historia, el olvido tomando la ética como eje principal de su reflexión. A partir de sus investigaciones, hace falta estudiar las representaciones memoriales a la luz de su evolución histórica con el fin de comprender los cambios de paradigma. ¿Qué interés tiene la historia, la memoria, lo antiguo, en un nuevo paradigma? ¿Quid de la heroicización de algunas figuras en la conciencia nacional de los pueblos? Si el deseo de justicia transparece como una de las pistas de análisis más evidentes, otros facto-res deben tomarse en cuenta para interpretar la amplitud y la orientación de un fenómeno cuyo carácter estadístico no tiene nada discreto. Un discurso subyacente apuntando hacia la descolonización de las artes en el espacio público e institucional pone profundamente en tela de juicio la validez del relativismo cultural (Verges & Dambury 2018) y por cierto atenta contra la tesis de una resiliencia asumida y valorizada en poblaciones surgidas de traumas mayores como la esclavitud (Charles-Nicolas & Bowser 2019). Los factores psicológicos y políticos coinciden así en el campo interdisciplinario de lo étnico, estético y ético para crear una sinergia de un género singular. Por lo tanto, es urgente captar su dinámica fundamental.
3. Héroes y mitos
 Si la estatuaria se identifica con el arte de crear obras escultóricas distintivas para rendir homenaje a algunas personalidades, no se distingue del ámbito cruzado de la estética, de la ética y de la política, ya que estos tres ámbitos se combinan para definir de nuevo los criterios de lo hermoso, de lo bueno y de lo verdadero en materia de arte y de buen gusto. Desde este punto de vista, hay que comprobar que la jerarquización que se opera muchas veces, en las sociedades diaspóricas de África y de las Américas, entre una estatuaria designada como digna heredera de una conciencia nacional, basada en el lugar que ocupan los héroes en los mitos y los grandes relatos nacionales, y una estatuaria nativa que dimana de la modernidad de los nuevos mundos criollos. El conjunto de estos rasgos históricos, geoculturales, artísticos y genéricos reflejan, en definitiva, unas ideologías, unas representaciones o unos imaginarios antagonistas. En la doxa occidental (la visión de las élites europeas, por ejemplo), forma parte del espacio público y es la emanación, las más de las veces, de las elecciones políticas intencionales. Quiere ser la representación consensual y admitida de una lectura de la Historia -el objetivo principal es hacer pueblo, unificar, homogeneizar y hacer admitir por la mayor parte de la gente, una faceta de la historia, además subjetiva. Pero cuando la historia de un país se ve marcada por convulsiones singulares como en las sociedades postcoloniales caribeñas (esclavitud, comercio de los hombres o colonización) ¿será posible pues, de esta verticalidad impuesta de la Historia desde fuera, construir aquí, un imaginario colectivo, en toda su «diversalidad»? En otros términos, ¿ se arriesgará, ocultando esta parte oscura de la historia, a perjudicar a la vez, la paz de una nación, cualquiera que sea y la serenidad entre las diversas comunidades que la componen? Como prueba de ello, los recientes acontecimientos sociales y escándalos sanitarios que hacen resurgir las fracturas de un pasado doloroso. ¿Será posible, por consiguiente, combinar Historia y Transhistoria ¾ según la acepción de Glissant en Tratado del Todo-Mundo invocando los conceptos de «red» o de «archipiélago» ¾ en las comunidades aún subalternizadas, atrapadas en el círculo infernal de la dominación de los pueblos, del colonialismo y del imperialismo?
Consignas para los contribuidores
Para compartir la resonancia de este cuestionamiento, las contribuciones podrán tomar la forma de artículos originales, estudios de casos, análisis, de síntesis, de entrevistas o de recensiones en los ámbitos disciplinarios cuya lista no exhaustiva sigue:
-         estudios culturales y culturología
-         artes visuales y vivas
-         literaturas nacionales, diaspóricas y comparadas
-         filosofía: estética, ontología, epistemología
-         ciencias humanas y sociales: historia, sociología, antropología, etnología
-         ciencias políticas y otras disciplinas relacionadas.
Proceso de selección y agenda
La selección de las propuestas se hará en dos momentos.
- Del 5 de septiembre al 30 de octubre de 2020: envío de resúmenes y notas bio-bibliográficas
 Las propuestas de contribución deberán tener un título y un resumen de casi 400 palabras no más en la lengua de preferencia del autor con una breve nota bio-bibliográfica que no supera las 150 palabras. Se aceptarán las propuestas con un límite de 35000 señas no más, espacios incluidos. Los autores recibirán una notificación para el 30 de agosto de 2020.
Calendario:
30 de octubre de 2020: Envío de las propuestas (resúmenes y notas bio-bibliográficas)
30 de noviembre de 2020: notificación de los dictámenes
30 de marzo de 2021: fecha límite de recepción del texto integral de los artículos
30 de mayo de 2021: Devolución de las evaluaciones a doble ciego
30 de junio de 2021: Publicación del número 1 de NaKaN
Contactos
Favor de enviar las propuestas de artículos, acompañadas de una breve reseña bio-bibliográfica a . Para obtener más informaciones se puede enviar un correo electrónico directamente a .
Suggested references/ Bibliographie indicative/Bibliografia indicativa
Achille, Etienne, Charles Forsdick et Lydie Moudileno, 2020, Postcolonial Realms of Memory : Sites and Symbols in Modern France, Liverpool: Liverpool University Press.
AtwoodMargaret1998 [1981], Bodily HarmNew YorkPenguin.
Bernardino-Costa, Joaze, Nelson Madonado-Torres et Ramon Grosfoguel, 2018, Decolonialidade e pensamento afrodiaspórico, Belo Horizonte: Aútentica.
Benitez-Rojo1996 [1992], Repeating Island: The Caribbean and the Postmodern Perspective, trans. James Maraniss, 2nd edn, Durham, NC and London: Duke University Press.
Bancel, Pascal et Pascal Blanchard (dirs.), 2011, Culture postcoloniale 1961-2006, Paris : Autrement.
Boidin, Capucine et Fátima Hurtado López, 2009, « La philosophie de la libération et le courant décolonial », Cahiers des Amériques latines [En ligne], n° 62 | 2009, mis en ligne le 31 janvier 2013. URL : http://journals.openedition.org/cal/1506
BongieChris1998Islands and Exiles: The Creole Identities of Post/Colonial Literature, Stanford: Stanford University Press.
Charles-Nicolas, Aimé J. et Benjamin Paul Bowser (dirs.), 2018, L'esclavage: quel impact sur la psychologie des populations ?, Paris : Campus.
FabelRobin F. A.2000Colonial Challenges: Britons, Native Americans, and Caribs: 1759–1775, Gainesville, University Press of Florida.
Glissant, Edouard, 1997, Traité du tout-monde. Poétique IV., Paris: Gallimard.
GonsalvesRalph E.2001The Politics of Our Caribbean Civilisation: Essays and Speeches, Kingstown: Great Works Depot.
Grosfoguel, Ramón, 2003, "Cambios conceptuales desde la perspectiva del sistema-mundo", Nueva Sociedad, n° 183: 151-166.
Grosfoguel, Ramón, 2002, "Colonial Difference, Geopolitics of Knowledge, and Global Coloniality in the Modern". Review. Vol. 25, n° 3: 203-224.
Grosfoguel, Ramón, 2006, « Les implications des altérités épistémiques dans la redéfinition du capitalisme global. Transmodernité, pensée frontalière et colonialité globale », Multitudes, n° 26, 2006/3 : 51-74.
Grosfoguel, Ramón, 2007, "Latinos(as) y la descolonización del imperio estadounidense en el siglo XXI". Tabula Rasa. Vol. 6: 115-135, https://paperity.org/p/226099725/latinos-as-y-la-descolonizacion-del-imperio-estadounidense-en-el-siglo-xxi.
Halbwachs, Maurice, et Jeanne Alexandre, 1950, La mémoire collective. Paris: Presses Universitaires de France.
Lefrançois, Frédéric & Catherine Kirchner-Blanchard, 2018, « Décoloniser l’imaginaire esthétique : vers une écriture de nouveaux paradigmes caribéens », Revue d’études décoloniales, n° 1, http://reseaudecolonial.org/2018/03/08/decoloniser-limaginaire-esthetique-vers-une-ecriture-de-nouveaux-paradigmes-caribeens/
LewisLinden2003Exploring the Intersections of Gender, Sexuality and Culture in the Caribbean, Gainesville: University of Florida Press.
Lyotard, Jean François, 1974, Économie libidinale, Paris: Éditions de minuit.
Lyotard, Jean-François, 1977, "Sur la position de l'objet pictural" » Actes Du VIIe Congrès International D'esthétique, vol. 2: 569-571.
Lyotard, Jean-Francois, 1991, Inhuman: reflections on time, Cambridge: Polity Press.
MignoloWalter D.2000Local Histories/Global Designs: Coloniality, Subaltern Knowledges and Border Thinking, Princeton: Princeton University Press.
MitchellJames F.1996Guiding Change in the Islands, Waitsfield: Concepts Publishing.
MitchellJames F., 1989Caribbean Crusade, Waitsfield: Concepts Publishing.
Stannard, David E., 1992, American Holocaust: Columbus and the conquest of the New World,  Oxford: Oxford University Press.
Vergès, Françoise et Getty Dambury (dirs.), 2018, Décolonisons les arts ! Paris : L’Arche
Lieu Université des Antilles
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