Le poète espagnol Guillermo Carnero, figure majeure des poètes dits novisimos et spécialiste d’un siècle mal connu et mal aimé en Espagne – le XVIIIe – est l’auteur de onze recueils de poèmes. En 2018 paraît Carta florentina, une longue correspondance élégiaque en dialogue avec la culture renaissante. Dans cet ouvrage, élaboré à partir de sa thèse de doctorat soutenue en 2018 sur l'oeuvre du poète, Catherine Guillaume interroge le cheminement du « devenir lecteur » de cette poésie – réputée difficile – en parcourant l’ensemble de l’œuvre (poésie, essais, ouvrages autocritiques). On y découvre les errances culturelles du poète prendre corps chez son lecteur. Dans l’élaboration de cette relation de lecture l’on assiste à la naissance d’une médiation humaniste, d’une réception bouleversée et bouleversante. Ce plaisir de lecture est célébré dans une dernière partie en forme d'anthogie, qui offre par ses traductions une relecture de l'oeuvre. Bien loin d'être une glose critique, celles-ci proposent de mettre en évidence la profondeur de la parole poétique, permettant aussi que des lecteurs non hispanophones aient accès à cette oeuvre tout aussi magistrale que passionnante.