Description:
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Le Mexique compte avec des populations afro-descendantes minoritaires vivant de manière très territorialisées et marquées au sein de deux grandes régions : dans l’Etat de Veracruz (côte Atlantique) et dans la région de la « Costa Chica » (côte Pacifique) et regroupant les Etats de Guerrero et de Oaxaca. Cette région de la Costa Chica ( qui va approximativement du port d’Acapulco jusqu’au port d’Escondido) est également habitée par des populations dites « métisses » (mestizas, interprétées comme « blanches » et des populations indigènes (amuzgos, mixtecos, nahuas…). Ces populations afro-descendantes sont issues de l’histoire coloniale et de la pratique de l’esclavage. En effet, cette région de la Costa Chica fut le lieu d’implantation d’une économie rurale espagnole à l’époque coloniale (bétail, coton, café, pêche, sel). En plus, les ports d’Acapulco et de Huatulco ouvraient une porte au commerce trans-colonial (Les Philippines et Amérique du Sud) et furent très demandeurs des produits de l’économie rurale. En outre, du fait du faible contrôle espagnol sur la zone, de la proximité d’enjeux économiques, de la difficile accessibilité de la région, s’organisèrent des activités de marronnage dans toute la Costa Chica.
Par ailleurs, la trajectoire socio-historique spécifique de ces populations, a construit une certaine considération axiologique des corps (sémantique des corps, imaginaires, rôles assignés). Cette contribution vise à interroger la pratique ethnographique de terrain au sein des Afro-amériques, notamment le Mexique. En d’autres termes, comment pourrait-on mener une ethnographie (ou recherche anthropologique) sans prendre en compte et interroger les corps (corps autre-corps ethnographe). Et comment mesurer les incidences que cela pourrait avoir dans la construction du savoir anthropologique ? À partir de quel corps, d’où, de quand écrit-on ? Ces interrogations sous-tendent d’assumer une positionnalité réflexive, particulièrement dans ce contexte des Afro-amériques.
Dans un premier temps, nous ferons la présentation de nos différentes pratiques de terrain (présentation de soi, entrée sur le terrain, expérience de terrain) afin d’expliciter concrètement le croisement de nos démarches et ainsi montrer la pertinence de la question principale. Il convient de préciser que la brève présentation de soi n’est en rien un regard narcissique mais au contraire conditionne notre propos sur l’axiologie corporelle des Afro-amériques. Les expériences de terrain en témoigneront. Dans un deuxième temps, nous tenterons de dégager quelques pistes de questionnement à partir d’un bilan de nos expériences mais aussi de quelques textes qui traitent de l’Afro-amérique. Dans un troisième et dernier temps, nous nous risquerons à proposer un ensemble de postulats qui nous paraissent nécessaires à toute démarche ethnographique au sein des Afro-amériques. |