Description:
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Les Préludes de Yolanda Domínguez permettent d’envisager les potentialités du trompe-l’œil dans le médium photographique, « en surface » et/ou « en profondeur », et révèlent que le premier type de trompe-l’œil ménage les conditions de réalisation de l’autre, le duel agonistique entre les deux leurres ne débouchant pas tant sur la problématisation de la représentation « en soi » que sur celle de la représentation « de soi ». En modifiant le lieu de réalisation du trompe-l’œil, en le transférant de la surface vers la profondeur, Yolanda Domínguez en modifie significativement le sens. Là où le trompe-l’œil traditionnel souligne l’écran matériel de la toile – son opacité – et questionne les limites entre le réel et la fiction, le trompe-l’œil des Préludes interroge quant à lui les représentations mentales ou sociales, tendant vers la subversion des ordres et des rapports sociaux. Les Préludes produisent un effet d’emballement de la représentation, détachent les objets de l’espace qui les accueille, pour les offrir ou les restituer au monde. En associant artificiellement, par la manipulation numérique, représentation d’une représentation et représentation du réel, pour ensuite les dissocier, Yolanda Domínguez produit un double mouvement d’aliénation et de désaliénation, crée un espace paradoxal, à la fois lié et délié, habité et inhabité, et où le rapport entre la présence et l’absence, tour à tour sollicité et subverti, met en question le lien entre l’être et le monde. |