Description:
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Continuant d’alterner romans et recueils de nouvelles, José María Merino (La Coruña, 1941) n’a eu de cesse entre 2000 et 2010 de consolider et d’agrandir cet univers narratif aussi varié que cohérent qu’il s’était employé à construire tout au long du dernier quart du vingtième siècle pour revendiquer à travers lui «la réalité de l’imaginaire». Son œuvre récente se prête particulièrement bien à une approche par le prisme de l’image, ne serait-ce qu’en raison de l’importance que l’illustration graphique revêt dans certains ouvrages, en l’occurrence dans Cuentos del libro de la noche (2005), un recueil de mini-récits fantastiques élaboré sur le mode de la complémentarité de la lettre et de l’image. L’article s’attache alors à discerner les différentes fonctions remplies par les illustrations au regard des récits qu’elles accompagnent et souligne l’impressionnant travail de recyclage d’épisodes mythologiques ou bibliques effectué par l’écrivain par ce biais. L’étude met d’autre part en lumière la prédominance, dans le corpus exploré, des images de l’île –en particulier dans "El heredero" (2003) et "El lugar sin culpa" (2007)– et du gouffre –principalement dans "La sim"a (2009)–, images dont on s’emploie chaque fois à dégager toute la signifiance dans le récit qu’elles habitent. Enfin, on observe combien Merino s’est attaché ces dernières années à offrir une représentation de deux «mondes» qui lui sont d’autant plus chers qu’il les estime menacés: notre Terre, dont il offre une vision aussi pathétique que «réaliste» à travers un recueil de nouvelles futuristes ("Las puertas de lo posible", 2008), et la Littérature, pour laquelle il file la belle métaphore du Jardin Littéraire dans une série de micro-récits ("La glorieta de los fugitivos", 2007). Les conclusions soulignent une continuité dans les pratiques et les thématiques de cet écrivain: Merino continue, en particulier, de cultiver l’irruption du fantastique ou de l’étrange dans le quotidien, ainsi que le brouillage entre la réalité vécue et la réalité imaginaire; l’interrogation identitaire par l’exploration du passé, tant individuel que collectif, continue de sous-tendre chacun de ses textes. Cela étant, ses prises de position dans certaines œuvres récentes témoignent d’un engagement chaque fois plus fort au regard de la réalité sociale et politique de son temps, en même temps qu’elles confirment la dimension humaniste de son Œuvre. |