La projection de la Catalogne et des pays de langue catalane à l’étranger (XXe-XXIe siècles) : diplomatie, paradiplomatie et réseaux |
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Appels à contribution
Catalonia lance un appel à contribution pour son numéro 31 (2nd semestre 2022).
L’appel est ouvert pour :
*le dossier monographique : « La projection de la Catalogne et des pays de langue catalane à l’étranger (XXe-XXIe siècles) : diplomatie, paradiplomatie et réseaux ».
*les varia en rapport avec la catalanistique, dans les domaines scientifiques de la revue (langue et linguistique ; histoire et civilisation ; littérature et arts).
Les articles seront rédigés en catalan, en français ou en espagnol.
Les auteurs devront envoyer au préalable une proposition d’article, incluant un résumé (200-300 mots) ainsi qu’un bref CV (200 mots maximum).
Argumentaire du dossier
« La projection de la Catalogne et des pays de langue catalane à l’étranger (XXe-XXIe siècles) : diplomatie, paradiplomatie et réseaux »
Comment et pourquoi la Catalogne et les autres pays de langue catalane se sont-ils projetés à l’étranger au cours des XXe et XXIe siècles ?
Dès lors que le catalanisme culturel puis politique ont réussi à bâtir ou rebâtir une conscience nationale catalane de façon hégémonique en Catalogne (premier tiers du XXe siècle), les acteurs politiques, socio-culturels et économiques de cette nouvelle société catalane ont souhaité se projeter en dehors des frontières de l’Espagne pour faire connaître et reconnaître cette catalanité portée par une Catalogne qui prend de plus en plus la forme d’une nation culturelle ou d’une nation sans État. La Catalogne était, certes, devenue la locomotive industrielle et l’usine de l’Espagne, toutefois la volonté des différents acteurs de cette société avait évolué vers un besoin de faire résonner les singularités et l’idiosyncrasie catalanes en marge (ou en complément) d’une Espagne exclusivement castillane projetée par les institutions de l’État central. Autrement dit, il était jugé crucial en Catalogne de faire entendre la voix alternative d’une Espagne méditerranéenne, industrielle et catalanophone, prétendument plus européenne et moins isolée ou reculée que l’Espagne de la Meseta. Selon les aléas, les idéologies et l’évolution politique de la Catalogne (et de l’Espagne tout entière), cette voix catalane pouvait être compatible ou incompatible avec une voix espagnole.
Cette demande de reconnaissance (dans le reste de l’Espagne et à l’étranger) était très claire en Catalogne où une partie conséquente de la société catalane avait désormais conscience de sa singularité linguistique, nationale et économique comme le démontrent l’hégémonie des partis catalanistes (Lliga puis Esquerra), l’avènement de la Mancomunitat de Catalunya (1914) puis la restauration de la Generalitat de Catalunya sous la Seconde République espagnole (1932), un régime profondément marqué et pensé pour trouver une issue au « problème catalan » au sein de l’Espagne. En revanche, dans les autres territoires catalanophones intégrés à l’État espagnol (Baléares, ancien Royaume de Valence, l’Aragon oriental…) la contestation de l’État et de l’hispanité (tout aussi hispano-castillane) était moins affirmée en raison d’une « auto-conscience » nationale, culturelle, linguistique et économique bien plus fragile et nullement hégémonique. Cette distinction dans le degré d’affirmation de la Catalogne par rapport aux autres régions catalanophones pouvait se vérifier également sur le plan de la considération du catalan comme langue nationale et de culture –une diglossie un peu moins forte en Catalogne qu’à Valence ou aux Baléares où les élites étaient, en outre, fortement castillanisées– mais aussi autour d’une conscience nationale catalane de moins en moins compatible, pour les catalanistes du Principat, avec la nation espagnole, en passe de devenir une simple structure administrative (l’État). Par conséquent, l’expression régionale (plus que nationale) des différentes formes de catalanité dans les territoires catalanophones (hors Catalogne) n’a pas mené au même processus de dissociation vis-à-vis de l’Espagne. Lorsqu’il s’est produit, à travers de multiples formes de pancatalanisme en dehors de la Catalogne, ces mouvements ont globalement été bien moins majoritaires qu’au Principat.
Dans ce dossier, il sera donc question d’étudier la projection de la Catalogne à l’étranger dans différents domaines (langue et culture catalane, économie, commerce, idéologies politiques, syndicalisme, diplomatie culturelle, paradiplomatie…) au cours des XXe et XXIe siècles. Pour d’autres territoires catalanophones, les relations et les réseaux diplomatiques d’États pourront être abordés : c’est le cas de la Principauté d’Andorre qui, en tant qu’État souverain, fait par ailleurs résonner la langue catalane à l’ONU depuis 1993. Quant aux autres régions catalanophones appartenant aux États espagnol (Baléares, Pays valencien, Frange d’Aragon et Carxe), français (Pyrénées-Orientales) et italien (L’Alguer), la question de la projection extérieure dans le cadre des Països Catalans ou bien de façon alternative, voire opposée, nous paraît pertinente.
Axes d’étude
-Formes de projection de la Catalogne et/ou du « fait catalan » à l’étranger : collaborations littéraires, culturelles, artistiques, politiques, syndicales, divulgation de la langue catalane aux XXe et XXIe siècles : de la Lliga à la Mancomunitat de Catalunya, en passant par la Generalitat républicaine, la résistance antifranquiste (Generalitat en exil et/ou initiatives individuelles ou collectives), Casals, Transition démocratique, retour de l’autonomie (Josep Tarradellas puis Statut de Sau), politique étrangère des différents gouvernements catalans (Jordi Pujol, Tripartits, Artur Mas), processus indépendantiste catalan (2012-2017), exil d’anciens dirigeants indépendantistes, élection de certains d’entre eux au Parlement européen (2019), Consell per la República…
-Diplomatie culturelle et paradiplomatie des régions catalanophones de l’État espagnol. Par exemple, liens des « communautés autonomes » catalanophones avec l’Institut Ramon Llull, présence de ces régions auprès et autour des institutions européennes (Comité des Régions, groupes parlementaires, délégations régionales, relations bilatérales avec d’autres régions d’Europe ou du reste du monde…), Eurorégion Pyrénées-Méditerranée, collaborations transfrontalières… Rapports, liens entre les « communautés autonomes » catalanophones dans une projection commune (ou concurrente) à l’étranger.
-Diplomatie de la Principauté d’Andorre (ONU, liens avec la France et l’Espagne, avec l’UE et le reste du monde…).
-Projection à l’étranger des régions catalanophones rattachées aux États français et italien. Projection vers la Catalogne comme partie intégrante de la catalanité (par exemple promotion de L’Alguer en Catalogne ou autres régions catalanophones), projection vers l’État français ou italien d’une catalanité interne…
Bibliographie sélective
-ALMEDA, Pere (ed.). Catalunya/Espanya, ¿del conflicte al diàleg polític? Madrid: Catarata, 2021.
-ÁLVARO, Francesc-Marc. Ensayo general de una revuelta. Barcelone : Galaxia Gutenberg, 2019.
-AMAT, Jordi. La confabulació dels irresponsables. Barcelone: Cuadernos Anagrama, 2017.
̶ . El llarg procés: cultura i política a la Catalunya contemporània. Barcelone : Tusquets, 2015.
-DOMÈNECH, Xavier. Un haz de naciones. Barcelone : Península Atalaya, 2020.
-ESPINET, Xavier; SÁNCHEZ, Mariana. Catalogne, la République libre. Paris : Syllepse, 2019.
-FOSSAS, Enric, “Competencias del Estado y de las Comunidades Autónomas: criterios constitucionales y evolución jurisprudencial” in España constitucional (1978-2018): trayectorias y perspectivas. Madrid: Centro de Estudios Políticos y Constitucionales, 2018.
-GARCIA i SEGURA, Caterina. L’activitat exterior de les regions: una dècada de projecció exterior de Catalunya. Barcelone: Fundació Bofill, 1995.
-GÓMEZ PASCUAL, Maribel. Las CC.AA. en la UE: condicionantes, evolución y perspectivas de futuro. Barcelone: Institut d’Estudis Autonòmics, Generalitat de Catalunya, 2013.
-MARTÍN ZAMORANO, Mariano; MARTÍNEZ ILLA, Santi; RIUS ULLDEMOLINS, Joaquim. Governança cultural, identitat i territori. Polítiques culturals a Catalunya (1980-2016). Barcelona: Fundació Josep Irla, 2018.
-MARTY, Nicolas. Comprendre la crise catalane. Paris: Cairn, 2019.
SÁNCHEZ-CUENCA, Ignacio. La confusión nacional. La democracia española ante la crisis catalana. Madrid: Catarata, 2018.
-ORY, Pascal. Qu’est-ce qu’une nation ? Une histoire mondiale. Paris : Gallimard, 2020.
-PELOILLE, Manuelle ; BUJ, Serge ; TRÉPIER, Cyril. L’Indépendance catalane en question. Neuilly : Atlande, 2018.
-PAQUIN, Stéphane. Paradiplomatie identitaire en Catalogne. Laval : Presses Universitaires de Laval, 2003.
-RAMONEDA, Josep (Ed.). Cataluña-España. ¿Qué nos ha pasado? Barcelona: Galaxia Gutenberg, 2019.
-RIBAS, Òscar, “El català a l’ONU: discurs íntegre d’Òscar Ribas”, El Temps, n°1907, 28 de desembre de 2020.
-RIQUER (de) i PERMANYER, Borja, « Du statut d’autonomie au souverainisme » in Cultures politiques en Catalogne XVIII-XXIe siècles, Josep Pich Mitjana (coord.), Catalonia n°26, 1er semestre 2020, Sorbonne Université, revue électronique :
http://www. crimic-sorbonne.fr/publication-crimic/catalonia-26, p. 129-137.
-RIQUER (de) i PERMANYER, Borja, « La transition démocratique espagnole : une occasion manquée » in PETITDEMANGE, Dominique et JENE, Marie-Christine (dir). La Catalogne et l’Espagne. Les clefs du conflit. Baixàs : Balzac Éditeur, 2018, p. 23-34.
-TRÉPIER, Cyril. Géopolitique de l’indépendantisme en Catalogne, Paris : L’Harmattan, 2016.
Calendrier
– Appel : 24 mars 2022
– Envoi de la proposition par l’auteur : 15 mai 2022
– Communication de l’acceptation ou du refus par le comité éditorial : 1er juin 2022
– Envoi de l’article par l’auteur : 1er septembre 2022
– Retour des évaluations : 1er octobre 2022
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Lieu Appel à articles. Catalonia n°31 | ||||||
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