Colloque international
« Socio-poétiques de la ville dans l’aire romane (Espagne, Amérique hispanique) au XXIe siècle »
jeudi 24 et vendredi 25 mars 2022, Université de Lille
Colloque organisé par le CECILLE (ULR 4074), Université de Lille, en partenariat avec CREER-IMAGER (EA 3958) de l’Université Paris-Est Créteil ainsi que deux groupes de recherche de l’Universidad Complutense de Madrid : Instituto de Estudios Feministas et GILAVE (Grupo de Investigación « La Aventura de Viajar y sus Escrituras »).
Un second volet aura lieu les 26 et 27 mai 2022 à la Universidad Complutense de Madrid, avec des collègues spécialistes de littérature comparée. Ce volet madrilène élargira la problématique à l’ensemble de l’aire romaine à l’époque contemporaine, avec des contributions pouvant remonter à la deuxième partie du XIXe siècle.
Argumentaire scientifique :
La socio-poétique au sens large désigne l’interaction entre discours littéraire – ou artistique en général – et discours social ou socioéconomique. Dans un sens plus concret, ce terme est défini par Alain Montandon comme « une poétique au sens étymologique du terme, qui prend en compte les représentations sociales comme éléments dynamiques de la création littéraire ». Dans la lignée de Walter Benjamin, Henri Lefebvre et David Harvey, notre colloque s’intéresse à l’inclusion de l’espace urbain dans le champ de la socio-poétique. Il s’agit d’étudier les relations entre la ville en tant que discours social ou sociolecte (Barthes) et ses représentations littéraires ou artistiques.
Le volet lillois développera une comparaison entre l’Espagne et l’Amérique hispanique dans les vingt premières années du XXIe siècle. Un accent particulier sera mis sur les textes et images évoquant les protestations (manifestations, marches, happenings...) contre les conséquences sociales et économiques de la crise financière de 2008. Pour l’Espagne, sur le mouvement des « Indignés » à Madrid en 2011. L’Amérique latine dans son ensemble sera envisagée à partir d’une pluralité de cas.
Dans la littérature, de nombreux romans et nouvelles contemporains en Espagne et en Amérique latine envisagent la ville à nouveaux frais, que ce soit sous le prisme du réalisme ou de la science-fiction. L’apport de la géocritique sera utile pour étudier la mise en scène de l’espace urbain dans ses dimensions sociales et politique, mieux cerner son rôle dans la fiction et ainsi la cartographier.
Dans le cinéma, la ville joue un rôle central dans de nombreux films espagnols et latino-américains récents, au point de devenir personnage et, dans certains cas, d’être la véritable protagoniste des histoires racontées. Dans certains cas, on est face à une ville invivable, labyrinthique, violente, oppressive, excluante et parfois même post-apocalyptique, où les relations se sont déshumanisées et où il n’y a plus de place pour l’empathie et la solidarité (Reygadas, Plá, Martel, etc.). Dans d’autres cas, en revanche, la solitude et le désespoir permettent la construction de nouvelles formes de sociabilité et de résistance (Mendoza, Carreras, Trueba, etc.) et la ville peut devenir un lieu d’affranchissement, un espace fertile qui permet aux personnages de se retrouver, une alliée précieuse qui leur permet de survivre. Ces différentes visions de l’espace urbain se traduisent à l’écran à travers des esthétiques différentes allant du réalisme à l’expressionnisme et abordant des genres cinématographiques divers comme le cinéma dramatique et la comédie ou le cinéma fantastique et de films d’horreur.
Les contributions impliquant les approches féministes et de genre, sur les discours hégémoniques, les résistances à ces discours, ou encore la visibilité des femmes et des minorités dans l’espace public, seront les bienvenues. Lorsqu’on aborde la ville à partir des études de genre, on se rend compte que les espaces sociaux, privés ou publics, sont traversés par des discours et des pratiques genrés. On peut même avancer que ces espaces, architecturalement parlant, sont tels parce que pensés, même involontairement, dans et à partir des cadres épistémiques du système de genre/sexe hégémonique. Les espaces sociaux des villes sont généralement configurés de telle sorte que, loin de reproduire une différence des sexe « naturelle », ils produisent en permanence cette différence des sexes (Goffman) : les toilettes, les différents rayons homme/femme des magasins, les terrains de sports, etc. Mais les espaces sociaux visibles et (hétéro)normés sont aussi traversés par des lignes hétérotopiques (Foucault), autrement dit, des espaces ou zones « autres », invisibles des non-initié.e.s, où se jouent des encodages et des pratiques sociales « dissonantes », comme, par exemple, les codes spécifiques de la drague homosexuelle dans les rues, les parcs, les cafés, les cinémas, etc. Hommes et femmes ne vivent pas (dans) la ville de la même manière ; ils/elles n’ont pas les mêmes champs de mobilité et d’expression selon leur identité ou subjectivation de genre, de classe, de sexualité, de race ou d’ethnicité.
En civilisation, des phénomènes culturel comme les carnavals (Oruro, Montevideo, entre autres) ou encore les fresques, tags et peintures de rues seront abordés sous cet angle politique.
Une sélection de contributions, préalablement évaluées, fera l’objet d’une publication dans le numéro de l’automne 2022 d’Atlante. Revue d’études romanes sous la direction d’Ángel Clemente Escobar et Pilar Andrade Boué. L’appel à publication sera diffusé à la rentrée 2022. La revue Atlante vient récemment d’être agréée pour son inclusion à OpenEdition.
Thématiques suggérées :
- De la ville moderne à la ville postmoderne
- Genre noir et socio-poétique de la ville
- Poétique de la ville en révolte
- Socio-poétiques féministes de la ville
- Éco-critique et imaginaire urbain
- Le discours social de la ville en images
- Hétérotopies urbaines dans les productions littéraires et audio-visuelles
Informations pratiques :
Le colloque se tiendra à l’Université de Lille (Maison de la Recherche - Pont de Bois) du jeudi 24 au vendredi 25 mars 2022.
Les propositions de communications (titre, résumé de 500 mots environ, 3-5 mot clés et une courte bibliographie), accompagnées d’une brève notice biographique, seront à envoyer pour le vendredi 4 février 2022 à l’adresse suivante :
Langues de travail : espagnol, français, anglais.
Les notifications d’acceptation sont envoyées avant le lundi 21 février 2022
Comité scientifique du volet lillois :
Angel Clemente Escobar (CECILLE), Paul-Henri Giraud (CECILLE), Baptiste Lavat (CREER-IMAGER), Carmen Mejía Ruíz (GILAVE), Eugenia Popeanga (GILAVE), Antoine Rodriguez (CECILLE).
Comité d’organisation du volet lillois :
Angel Clemente Escobar, Paul-Henri Giraud, Claudia Panameño (doctorante CECILLE).
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