Appel à communications
Journée d’étude
Université Sorbonne Nouvelle ED 122 Europe Latine - Amérique Latine EA 3979 LECEMO
16 avril 2022
Femmes et nature : espaces de l’intime. Modèles, discours et réappropriations dans les littératures romanes
La relation entre les femmes et la nature constitue en littérature un binôme marqué traditionnellement par les topoi, les stéréotypes et les archétypes offrant une représentation limitée de l’individualité féminine. Divinités ou personnifications des forces vives de la nature, figures allégoriques incarnant souvent un certain nombre de polarités (pureté/transgression, virginité/procréation, bien/mal) ou personnages hors norme et excentriques, les êtres féminins liés étroitement à la nature font l’objet de discours normatifs qui tendent à effacer leur subjectivité. Cibles des désirs sexuels ou des interdictions sociales, ils vivent une simplification du rapport entre la construction du genre et la construction de l’espace, qui s’est souvent exprimée sous forme d’un dualisme homme = culture / femme = nature. D’ailleurs, comme l’affirme Gisela Bock, cette dichotomie culture/nature a été « reconnue [par les spécialistes de l’histoire des femmes, NDLR] comme une façon spécifique – et peut-être spécifiquement occidentale – d’exprimer les hiérarchies entre les sexes » (G. BOCK, p. 56).
Si d’une part on peut observer cette tendance à la stéréotypisation et à la simplification dans la représentation littéraire du rapport femme-nature, de l’autre, dans la perspective diachronique que nous souhaitons adopter, il faut considérer que la perception des espaces naturels et leur reformulation par l’imaginaire littéraire changent au long de l’histoire. Si le Moyen Âge est marqué par l’idéalisation et la symbolicité des éléments naturels, la Renaissance se concentre plutôt sur l’étude et l’observation de ceux-ci. Ce changement de perspective mène à la naissance de la notion de paysage, et, plus tard, à la fascination romantique pour le “sublime”, et donc pour la nature indomptable et sauvage. S’ensuit une période de contrôle toujours plus strict sur la nature en parallèle d’un développement exponentiel des villes et des aires industrielles, qui réduit de plus en plus la présence et la fonction de la nature dans la société et dans l’espace, rendant plus complexe le rapport entre les individus et les espaces naturels. Aujourd’hui, on assiste plutôt à un retour vers cette nature perdue, à la recherche d’une nouvelle harmonie avec elle, comme le témoigne, entre autres, l’émergence du champ d’études de l’écocritique (G. VIGNOLA).
Or, cette évolution de l’idée de nature et des images littéraires la concernant suscite l’intérêt des études sur les littératures en langues romanes, tandis que le mouvement de la relation femmes-espaces naturels demeure encore peu approfondi. Plus particulièrement, la représentation littéraire des personnages féminins dans la nature ou liés étroitement à celle-ci nous interroge sur leur possible accord intime et donc sur l’expression de la vie intérieure des femmes, de leur existence la plus profonde dans les espaces naturels, propices à la solitude et non marqués par l’empreinte culturelle masculine qui caractérise l’espace urbain.
Y a-t-il donc des mutations dans la représentation littéraire du rapport femmes-espaces naturels, laissant une place de plus en plus significative à l’expression de l’intimité féminine ? La nature devient-elle un territoire intérieur et imaginatif féminin ? Quels sont, au contraire, les éléments de continuité, les topoi qui résistent au passage des siècles ? Ces interrogations mériteraient d’être davantage traitées dans le champ littéraire, créant ainsi des ponts nécessaires avec les études de genre, à travers l’exploration de plusieurs époques et pays.
Par ailleurs, la relation femmes-nature en littérature doit être prise en compte à travers deux regards, deux plumes : ceux des hommes de lettres et ceux des autrices, qui permettent de prendre en considération à la fois le plan de la représentation et le plan de l’expression d’une intimité féminine par les femmes. Dans quelle mesure le genre de la personne qui écrit joue-til un rôle dans ce type de discours ? Le lien entre femme et nature exprimé par les hommes constitue-t-il une exclusion de la culture masculine ? Au contraire, les autrices, ainsi que leurs personnages, se sont-elles réapproprié la nature comme “espace à soi”, comme espace de l’intime, aboutissant à une réinvention identitaire des sujets-femmes entre solitude, liberté et sauvagerie de la nature ?
C’est cette recherche d’une représentation de l’intimité féminine en rapport avec les espaces naturels, ou sa dévalorisation ou négation, que la journée Femmes et nature : espaces de l’intime. Modèles, discours et réappropriations dans les littératures romanes souhaite interroger à travers l’étude des œuvres littéraires en langues romanes, au cours d’un horizon temporel qui va du Moyen Âge jusqu’à nos jours.
Modalités de participation
Les propositions de communication (titre + résumé de 500 mots maximum + bibliographie synthétique + une brève présentation de l’auteur.ice) sont à envoyer au plus tard le 10 janvier 2022 à l’adresse :
La durée prévue des communications est d’environ 20 minutes.
Le comité d’organisation prévoit la publication des contributions dans un volume collectif avec comité scientifique.
La journée d’étude s’adresse principalement aux doctorant.e.s, docteur.e.s et jeunes chercheur.se.s. Elle aura lieu en présentiel à la Maison de la Recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle, à Paris, le 16 avril 2022.
Comité d’organisation
Giusi La Grotteria, Université Sorbonne Nouvelle ( )
Giulia Parma, Université Sorbonne Nouvelle ( )
Victoria Rimbert, Université Sorbonne Nouvelle - Università degli Studi di Padova ( )
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