Appel à communication
Journées d’étude du 15 et 16 octobre 2015 (Université de Valenciennes et du Hainaut Cambrésis)
Dans L’Espace public (1990), Jürgen Habermas analyse le processus historique qui a conduit les classes bourgeoises ascendantes à dégager un espace de médiation entre l’État et la société civile pour s’opposer au pouvoir des monarchies absolutistes. Cette sphère publique, dont l’avènement coïncide avec le développement du capitalisme, a permis aux citoyens de prendre une part active au processus politique dès le XVIIIe siècle, favorisant ainsi la formation d’une opinion publique. La presse périodique joue alors un rôle critique essentiel en offrant aux citoyens la possibilité de débattre de l’exercice du pouvoir.
Les analyses pionnières d’Habermas sont aujourd’hui très critiquées pour leurs nombreuses ambiguïtés, notamment par les historiens de l’Amérique hispanique. Dans Los espacios publicos en Iberoamérica, François-Xavier Guerra et Annick Lempérière s’attachent à en montrer les limites. Ainsi, outre le fait que les sociétés coloniales hispano-américaines n’étaient pas « bourgeoises », ces dernières doivent entre autres l’avènement d’une opinion publique aux débats que la vacance du pouvoir monarchique provoqua au début du XIXe siècle.
Cette évocation rapide de la genèse de l’opinion publique apparaît sans doute comme trop simplificatrice en regard des stratégies de communication actuelles et, surtout, elle ne nous dit pas comment les grandes évolutions des XIXe et XXe siècles modifièrent durablement les espaces publics latino-américains et façonnèrent la conscience politique des individus. Or, parce qu’elle n’est plus l’exclusive des élites « raisonnantes », l’opinion publique est aujourd’hui la manifestation concrète du bon ou du mauvais fonctionnement démocratique de la société.
Plusieurs orientations de recherche sont susceptibles d’investir et de développer la problématique proposée. Nous axerons notre réflexion notamment sur les relations entre les sociétés civiles hispano-américaines et le pouvoir, ainsi que sur les procédés utilisés pour fabriquer une opinion publique. Et, parce que « l’opinion est en relation avec une pluralité de phénomènes qui l’invitent à prendre parti et l’entraînent à penser » (Arlette Farge, Dire et mal dire), nous nous proposons d’aborder de manière non exhaustive les thèmes suivants :
- Entre légitimation et critique, l’opinion publique à l’œuvre
- L’opinion publique, expression de forces politiques et culturelles
- Formes et figures d’une opinion publique populaire, informelle ou oppositionnelle
- L’opinion publique et la contrainte
- Manipulation et propagande
- Produire du sens : médias, nouvelles technologies, dispositifs communicationnels revisités…
Date limite des propositions : le 15 avril 2015. Nous attendons pour cette date un résumé de votre communication (200 mots), accompagné d'un curriculum vitæ comprenant adresse et adresse de courrier électronique. Nous vous prions d'envoyer ces documents sous forme électronique, à l'adresse .
Si votre proposition est retenue, vous disposerez de 20 à 30 minutes pour présenter votre communication.
Il sera demandé aux inscrits de verser un droit d’inscription de 20 € destiné à financer les frais d’organisation de ces journées d’étude. Les doctorants seront exonérés de ces frais.
|