Appel à communications pour le 6e colloque du Réseau International Patrimoine Culturel et Sciences Sociales
Acteurs et processus de la patrimonialisation : regards croisés Amériques-Europe (XXe-XXIe)
Du 17 au 19 novembre 2021
Université Paul-Valéry Montpellier 3/Universidad de Guadalajara
Liée à la transmission, à la mémoire et à l’identité, la notion de patrimoine, telle qu’on l’entend aujourd’hui en sciences sociales, est une construction culturelle et historique qui ne cesse d’élargir son champ d’action.
Du sens initialement économique et individuel du terme, le patrimoine acquiert un sens symbolique et collectif, notamment lors de la sécularisation entamée par les Lumières. De telle sorte que les états libéraux qui émergent au XIXe siècle se donneront pour tâche de répertorier leur patrimoine national. Si depuis le XIXe siècle, le patrimoine était la chasse-gardée des institutions publiques, des musées et de la Haute Culture, tout au long du XXe siècle, le patrimoine se détache progressivement du monument historique, des musées et de l’imaginaire nationaliste pour embrasser la culture au sens large.
Puis, avec la « Convention pour la Protection du Patrimoine mondial, culturel et naturel » de l’UNESCO de 1972, le concept du patrimoine s’étend aussi à l’environnement naturel. Au début du XXIe siècle et suite à la « Convention sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel » (PCI) de l’UNESCO, de 2003, le patrimoine cesse de désigner un objet ou un « artefact » pour signifier aussi des pratiques, des représentations ou des expressions immatérielles que les communautés ou les groupes sociaux reconnaissent comme propres.
Aussi, dès la fin du XXe siècle, et suite aux conventions citées, la notion du patrimoine peut relever d’une dimension transnationale, mais ce processus s’accompagne, paradoxalement, d’une multiplication et d’une fragmentation de revendications patrimoniales locales ou régionales. Avec T. Le Hégarat (2015), on pourrait définir actuellement le patrimoine « …en le rapportant à sa conséquence plutôt qu’à ses causes, c’est à dire en affirmant que le patrimoine est ce qui est jugé digne d’être conservé, connu, voire célébré, et transmis aux générations suivantes. » Par conséquent, on observe depuis quelques années une pratique intensive de la patrimonialisation, qui embrasse de plus en plus de domaines artistiques, de disciplines sociales et de secteurs économiques et culturels.
Pluridisciplinaire et transversal, le colloque « Acteurs et processus de la patrimonialisation » sera moins centré sur l’objet, le milieu ou la pratique sociale que l’on prétend préserver, que sur la démarche, les motivations et les enjeux politiques et, surtout, éthiques de la patrimonialisation. Quels processus – préservation, exploitation, surexposition – sont engagés dans une démarche de patrimonialisation ? Quels nouveaux domaines s’ajoutent à ces dynamiques et dans quel but ? Quels acteurs, traditionnels et nouveaux, interviennent ou interagissent dans la patrimonialisation (institutionnels, privés, individuels, associatifs, diplomates, fonctionnaires, experts, chargés de communication) ? Quelles tensions sont suscitées entre les différentes échelles de gouvernance, régionale, nationale et globale (Bortolotto 2013), entre les nouveaux acteurs et les traditionnels, entre la modernisation et la préservation ? Quels sont les risques engendrés par la patrimonialisation (occultation, muséification, momification) ? Il s’agira donc « …de sonder et de comprendre ce que sont les processus de tri, de sélection, de labellisation, d’exclusion ou d’inclusion qui président aux dynamiques patrimoniales en matière de culture, d’art, de tradition, de coutumes » (Ambroise-Rendu et Olivesi 2017).
Langues :Espagnol, Français, Anglais
Les propositions de communication devront être envoyées par e-mail, accompagnées du titre, d’un résumé n’excédant pas les 210 mots ainsi que d’une brève présentation de l’auteur d’une dizaine de lignes, au plus tard le 30 juin 2021 aux adresses suivantes :
Les réponses aux propositions seront communiquées le 15 juillet 2021 avec la feuille de style et les normes, ainsi que les frais et les modalités d’inscription.
Le colloque sera bi-site et aura lieu de façon simultanée à Guadalajara et à Montpellier du 17 au 19 novembre 2021 avec une liaison par visioconférence entre les deux sites de 15h30 et 19h30 (heure de Montpellier, correspondant à 8h30-12h30 heure du Mexique). En fonction des contraintes imposées par la crise sanitaire le colloque pourrait se dérouler entièrement en ligne ou en hybride (sessions en présentiel à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 pour les chercheurs qui pourraient s’y rendre et sessions virtuelles pour les chercheurs qui ne peuvent pas se déplacer).
Les communicants disposeront de vingt minutes et un temps de discussion sera proposé à l’issue de chaque session.
Les communications acceptées devront être envoyées aux organisatrices avant le colloque, au plus tard le 30 octobre 2021, selon la feuille de style et les normes préalablement données.
Les articles qui correspondent aux thématiques et à la discussion menées pendant le colloque feront l’objet d’une publication à paraître en 2022, dont le texte définitif aura une extension de 35 000 à 50 000 caractères. Les contributions retenues feront l’objet, après évaluation, d’une publication en français ou en espagnol en fonction de l’éditeur.
Comité scientifique :
Sofia ANAYA WITTMAN, Universidad de Guadalajara
Paola DOMINGO, Université Paul-Valéry Montpellier 3
Catherine BERTHET-CAHUZAC, Université Paul-Valéry Montpellier 3
Angélica PEREGRINA, Colegio de Jalisco
Agustín VACA, Instituto Nacional de Antropología e Historia
Organisatrices :
Alba Lara-Alengrin, Université Paul-Valéry Montpellier 3 - (IRIEC EA740)
Estrellita García Fernández, Universidad de Guadalajara
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