Coloquio A la izquierda. Horizontes literarios latinoamericanos (1980-2021)/À gauche. Horizons littéraires latino-américains (1980-2021) |
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Colloque À gauche. Horizons littéraires latino-américains 1980-2021[1]
19 et 20 novembre 2021
Colegio de España, Cité Universitaire, Paris 75014
Comme sur des pierres d’achoppement, çà et là, dans diverses situations, les écritures littéraires en Amérique latine trébuchent sur les avatars des mouvements de gauche et empruntent différentes voies pour approcher cette vaste thématique : exploration de l’épaisseur historique des projets révolutionnaires et de leurs défaites ; reprise, autobiographique ou non, de l’expérience des militant.e.s ; mise en récit du travail de la mémoire et de l’oubli face aux terrorismes d’État ; silences ou suspensions lyriques qui tentent de dire les émotions du deuil, du désespoir ou la naissance d’un nouvel espoir... Ce sont ces gestes-là, et bien d’autres, accomplis dans « les confrontations du langage et du réel » (Coquio), que nous envisageons d’étudier dans ce colloque, en précisant d’emblée qu’il ne s’agira pas de confirmer ni d’infirmer l’adéquation explicite entre les doctrines des mouvements dits de gauche – courants progressistes, socialismes et communismes, luttes ouvrières, défense des minorités, opposition aux marchés néolibéraux... – et les projets littéraires des écrivain.e.s. Plus pertinemment, sur la base des repères habituels que les analyses aideront à complexifier – retour en démocratie après les dictatures, expansion des politiques néolibérales à la fin du XXe siècle, socialismes du XXIe siècle, vague des populismes... –, il s’agira d’examiner comment les mouvements de gauche sont figurés, revisités et interrogés dans la littérature latino-américaine depuis la fin de la guerre froide. Au-delà des cadres nationaux, “la” gauche sera toujours envisagée comme un phénomène situé, variable selon les contextes, invitant à croiser les terrains d’observation à différentes échelles : locale, régionale, nationale, inter- ou transnationale.
Niches utopiques
En dehors des études littéraires, ce projet de colloque trouve un premier point d’ancrage dans l’ouvrage d’Enzo Traverso, Mélancolie de gauche. La force d’une tradition cachée (2016), dans lequel l’intention est visible de réfuter les points de vue qui, sous prétexte que les révolutions ont été vaincues, déclarent l’inexistence d’horizons possibles pour une action politique de gauche. C’est à l’intérieur de la reconstruction d’une certaine tradition mélancolique, entre le XIXe et le XXe siècle, que l’historien analyse les langages intellectuels, mais également artistiques (visuels), qui parlent d’ « un deuil inséparable de l’espoir » : « Le secret de ce métabolisme de la défaite – mélancolique mais non démobilisatrice, épuisante mais pas sombre – réside précisément dans la fusion entre la souffrance d’une expérience catastrophique (défaite, répression, humiliation, persécution, exil) et la persistance d’une utopie vécue comme une perspective historique et un horizon d’attente partagé » (p. 68). Une question générale s’ensuit qui peut concerner les écritures littéraires les plus variées – lyriques, dramaturgiques, narratives, hybrides... – dans l’aire latino-américaine : après que les discours révolutionnaires sont tombés en désuétude, dans quels interstices du langage sont venues se nicher les possibilités énonciatives des utopies politiques ?
Figurations, imaginaires et corporéités
Qu’il soit question de la défaite des révolutions ou, plus largement, des rapports de la fiction au politique, le devenir des mouvements de gauche est au centre de nombre de recherches en littérature hispanophone, dont Alegorías de la derrota (2000) d’Idelber Avelar ; Derrota, melancolía y desarme en la literatura latinoamericana de las últimas décadas (dir. Ana María Amar et Teresa Basile, 2014) ; Militancias radicales (dir. Cecilia González et Aránzazu Sarria, 2016) ; et plus récemment, Anfractuosités de la fiction (dir. Marta Waldegaray, 2020). Dans le sillage de ces travaux, nous invitons à poursuivre l’étude des « mythes » et des figures qui permettent d’approcher les pratiques et les valeurs du militantisme de gauche : el hombre nuevo, el héroe, el traidor o la traidora, el guerrillero o la guerrillera... Cependant, suivant l’exemple de l’ouvrage El imaginario antiimperialista en América Latina (dir. Andrés Kozel et al., 2015), nous proposons également d’élargir le champ d’observation vers les réseaux de signification sous-jacents qui, tels les imaginaires, circulent d’un lieu d’énonciation ou d’un.e auteur.e à l’autre. Sur un autre plan, davantage lié aux mouvements diffus de la corporéité qu’aux contours relativement nets des personnages, on pourra aussi s’intéresser à l’intime politique – affects, émotions – qui investit les corporéités mobilisées ou démobilisées. Les études sur le genre étant un domaine particulièrement riche en remises en question des discours de gauche, elles pourraient ouvrir une perspective éclairante sur les langages littéraires qui parlent de la dissidence des corporéités (Preciado, Verna).
Relectures d’un aîné du « réalisme » de gauche : Andrés Rivera (1928-2016)
En dépit de la prolifération de romans historiques contemporains, les écrivain.e.s latinoaméricain.e.s continuent d’explorer l’étendue temporelle et transnationale des révolutions et de leurs défaites, à l’instar du Cubain Leonardo Padura dans El hombre que amaba los perros (2009) et du Colombien Pablo Montoya dans Los derrotados (2012), pour faire mention de deux exemples connus de la dernière décennie. Sans oublier le nombre de recherches consacrées à ce genre d’ouvrages, on peut revenir sur ce geste persistant qui consiste à créer des fictions sur la base des savoirs sur l’histoire, pour tenter de comprendre pourquoi, ou dans quelle mesure, il constitue encore un ressort fructueux pour les romanciers et romancières qui s’intéressent au devenir des utopies politiques.
C’est du point de vue de ce questionnement général que nous souhaiterions destiner un moment du colloque à la relecture d’Andrés Rivera, auteur argentin qui peut être considéré comme un avant-courrier de la jonction entre la « sortie du marxisme et l’entrée de la mémoire », pour reprendre l’expression de Traverso. Nourrie de l’héritage politique d’une famille d’immigrants juifs à Buenos Aires, pétrie dans les traditions littéraires et intellectuelles venues d’Europe – dont le marxisme –, l’œuvre de Rivera, encore peu connue du public francophone, a constamment figuré les mouvements révolutionnaires et syndicalistes du XIXe et du XXe siècle. Les pistes d’analyse ouvertes par Marta Waldegaray en termes « d’alter ego et de sujet de la gauche » pourraient sans doute trouver des prolongements féconds à la lumière des études sur la présence du judaïsme dans les traditions littéraires de l’Argentine. Dans l’essai polémique de Damian Taborovsky, Literatura de izquierda (2004), où la position à gauche est définie par l’opposition radicale aux opérations sélectives du marché éditorial et de la recherche universitaire, Rivera est renvoyé au ban du roman historique édifiant (« la novela histórica ejemplar ») et reste associé à un réalisme grossier (« réalismo ramplón »). En laissant de côté les réductionnismes des lectures peu nuancées, on peut tout de même retenir l’approche critique de Tabarovsky afin de regarder avec attention – chez Rivera et chez d’autres auteur.e.s – les zones textuelles qui pourraient éventuellement correspondre ou échapper à la platitude esthétique attribuée à la gauche (« la chatura estética de la propia izquierda »).
Coloquio A la izquierda. Horizontes literarios latinoamericanos 1980-2021[1]
19 y 20 de noviembre de 2021
Colegio de España, Cité Universitaire, París 75014
Como si fueran piedras en el camino, aquí y allá, en las situaciones más diversas, las escrituras literarias en América Latina tropiezan con los avatares de los movimientos de izquierda y toman diferentes derroteros para explorar esta vasta temática: adentrarse en el espesor histórico de los proyectos revolucionarios y sus derrotas; recuperar, de modo autobiográfico o no, la experiencia de la militancia; relatar el trabajo de la memoria y del olvido ante los terrorismos de Estado; recurrir a los silencios o a las suspensiones líricas para intentar decir las emociones del duelo y de la desesperanza, o el surgimiento de una nueva esperanza... Son gestos como éstos, y como tantos otros, forjados en “las confrontaciones del lenguaje y de lo real” (Coquio), los que nos proponemos estudiar en este coloquio, precisando de entrada que el objetivo no será confirmar ni refutar la adecuación explícita entre las doctrinas de los llamados movimientos de izquierda – corrientes progresistas, socialismos y comunismos, luchas obreras, defensa de las minorías, oposición a los mercados neoliberales... – y los proyectos literarios de los escritores y las escritoras. Desde una perspectiva más pertinente, a partir de los puntos de referencia habituales que los análisis ayudarán a considerar en su complejidad – vuelta a la democracia luego de las dictaduras, expansión de las políticas neoliberales a finales del siglo XX, socialismos del siglo XXI, ola de populismos... –, invitamos a examinar los modos en que los movimientos de izquierda han sido figurados, reinterpretados e interrogados en la literatura latinoamericana desde el final de la guerra fría. Más allá de las fronteras nacionales, “la” izquierda será considerada como un fenómeno situado, variable según los contextos y abierto al cruce de terrenos de observación a diferentes escalas: local, regional, nacional, inter o transnacional.
Nichos utópicos
Este proyecto de coloquio encuentra un primer punto de anclaje por fuera de los estudios literarios, en la obra de Enzo Traverso, Melancolía de izquierda. Después de las utopías (2019), cuyo propósito es refutar los puntos de vista que con el pretexto de que las revoluciones han sido vencidas, declaran la inexistencia de horizontes posibles para una acción política de izquierda. Entre los siglos XIX y XX, a lo largo de su reconstrucción de cierta tradición melancólica, el historiador analiza los lenguajes intelectuales, y también artísticos (visuales), que hablan de “un duelo inseparable de la esperanza”: “el secreto de ese metabolismo de la derrota – melancólica aunque no desmovilizadora, agotadora pero no sombría – reside precisamente en la fusión entre el propio conocimiento de una experiencia catastrófica (derrota, represión, humillación, persecución, exilio) y la persistencia de una utopía vivida como perspectiva histórica y horizonte de expectativas compartido”. De aquí surge una pregunta general que puede concernir a las escrituras literarias más diversas – líricas, dramatúrgicas, narrativas, híbridas... – en el área latinoamericana: frente a la obsolescencia atribuida a los discursos revolucionarios, ¿cuáles son los intersticios del lenguaje en los que empezaron a anidarse las posibilidades enunciativas de las utopías políticas?
Figuraciones, imaginarios y corporeidades
Ya sea con respecto a la derrota de las revoluciones o, más ampliamente, con respecto a la relaciones entre la ficción y lo político, el devenir de los movimientos de izquierda ocupa un lugar central en numerosas investigaciones en torno a la literatura en español, entre las cuales podemos mencionar las siguientes: Alegorías de la derrota (2000) de Idelber Avelar; Derrota, melancolía y desarme en la literatura latinoamericana de las últimas décadas (dir. Ana María Amar et Teresa Basile, 2014); Militancias radicales (dir. Cecilia González y Aránzazu Sarria, 2016); y más recientemente, Anfractuosités de la fiction (dir. Marta Waldegaray, 2020). En la misma línea de estas investigaciones, invitamos a continuar el estudio de los “mitos” y las figuras que nos ayudan a aproximarnos a las prácticas y a los valores de la militancia de izquierda: el hombre nuevo, el héroe, el traidor o la traidora, el guerrillero o la guerrillera... No obstante, siguiendo el ejemplo de la publicación El imaginario antiimperialista en América Latina (dir. Andrés Kozel et al., 2015), proponemos ampliar el campo de observación, considerando también aquellas capas o redes de sentido subyacentes que – tal como los imaginarios – establecen vínculos entre distintos lugares de enunciación y entre distintos sujetos que escriben. En otro plano, más relacionado con los movimientos difusos de la corporeidad que con los contornos figurativos de los personajes, también nos interesaremos en lo íntimo político – afectos, emociones – que circula dentro de las corporeidades movilizadas o desmovilizadas. Por la cantidad de cuestionamientos que han propiciado en torno a los discursos de izquierda, los estudios de género podrían introducir una mirada esclarecedora sobre los lenguajes literarios que hablan de la disidencia de las corporeidades (Preciado, Verna).
Relecturas de un veterano del “realismo” de izquierda: Andrés Rivera (1928-2016)
Tal como lo vemos en el El hombre que amaba los perros (2009) del cubano Leonardo Padura, y en Los derrotados (2012), del colombiano Pablo Montoya – por mencionar dos ejemplos conocidos de la última década –, los escritores y las escritoras de América Latina no han dejado de explorar el espesor temporal y transnacional de las revoluciones y sus derrotas, a pesar de la proliferación de novelas históricas contemporáneas. Sin dejar de lado los abundantes estudios dedicados a este tipo de obras, proponemos volver una vez más a ese gesto persistente que consiste en crear ficciones a partir de los saberes sobre la historia, para tratar de entender por qué, o en qué medida, aún constituye un recurso fructífero para los y las novelistas que se interesan en el devenir de la utopías políticas.
En el marco de este interrogante quisiéramos dedicar un momento del coloquio a la relectura de Andrés Rivera, autor argentino que de cierto modo puede ser considerado un ejemplo precursor de la coincidencia entre la “salida del maxismo y la entrada de la memoria”, para retomar la expresión de Traverso. Todavía poco conocida por el público francófono, moldeada dentro de las tradiciones literarias e intelectuales procedentes de Europa – el marxismo, entre otras –, impregnada de la herencia política de una familia de inmigrantes judíos en Buenos Aires, la obra de Rivera se caracteriza por una evidente continuidad en la figuración de los movimientos revolucionarios y sindicalistas de los siglos XIX y XX. Las pistas de análisis que Marta Waldegaray ha planteado en términos de “alter ego y de sujeto de la izquierda” probablemente podrían dar pie a desarrollos fructíferos, a la luz de los estudios sobre la presencia del judaísmo en las tradiciones literarias de la Argentina. En el ensayo polémico de Damian Taborovsky, Literatura de izquierda (2004), en el cual la posición de izquierda se define por la oposición radical a las operaciones selectivas de la investigación universitaria y del mercado editorial, Rivera es relegado al territorio de “la novela histórica ejemplar” y asociado a un “realismo ramplón”. Dejando de lado los reduccionismos de las lecturas poco atentas a los matices, podemos no obstante retener el enfoque crítico de Tabarovsky para considerar con detenimiento – tanto en Rivera como en otros autores y autoras – las zonas textuales que eventualmente podrían corresponder o escapar a la “chatura estética de la propia izquierda”.
Comité scientifique/Comité científico
Camilo Bogoya, MCF, Université d’Artois.
Cecilia González, PR, Université de Bordeaux.
Sergio Delgado, MCF, Université Paris-Est Créteil.
Stéphanie Decante, MCF, Université Paris Nanterre.
Adriana Rodríguez Pérsico, profesora catedrática, Universidad de Buenos Aires.
Armando Valdés, MCF, Université Paris-Est Créteil.
Graciela Villanueva, PR, Université Paris-Est Créteil.
Marta Waldegaray, PR, Université de Reims.
Carlos Walker, investigador, CONICET-Argentine.
Références bibliographiques/Referencias bibliográficas
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[1] Con el apoyo del laboratorio IMAGER EA 3958 de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC), de l’Institut des Amériques (IdA), de la Red interuniversitaria LIRICO (literaturas contemporáneas del Río de la Plata) y del Laboratorio de Estudios Románicos (LER) EA 4385 de l’Université Paris 8.
[1] Avec le soutien d’ IMAGER EA 3958 de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC), de l’Institut des Amériques (IdA), du Réseau interuniversitaire LIRICO (littératures contemporaines du Río de la Plata) et du Laboratoire d’Études Romanes (LER) EA 4385 de l’Université Paris 8.
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Lieu Colegio de España, 7014 Paris | ||||||
Contact , Ivan Jimenez, MCF Université Paris-Est Créteil, laboratoire IMAGER EA3958 | ||||||
- Les interventions, en espagnol ou en français, ne devront pas dépasser la durée de 30 minutes. Les propositions, d’une longueur de 400-500 mots, accompagnées d’une courte bio-bibliographie, sont à envoyer en format Word à Date limite d’envoi des propositions : 15 mai 2021 Réponse aux participant.e.s : 15 juin 2021 - Las intervenciones, en español o en francés, no deberán durar más de 30 minutos. Las propuestas de ponencia – presentadas en formato Word, en 400-500 palabras, con una breve bio-bibliografía adjunta – deben ser enviadas a Fecha límite de envío de las propuestas: 15 de mayo de 2021 Respuesta a los participantes: 15 de junio de 2021 |
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