Journée d'Etudes "Manifestations et expressions de la violence en Amérique Latine (XX-XXIe)" |
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Appel à communication
(deuxième appel suite à reprogrammation)
Dans le cadre du projet innovant 2019-2022 « Manifestations et expressions de la violence en Amérique Latine (XX-XXIème) », porté par les universités Sorbonne Nouvelle-Paris 3, Paris-Est Créteil, Tours et Savoie Mont Blanc et soutenu par l’Institut des Amériques, nous vous invitons à nous faire part de vos propositions de communication pour notre
2ème Journée d’Etude:
Violencia y política en Latinoamérica: instituciones, sociedad civil y conflictividad
qui se tiendra le jeudi 27 mai 2021 en format hybride Zoom / Campus Université Paris Est Créteil
La Journée d’Études, initialement prévue le 28 mai 2020, a dû être reprogrammée en raison du contexte sanitaire, raison pour laquelle nous publions ce deuxième appel à contributions afin de compléter le panel d’interventions déjà programmées.
Présentation et axes de réflexion
Alors que le contexte sanitaire international souligne ou accentue les inégalités socioéconomiques à l’échelle mondiale et remet en question le rapport aux libertés individuelles (rassemblement, expression, opinion, etc.) dans un certain nombre de pays, l’Amérique latine entre en 2021 dans un cycle électoral particulièrement dense. En effet, des élections présidentielles et législatives auront lieu dans les prochains mois en Équateur, au Chili, au Honduras, au Nicaragua et au Pérou ; des législatives au Salvador, au Mexique et en Argentine, et bon nombre de scrutins régionaux ou municipaux dans tout le continent (Bolivie, Chili, Honduras, Mexique, Paraguay, Salvador).
Les Chiliens s’apprêtent par ailleurs à vivre un épisode clé de leur histoire quelques mois avant les élections de leur Président et du Parlement, puisqu’ils iront également aux urnes le 11 avril prochain pour élire les 155 membres de la Convención Constitucional qui rédigeront la nouvelle Carta Magna du pays, laquelle remplacera de celle qui régit la nation depuis 1981 sous la dictature de Pinochet.
Autant d’événements susceptibles de redessiner le panorama politique continental autant que de le polariser, à quelques mois de la défaite de Donald Trump et des débordements du Capitole, symptomatiques d’une région sous tension. Indépendamment de la crise sanitaire, le déroulement de ces nombreux rendez-vous électoraux latino-américains s’annonce déjà particulièrement complexe, entre accusations de fraude et multiplication de situations violentes. Alors que le président Salvadorien Nayib Bukele soupçonne le Tribunal Suprême Electoral d’avoir commis des “erreurs intentionnelles” préjudiciables à sa formation politique lors de la journée électorale du 28 février, le candidat indigène à la présidence de l’Equateur, Yaku Pérez, a pour sa part dénoncé des fraudes électorales et demandé le recompte des voix du premier tour de la présidentielle. Plus grave encore, deux sympathisants du parti de gauche FMLN ont été assassinés durant un meeting électoral au Salvador, tandis qu’une soixante de responsables politiques ont été abattus au Mexique durant les six derniers mois à l’approche des élections régionales et parlementaires.
L’année 2021 rappelle donc le poids et l’omniprésence de la violence dans la vie et de l’histoire politique de la région, tout comme la fin de l’année 2019 avait porté une vague de protestations sans précédent questionnant l’héritage politique et les mécanismes démocratiques en vigueur dans nombre de pays du sous-continent (Chili, Argentine, Bolivie, Colombie). D’autres pays traversant des crises institutionnelles et humanitaires au long cours, à l’instar du Venezuela et du Nicaragua, avaient aussi connu des manifestations marquées par une recrudescence de la violence sous différentes formes.
Qu’elle provienne « d’en haut » (contrôle et répression exercés par l’Etat), « d’en bas » (mouvements protestataires, soulèvements populaires, formes particulières de mobilisation de la société civile), qu’elle prenne une forme diffuse (guerre de basse intensité, répression voilée dans des régimes démocratiques) ou extrême (guerres civiles centraméricaines), la violence poursuit différents buts qui vont de la défense d’intérêts privés à des tentatives de réorganisation et/ou de redistribution du pouvoir. Elle pose, toujours, la question de son irréductibilité dans le champ politique, ce dernier étant par nature agonistique. La violence pourrait en ce sens être entendue comme un élément structurant du politique, son expression soulevant la question de la place de la force et de ses usages comme régulateurs des conflits, ainsi que celles des normes juridiques et institutionnelles visant à les borner.
Frappant les sociétés à différents niveaux, la violence présente des effets et conséquences multiples, tant en termes de bilan humain (disparus, déplacés, génocide des populations indiennes, etc.) que d’un point de vue socio-économique et environnemental. En effet, elle constitue une réponse de plus en plus fréquente aux tensions liées à la remise en question du modèle de développement capitaliste et de son impact sur l’environnement, la biodiversité et les conditions climatiques planétaires (répression, assassinats de défenseurs de la nature, etc.).
Si, historiquement, l’Amérique Latine a souvent été considérée comme un « laboratoire politique » pour le reste du monde, lieu de l’expérience de la « délégalisation » de la vie politique (pendant les périodes de dictatures), du contournement systématisé de la légalité au XXème (contra, escadrons de la mort), voire de sa dénaturation via des mécanismes de violence extrême tels que le terrorisme d’Etat, ces dernières années nous laissent entrevoir une double évolution des manifestations de la violence.
En premier lieu, on observe un phénomène de balancier entre un « retour » réel ou souhaité de la violence - à l’image de la nostalgie ouvertement exprimée par Jair Bolsonaro pour la période des dictatures brésilienne et chilienne ‑, et des tentatives de liquidation de l’héritage de cette même période, dont le processus d’adoption d’une nouvelle Constitution au Chili constitue une illustration significative.
En second lieu, se produit un phénomène de transmutation de la violence qui se manifeste par une porosité croissante de la frontière entre violence et criminalité. S’opère ainsi un déplacement de la violence à proprement parler politique vers une violence exercée par des forces et acteurs débordant largement le champ d’action de l’Etat, à l’instar des organisations criminelles qui tentent d’en pénétrer les structures pour le convertir en « narcoEstado ».
Enfin, la violence sociale se politise et fait office de contre-pouvoir dans un certain nombre de cas. Elle devient une manière « de faire de la politique d’une autre façon » (Braud), qu’il s’agisse de questionner le (dys)fonctionnement du système politique en vigueur ou de politiques économiques perçues comme profondément iniques (Equateur). Mais elle fait également l’objet d’une délégitimation par les mots, reflétant l’opposition entre une violence qui serait « légitime » car bornée et codifiée dans ses usages, et une violence transgressive voire orgiaque (Maffesoli) prenant la forme d’un déferlement d’actes incontrôlables.
Nous proposons d’articuler cette réflexion autour des axes suivants :
- violences institutionnelles et étatiques : héritage, liquidation ou reproduction de formes endémiques et/ou historiques de la violence en Amérique Latine ; Etat de droit, terrorisme d’Etat et narco-Etat.
- violence, légalité et groupes armés : acteurs légaux et para-légaux de la violence (armées nationales, milices, paramilitaires, guérillas), statut et rôle ; acteurs illégaux (gangs, maras, mafias, cartels) comme acteurs ou conséquences de la violence politique.
- violences diffuses et violences extrêmes : guerres de basse intensité et conflits armés ouverts, enjeux politiques, héritages et conséquences humaines, sociales, environnementales actuelles.
- violence et société civile : articulation entre société civile, conflictualité et violence ; conséquences sociales de la violence (déplacements de population et migrations, conséquences environnementales, sécurité publique), rôle de la société civile dans la résolution des conflits (Colombie), modalités et enjeux des soulèvements populaires.
- mutations de la violence : violence politique et criminalité, dépassement du cadre étatique dans l’expression et le traitement de la violence ; discours et représentations de la violence.
Nous vous invitons à nous faire part de vos propositions, de 500 mots maximum accompagnés de 5 mots-clefs et d’une bio-bibliographie succincte, en français, espagnol ou portugais.
Date limite d’envoi des propositions : 30 avril 2021
en nous les adressant aux deux courriers électroniques suivants :
La durée des communications sera de 20 minutes, en langue espagnole, française ou portugaise.
Les notifications d’acceptation vous seront adressées la première semaine de mai au plus tard.
Une publication des actes est prévue à l’issue du cycle de journées d’études.
La présentation du projet et les interventions de notre première journée (septembre 2019) sont à votre disposition sur notre page : http://www.univ-paris3.fr/2019-2021-projet-innovant-expressions-et-manifestations-de-la-violence-en-amerique-latine-20e-21e--546705.kjsp?RH=1505727285324
Responsable de la journée : M. Baptiste LAVAT, MCF, Université Paris Est Créteil, laboratoire IMAGER
Équipe organisatrice : Elsa Deville Guardiola (Univ. Sorbonne Nouvelle), Carlos Tous (Univ.Tours), Julio Zárate (Univ. Savoie Mont Blanc).
Bibliographie indicative
- Arendt Hannah, Du mensonge à la violence, Paris, Pocket, 1972 [1969]
- Baby, Sophie et Compagnon, Olivier. Violencia y transiciones políticas a finales del siglo XX. Europa del Sur-América Latina, Casa de Velázquez, 2017.
- Barrios Medina, Frida Carolina. “El Estado y la vulnerabilidad ante la violencia”, Espiral, num. 74, 2019.
- Belay, Raynald ; Bracamonte, Jorge (éds). Memorias en conflicto. Aspectos de la violencia politica contemporánea, Lima, IFEA / IEP, 2004.
- Belmonte, Florence, Benmiloud, Karim, Imparato-Prieur, Sylvie (éd.). Guerres dans le monde ibérique et ibéro-américain, Actes du XXXVe congrès de la S.H.F., Peter Lang, 2015.
- Benjamin, Walter. Para una crítica de la violencia y otros ensayos, Madrid, Taurus, 1991.
- Bernardez Rodal, Asunción (ed.). Violencia de género y sociedad: una cuestión de poder.
- Braud Philippe, Violences politiques, Le Seuil, 2018
- Gamboa, Santiago. La guerra y la paz, Bogota, Penguin Random House, coll. Debate, 2014.
- García Perilla, Juan Carlos. “Cultura y violencia en Latinoamérica: ¿qué hacer desde la seguridad ciudadana?, Logos Ciencia y Tecnología, janvier 2018.
- Garmendia Lorena, Fausto. «La violencia en América Latina » An. Fac. med, vol.72, N°4, 2011.
- Gaudichaud, Franck. « L’ombre du Condor », Amnis - Revue de civilisation contemporaine, Europe/Amériques, TELEMME - UMR 6570, 2003
- Hermet Guy, Le peuple contre la démocratie, Paris, Fayard, 1989
- Lew, Ilan, Bonnard, Daniel (dir.). « Anthropologie historique des violences de masse », Emulations, N° 12, Presses universitaires de Louvain, 2013.
- Linz, Juan. Régimes totalitaires et autoritaires, Armand Colin, Paris, 2006.
- Martinez Pacheco, Agustín. “La violencia. Conceptualización y elementos para su estudio”, Política y cultura, num. 46, décembre 2016, pp. 7-31.
- Mény Yves, Imparfaites démocraties, Paris, Les Presses Sciences Po, 2019
- Michaud Yves, Violence et politique, Paris, Gallimard, 2005
- Naepels, Michel. « Quatre questions sur la violence », L’Homme, 177-178, 2006, p. 487-495.
- Pécaut, Daniel. La experiencia de la violencia. Los desafíos del relato y la memoria, Medellín, La Carreta Editores, 2015.
- Rosauro, Elena. Historia y violencia en América Latina. Prácticas artísticas. 1992-2002, Ad Hoc, 2017.
- Salama, Pierre. « Homicidios, ¿es ineluctable la violencia en América Latina? », Frontera norte, N°49, 2013.
- Solís Delgadillo, Juan Marío et Moriconi Bezerra, Marcelo (coords.). Atlas de la violencia en América Latina, Universidad Autónoma de San Luis Potosí-LACSO, 2018.
- « De la violence en politique », Revue Lignes, num. 29, 2009/2, Editions Lignes, Paris.
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Lieu Université Paris Est Créteil / Zoom (format hybride) | ||||||
Contact / | ||||||
Appel complémentaire suite à reprogrammation de la JE (en raison du Covid) |
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