Faire mémoire : pratiques et poétiques de l’événement
Espagne, France, Italie – xve-xviie siècles
Parmi les profonds bouleversements qui se produisent à la Renaissance, la modification du rapport des hommes à l’histoire n’est pas le moindre. En effet, conjointement à l’exhumation, à la restauration et à l’exaltation d’un passé lointain, notamment dans l’écriture d’une histoire antiquaire, une tendance à la conversion de l’actualité en passé proche se fait jour également chez les humanistes. Elle apparaît dans des contextes divers et accompagne l’affirmation d’une certaine modernité, politique, idéologique, sociologique, mais également poétique et esthétique, culturelle en un mot et au sens fort du terme, et à la faveur d’événements aux répercussions diverses. Précisément, l’attention particulière portée à ce matériau historique contemporain et son saisissement, sous des formes variées, pour l’ériger au statut d’événement participe d’une démarche qui est à la fois enregistrement et mémorisation, toutes choses qui concourent à l’inscription dudit événement dans une trame signifiante qui relie et met en tension temps présent et histoire du temps présent.
La journée d’études organisée à Montpellier les 17 et 18 novembre 2021 par ReSO (Recherches sur les Suds et les Orients, UR4582) sera l’occasion d’envisager ce processus dans une perspective transmédiale, au prisme d’une oralité conçue comme l’origine de la fabrication de l’événement et dont ce dernier porte la trace au terme du processus de son enregistrement. Cette oralité peut être celle, réelle, d’une parole-action, performance initialement réalisée dans le cadre de réunions politiques, de célébrations religieuses (sermons) ou autres, ou d’une parole-fiction, qui peut être parfois recréation factice de la précédente et dont la première peut se rapprocher dans une certaine mesure dès lors qu’elle est consignée par écrit. Dans ce passage de l’oral à l’écrit, du simple fait à l’événement, les opérations et les procédés déployés ne peuvent manquer d’être nombreux et variés. Ils traduisent in fine l’intention qui a présidé à la sélection de l’événement et dessinent les contours singuliers de la mémoire qui en est faite.
Par conséquent, à travers une typologie de documents extrêmement vaste – textuels et iconographiques – et répondant à des contextes et/ou des enjeux politiques, religieux et doctrinaux, ludiques et esthétiques, etc., et dans une démarche résolument pluridisciplinaire, on interrogera les spécificités poétiques de la fabrique de l’événement. Par cette expression, on ne désigne pas seulement les représentations qui en sont données mais encore l’acte même de son enregistrement, à la croisée desquels se situent la parole-action et la parole-fiction retenues comme point de départ de cette élaboration et dont on s’emploiera à observer les traces et procédés.
Les propositions de communication sont à adresser à Fabrice Quero ( ), Jean-Marc Rivière ( ) et Cécile Terreaux-Scotto ( ) avant le 01 mai 2021. L’unité de recherche ReSO prendra en charge l’hébergement des participants.
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