TRADUIRE L’ALTÉRITÉ
Comment traduire pour les jeunes générations ?
Journées d’études transdisciplinaires
Université de Limoges, EHIC
Les dictionnaires, à la suite notamment du Littré, présentent la traduction comme le fait de passer d’une langue dans une autre. Or, ce transfert -et ses difficultés attenantes…- n’est-il pas le propre de toute communication ? Les éléments de brouillage, même lorsque l’on parle la même langue, soulignent l’utopique transparence de toute traduction. Doit-on pour autant voir, pour reprendre les termes de Walter Benjamin, la traduction comme la seule « transmission inexacte d’un contenu inessentiel » ?
Un rappel étymologique nous invite par exemple à souligner combien « tradere » renvoie à la notion d’héritage, de transmission d’une tradition, et combien l’essentiel est peut-être à chercher ailleurs que dans une seule recherche de signification d’un code/système linguistique.
Quels que soient les brouillages, la découverte de l’Autre invite en effet à un nouveau regard sur le monde et sur soi-même. Cette altérité peut prendre diverses formes, ne serait-ce que parce que tout texte s’inscrit dans un espace-temps qui n’est souvent déjà plus celui de son lecteur/sa lectrice. Aux différences culturelles, il importe dès lors d’associer des ruptures générationnelles qui tendent, plus l’écart temporel se creuse, à opacifier la réception d’un texte use.
De ce fait, comment traduire, c’est-à-dire rendre vraiment accessible aux jeunes générations, des textes anciens et leur permettre ainsi, sans qu’ils possèdent nécessairement une solide culture classique, de découvrir la saveur des textes de l’Antiquité, du Moyen Âge ou encore de l’époque paradoxalement dite « moderne » ? Comment rendre également « lisibles » pour ce nouveau public des textes issus d’autres cultures ; parfois même écrits en français et pourtant si « étrange®s » ? Comment traduire pour plaire, sans effacer l’altérité constitutive de ces textes ?
Autant de questions qui se posent à l’heure de (re)traduire et donc de ré-écrire pour les rendre « familiers » ces textes produits dans des langues qui ne sont plus guère considérées aujourd’hui comme des langues de communication.
C’est cette question de la recherche de l’accessibilité en traduction pour le jeune public contemporain et ses divers enjeux traductologiques, linguistiques, interculturels, géocritiques, sociologiques, éditoriaux…, quels que soient les langues, les époques et les cultures et les media retenus, que ces journées d’études, poseront sur trois ans.
La première de ces journées d’études, prévue le 23 mars 2021, concerne les époques dites « anciennes » (Antiquité, Moyen Âge et époque classique/ « moderne »).
Les propositions de communication (titre et résumé de 10 lignes) sont à envoyer avant le 15 décembre 2020 à Cécile BERTIN-ELISABETH :
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