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Les arts visuels et scéniques, lieux de résistance au franquisme et à son héritage résiduel Télécharger au format iCal
 
COLLOQUE INTERNATIONAL
Les arts visuels et scéniques, lieux de résistance au franquisme et à son héritage résiduel (des années soixante à nos jours)
15-16 Octobre 2020
Analyser, comme se propose de le faire ce colloque, les pratiques d’opposition des arts scéniques et des arts visuels à un phénomène politique aussi persistant que la dictature franquiste s’avère délicat. Il y a d’abord la définition de sa nature politique, désormais bien circonscrite par l’historiographie, mais longtemps restée en débat et qui, encore aujourd’hui, est l’objet de remises en question renouvelées. Le chercheur se trouve ensuite face à la longévité du système, à la capacité d’adaptation de son discours et de ses représentations aux changements de son environnement international et aux évolutions internes de la société. Se pose également la question de sa survie après la mort du dictateur, rendue possible par l’intégration d’une partie de son personnel politique dans l’appareil d’État de la démocratie, l’absence d’examen officiel de son implication dans le coup d’État du 18 juillet 1936, de ses responsabilités dans le déclenchement de la guerre civile et de son implication dans des actes de répression qui relèvent du crime contre l’humanité ; sans compter la perpétuation de valeurs ultraconservatrices et réactionnaires qui l’ont caractérisé et qu’on a vu progressivement se réaffirmer à la faveur de la crise économique et de la polarisation sociale grandissante dans le contexte de montée des droites extrêmes dans les pays occidentaux. Prendre les arts visuels et scéniques pour axe de cette réflexion sur les résistances opposées au franquisme et à ses prolongements en démocratie, c’est donc réfléchir à leurs pratiques artistiques face à un adversaire idéologique bien présent et constant dans ses valeurs.
Les domaines artistiques proposés en corpus de réflexion ont eux aussi connu et connaissent des transformations qui ont été majeures depuis la seconde moitié du XXe siècle. On se souviendra, à titre d’exemple de départ, que sous le franquisme, en réponse à la demande de culture officielle qui aurait voulu les réduire au rôle d’agents de l’endoctrinement, de l’évasion culturelle ou de la promotion d’une modernisation affichée plutôt que réelle, des artistes visuels et scéniques ont pris le risque de choisir que leurs écritures artistiques et leurs lieux d’expression deviennent aussi des espaces de réflexion politique, de contestation et de revendication démocratique dont la dimension subversive n’échappait que trop rarement aux autorités. Plus tard, lors de la transition politique et surtout au cours des années de consolidation démocratique qui correspondent au dernier quart du XXe siècle, les pouvoirs publics s’appliquent à combler le déficit en infrastructures culturelles légué par le franquisme. Le monde de la culture connaît une réglementation et un contexte de production nouveaux, la demande et l'offre évoluent, font irruption dans de nouveaux espaces. Les administrations successives encouragent alors une modification des formes de loisir collectif : des musées (exposition sur Charles III à Madrid et à Barcelone en 1988-89 ; ouverture du musée Reina Sofía à Madrid en 1992), des théâtres publics (création, en Catalogne, du TNC, en 1996), des espaces dédiés à la danse et des centres culturels voient le jour qui rendent accessible au plus grand nombre une culture jusqu’alors restée le territoire des élites cultivées. À Madrid par exemple, la réhabilitation des anciens abattoirs en un centre de création contemporaine inauguré en 2006, Matadero Madrid, a permis de faire accéder un large public à des expériences de rénovation des langages artistiques dans différents domaines (théâtre, danse, cinéma, vidéo, performances, arts numériques, architecture, design, etc.) mais a également pour vocation d’être un espace ouvert et participatif de réflexion critique. Car en marge des espaces et circuits créés et promus par les pouvoirs politiques, ce sont également des salles alternatives qui voient le jour afin d’échapper au diktat d’une culture officielle qui, des années 80 à aujourd’hui, ne laisse pas toujours la place nécessaire à la controverse ni à l’expérimentation : la Cuarta Pared, la sala Triángulo, réouverte en 2013 sous le nom de Teatro del Barrio, ou le Teatro Pradillo à Madrid, la sala Malic et la sala Beckett à Barcelone, el Espai Moma à Valence, etc.
En partant de la situation des arts du spectacle et des arts visuels à l’apogée de la dictature franquiste, on s’interrogera sur les contextes et les modalités de leur action comme lieu et outil de résistance au maintien des valeurs et pratiques politiques du franquisme. On en étudiera les évolutions —déploiement, inflexions, épanouissements, replis, reconversions éventuelles — sous l’effet des transformations politiques et économiques des années 1970 et 1980. Quel rôle ces secteurs ont-ils joué dans la construction d'une culture démocratique avant la transformation politique du régime ? La nouvelle configuration multinationale et territoriale de l’Espagne est-elle propice ou non à une approche culturelle critique de la dictature ? La consolidation du processus de démocratisation culturelle offre-t-elle par la suite un creuset favorable à un retour réflexif de ces secteurs sur le franquisme et favorise-t-elle un déploiement de création s’inspirant de cette expérience historique ? Comment se situe le monde des arts visuels et des arts scéniques lors de l’émergence, puis au fil de l’extension des mouvements de récupération de la mémoire historique ? Participe-t-il au débat ? Intervient-il pour apporter une interprétation critique et/ou une alternative au discours politique dominant ? De son côté, l’interventionnisme de l'État dans la construction d'une infrastructure culturelle a-t-il dépassé, dans ce domaine, la gestion qui devait aboutir au retour du tableau Guernica (1981) ? Quelles formes prend, après la transition démocratique, la censure des œuvres jugées trop critiques par rapport au passé dictatorial de l'Espagne ? Au-delà de l’étude de contexte de production des œuvres, quelle a été leur diffusion, leur portée dans la période donnée et quel a été ou quel est leur ancrage et leur retentissement dans la société ? Autant de questions que ce colloque propose d’aborder en prenant pour corpus d’étude les arts scéniques et les arts plastiques tels que la photographie, le cinéma, l’art vidéo, l’art numérique, les arts appliqués et les arts décoratifs.
Date limite des propositions de contribution (Titre + présentation en 150 mots) : 30 mai 2020.
Organisatrices :
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Lieu Université Paul Valéry - Montpellier 3
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