Colloque international UNIZAR/UPPA
La question de la différence
Université de Saragosse
20-22 Novembre 2014
Comité organisateur:
Juan Manuel Aragüés Estragués (U. de Zaragoza),
Thierry Capmartin (UPPA),
Nadia Mékouar-Hertzberg (UPPA),
Alfredo Saldaña (U. de Zaragoza).
Comité scientifique:
Annick Allaigre (PR, Paris 8),
Germán Cano (U. de Alcalá),
Sharon Keefe Ugalde (University Distinguished Professor, Texas State University),
José Luis Pardo (U. Complutense de Madrid),
Cristina de Peretti (UNED),
Pascale Peyraga (PR, UPPA),
Michèle Soriano (PR, U. de Toulouse le Mirail).
Au siècle dernier, dans les années 60, le concept de différence fait irruption avec force sur la scène philosophique. De Heidegger à Deleuze, en passant par Vattimo, Lyotard ou Klossowski, nombreux sont ceux qui publient des textes qui mettent en avant un tel concept. La tradition philosophique dominante, que Whitehead avait pu définir comme une suite de notes de page aux écrits de Platon, avait subsumé le concept de différence sous celui d’identité, le reléguant ainsi à jouer un second rôle. Bien sûr, certains font figure d’exception, ce « courant souterrain du matérialisme » dont parle Althusser et dans les eaux duquel se baignent Sophistes et Epicuriens, Spinoza, Marx ou Nietzsche réunis, et ils assignent à un tel concept, sans nécessairement en faire un objet explicite de réflexion, un rôle fondamental dans la construction de leur problématique propre. Mais ce n’est pas avant la seconde moitié du XXè s. que la notion acquiert la dignité conceptuelle que l’on cherche ici à mettre au premier plan.
Il est évident que la fin des grands récits dont a parlé Lyotard est à mettre en rapport avec le rôle toujours plus grand qu’a été amené à jouer le concept de différence. Ces grands récits qui avaient monopolisé le discours contemporain et dont le déclin est très certainement un effet de la pluralisation croissante d’une société en passe de se globaliser. Pluralisation interne : des discours minoritaires (de race, de genre, de conception esthétique) parvenant à se faire entendre dans nos sociétés occidentales ; mais aussi externe : l’Occident se voyant à présent contesté, limité et enrichi également par des cultures muselées jusque lors. La réalité se fait différence en perdant de son homogénéité, même si cela paradoxalement s’accompagne, en parallèle, de processus d’uniformisation des discours, comme l’avait pointé Marcuse à travers la notion d’ « unidimensionnalité » ou celle de « subsomption réelle » forgée avant lui par Marx. Reste que cette explosion des différences a conduit à la prolifération de discours qui, depuis des horizons disciplinaires très variés (philosophie, littérature, esthétique, sociologie), abordent une réalité qui doit s’entendre dans sa multiplicité constitutive.
C’est cet archipel de la différence que le présent colloque cherche à appréhender à partir d’approches différentes. Aussi bien la philosophie — à travers les études de genre, les ontologies de la différence, la pensée complexe ou les études postcolonialistes — que la littérature — à travers la littérature ethnique, mais pas uniquement —, l’esthétique ou la sociologie ont vu proliférer en leur sein la question de la différence. Or une telle question ne se manifeste pas seulement dans sa pertinence théorique, mais, comme l’avait parfaitement remarqué Deleuze, elle est aussi lourde d’implications politiques. De sorte que le concept de différence en vient à constituer un champ théorique vaste où peuvent se retrouver diverses disciplines en donnant lieu à des échanges féconds. On pourrait proposer d’explorer tout particulièrement les axes de réflexion suivants :
– la différence et ses avatars dans les courants de pensée actuels. Mentionnons notamment ceux que connaît le concept de Vérité(s), la « Vérité universelle » finissant par se perdre dans cet archipel que l’on vient d’évoquer. Dès lors, quelles possibilités, quelle viabilité offrent une fabrication de vérité(s) au sein de toute la variété des discours philosophiques, quand ils participent eux-même de cette promotion de la différence et de ses modes de manifestation variés ?
– le concept de différence et ses traductions esthétiques dans les créations littéraires et artistiques contemporaines. Promouvoir la différence au sein des genres littéraires ou artistiques (principe de l’écart par rapport aux normes esthétiques d’un genre donné), ou encore celle qui délimite des frontières perméables entre différents champs esthétiques (dialogue entre les arts) a toujours été une constante dans les processus de création artistique. Comment ces dialogues prennent-ils forme ? Comment s’exercent aujourd’hui ces différences dans le champ des arts, constamment et heureusement investi par les nouvelles technologies ?
– le concept de différence, les études de genre et les féminismes. Les mouvements qui s’intéressent aux paradigmes Masculin/Féminin sont aussi divers que multiples, antagonistes même parfois. Entre la négation de la différence du masculin et du féminin et son exaltation, le jeu des nuances ouvre la voie à des discours neufs. La différence peut se transformer en une doxa rédemptrice (en faveur du féminin), mais elle peut tout aussi bien finir par apparaître comme un des plus puissants foyers de résistance du patriarcat. La distinction que la philosophe Rosi Braidotti établit entre « différence des sexes » et « différence de genre » peut nous permettre de penser la différence comme « système d’altérité positive ».
– le concept de différence et la dissolution des limites, des frontières. Dans quelle mesure la différence peut-elle s’articuler au mouvement de globalisation ? En quoi la différence, la limite, la frontière sont-elles encore indispensables ?
Les propositions de communication en français ou en espagnol (titre et résumé de 300 mots) devront être envoyées avant le 15 juin 2014 à
Juan Manuel Aragüés Estragués (),
Thierry Capmartin (),
Nadia Mékouar-Hertzberg (),
Alfredo Saldaña ().
Les frais d’inscription s’élèveront à 25 € (15 € pour les étudiants).
Les actes du colloque feront l’objet d’une publication sous réserve d’acceptation par le Comité scientifique.
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