Les études irlandaises ont déjà largement examiné les relations entre les Etats-Unis, le Canada et l’Irlande, l’influence et les transferts des uns et des autres sur les cultures irlandaise et nord-américaine. En revanche, il est plus rare de trouver des travaux portant sur l’image et la perception des Centro et Latino-Américains dans la culture irlandaise. C’est suite à ce constat que cette journée d’étude a été conçue, afin d’explorer l’impact, l’influence et la trace de ces Amériques dans la culture irlandaise.
La diaspora irlandaise d’Amérique latine est la cinquième plus importante du monde [1]. La présence irlandaise est surtout marquée en Argentine, en Uruguay, où l’on recense 50 000 immigrants d’origine irlandaise [2] ou encore dans les Caraïbes, et plus précisément sur l’île de Montserrat, qui fut un refuge pour les catholiques irlandais et où leur culture perdure depuis 1632.
Les liens historiques unissant l’Irlande à l’Amérique du Sud, centrale et aux Caraïbes sont associés au contexte de tensions coloniales et postcoloniales qui ont marqué l’histoire de l’Irlande, de l’Angleterre et de manière plus implicite de l’Espagne, pays dans lequel de nombreux Irlandais se sont installés pour ensuite se rendre en Amérique du sud. Dès le 16ème siècle, des Irlandais accostèrent sur les côtes sud-américaines en suivant Magellan dans son tour du monde [3], puis en 1612, James et Philip Porcell établirent une plantation à l’embouchure de la rivière Amazone [4]. S’ensuivie une émigration, avant tout économique avec la recherche de nouvelles terres et de meilleures conditions de vie. Des Irlandais furent également envoyés comme esclaves blancs dans des plantations anglaises en Amérique et certains d’entre eux ont ensuite pris part au commerce triangulaire, participant à l’économie esclavagiste des Caraïbes [5]. De nombreux religieux irlandais ont créé des missions en Amérique du sud afin d’évangéliser ce continent. D’autres Irlandais ont choisi de prendre part aux luttes armées de différents pays dont la guerre du Mexique entre 1846 et 1848, ou encore à Cuba, avec Che Guevara, dont l’arrière-grand-père était irlandais …
L’objectif de notre journée d’étude sera donc d’explorer les liens, passés et présents qui unissent l’Irlande et l’Amérique du sud et centrale, à travers l’image que les Irlandais donnent de cette partie du monde, de sa diaspora, de son histoire, de son legs, de leurs échanges, en privilégiant tout particulièrement la dimension culturelle. Quels sont les liens entre l’Irlande et ces pays d’émigration ? Comment l’Irlande et sa population les perçoivent-ils, les représentent-ils dans leur art, leurs médias, leurs sports ? Cette étude pourra être menée grâce à l’analyse des articles écrits en espagnol, en anglais et en gaélique par cette diaspora dans les journaux The Southern Cross (créé en 1875 et toujours publié) ou The Standard (publié jusqu’en 1959) édités à Buenos Aires [6].
Dans le cadre de cette journée d’étude, la culture sera comprise au sens large : cinéma [7], littérature [8], théâtre, médias, photographie, peinture[9], architecture, mode, musique, gastronomie, sport… Les approches pourront être pluridisciplinaires : sociologique, esthétique, historique, littéraire, etc…. Plusieurs pistes de réflexion pourront être menées sur les questions suivantes : diaspora, transnationalisme, émigration, représentations des figures de l’ailleurs, relations transatlantiques suivant la notion d’« itinéraires » comme phénomène personnel ou collectif, symbolique ou réel, sans oublier la part de l’imaginaire national et transnational sur cette production culturelle et symbolique.
Parmi les axes qui pourront être envisagés :
- Images réelles et/ou imaginaires des territoires et des frontières.
- Interprétation et construction de la terre d’accueil/terre natale dans les œuvres artistiques.
- Questions identitaires, nationalisme, mémoire et commémoration.
- Participation des Irlandais aux guerres nationalistes sud-américaines, échos avec l’histoire irlandaise ?
- Représentations picturales et photographiques des Irlandais d’Amérique du Sud et centrale.
- Culture et métissage.
- Place et rôle des exilés irlandais dans le commerce d’esclaves et dans la piraterie (Anne Bonny).
Bibliographie:
Borges, Jorge Luis, Fictions, Paris : Gallimard, 1951 (Buenos Aires 1944).
Bulfin, William, Tales of the Pampas, London: Unwin, 1900.
Byrne, James P., Coleman, Philip and King, Jason (eds.), Ireland and the Americas, A Multidisciplinary Encyclopedia, [3 volumes], Santa Barbara: ABC-Clio, 2008.
Casement, Roger, Hy-Brazil, Irish Origins of Brazil, Belem do Para (1907 ou 08), Manuscript in The National Library of Ireland, Dublin/n.MS 13,087 (31).
Delaney, Juan José, Moira Sullivan, Buenos Aires: Corregidor, 1999.
Fanning, Tim, Paisanos: The Forgotten Irish Who Changed the Face of Latin America, Dublin: Gill Books, 2016.
Izzara, Laura, Diasporic Narratives: Identities in formation, The Irish under the Southern Cross, PhD Thesis, Université de Sao Paulo, 2006.
Kelyyn Helen, Irish ‘Ingleses’ the Irish Immigrant Experience in Argentina, 1840s-1920, Dublin: Irish Academic Press, 2009.
Malouf, Michael, Transatlantic Solidarities: Irish Nationalism and Caribbean Poetics, Charlottesville: University of Virginia Press, 2009.
McPeake, Margaret, Thomas Moore in Bermuda: Irish and African Liberties, ABEI Journal, n°7, Université de Sao Paulo, 2005.
Murray, Thomas, The Story of the Irish in Argentina, (place of publication not identified): Theclassics Us, 2013.
O’Brien, Sarah, The Irish in Argentina: Linguistic Diasporas, Narrative and Performance, Dublin : Palgrave MacMillan, 2017. O’Toole, Fintan, White Savage: William Johnson and the Invention of America, New York: Farrar, Straus and Giroux, 2005.
Stelmach Artuso, Kathryn, Literature of Ireland and the American South, Newark: University of Delaware Press, 2015.
Vargas Llosa Mario, Le rêve du Celte, Gallimard, 2011.
Wyndham, Higgins A., Re-imagining Ireland & DVD. USA: University of Virginia Press. 2006.
Filmographie :
Alan Gilsenan, Eliza Lynch: Queen of Paraguay ,Coco Television , 80 mn, 2013.
Paddy Breathnach, Viva, Treasure Entertainment, Radio Telefís Éireann (RTÉ) ,Windmill Lane Pictures Island Films, Irish Film Board ,110 mn, 2016.
Lance Hool, One Man’s hero, Arco Films S.L., Hool Macdonald Productions, Silver Lion Films, 121 mn,1999.
Sandra Jordan, Little Matador, Altered Image, Element Pictures, 87 mn, 2012.
The Radharc archives from south America.
Les propositions sont à envoyer pour le 15 juin 2018 à / et devront inclure:
• Un résumé d’environ 250-300 mots
• le titre de la présentation
• une courte biographie
NB: Les présentations ne devront pas durer plus de 20 mn ou 30 mn si vous incluez des extraits de films.
Langues: anglais et français.
Présentation en binôme possible.
Objectif de la journée d’étude : étape vers un colloque international.
Comité scientifique :
Brigitte BASTIAT, docteure en sciences de l’information et de la communication, PRCE d’anglais au CIEL (Centre Inter-pôles d’enseignement des Langues), Université de La Rochelle, membre associée du CRHIA EA 1163 (Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique), Université de La Rochelle, membre de la SOFEIR (Société française d’études irlandaises) et d’EFACIS (European Federation of Associations and Centres of Irish Studies).
Sergio COTO RIVEL, maître de conférences en civilisation et littérature latino-américaines, directeur adjoint du département d'études hispaniques, responsable pédagogique de la Licence 1 espagnol LLCER, Département d'Etudes Hispaniques, Faculté des Langues et Cultures Étrangères (FLCE), EA 1162 Centre de recherche sur les identités nationales et l’interculturalité.
Éric de Almeida Monteiro, PRAG de portugais, Université de La Rochelle. Vice président des relations internationales de l'ULR et correspondant du pôle ouest de l'institut des Amériques. Membre associé du CRHIA EA 1163 (Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique), Université de La Rochelle.
Estelle EPINOUX, maître de conférences en études irlandaises, département d’études anglophones, Université de Limoges chercheur associée à la SOFEIR, à la SAES, à la FE2C membre du comité des publications de la FE2C, membre du groupe de recherche EHIC (Espaces Humains et interactions culturelles à Limoges EA 1087), SOFEIR (Société française d’études irlandaises) et d’EFACIS (European Federation of Associations and Centres of Irish Studies).
Frank HEALY, maître de conférences en anglais (CIEL), Université de La Rochelle. Membre du CRHIA EA 1163 (Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique), Université de La Rochelle, membre de la SOFEIR (Société française d’études irlandaises) et d’EFACIS (European Federation of Associations and Centres of Irish Studies).
[1] ‘The Irish in Argentina’, Wander-argentina, http://wander-argentina.com/the-irish-in-argentina/(21/12/2017).
[2] http://www.historyireland.com/20th-century-contemporary-history/secret-diasporas-the-irish-in-latin-america-and-the-caribbean/ (23/01/2018).
[3] J. P. Byrne, P. Coleman, J. King, Ireland and the Americas, Culture, Politics, and History, volume I, Santa-Barbara, ABC-CLIO, 2008 p. XXV.
[4] Ibid.
[5] Doan, James E., "The Irish in the Caribbean" (2006). CAHSS Faculty Presentations, Proceedings, Lectures, and Symposia. http://nsuworks.nova.edu/cahss_facpres/307 (21/12/2017).
[6] ‘The Irish in Argentina’, Wander-argentina, http://wander-argentina.com/the-irish-in-argentina/(21/12/2017).
[7] Alan Gilsenan retrace la vie d’Eliza Lynch dans son documentaire Eliza Lynch: Queen of Paraguay .
[8] J.L. Borges évoque la Révolution irlandaise dans deux nouvelles publiées dans le recueil intitulé Fictions. M. Vargas Llosa retrace la vie de Roger Casement dans son roman Le rêve du Celte.
[9] Jim Fitzpatrick a créé l’image iconique mondialement connue de Che Guevara.
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